Voila un disque que tout le monde attendait, à quelques exceptions près, pensez donc ! La reformation de la Cavalera Tribe ! Immense non événement avec lequel on nous rabâche les oreilles, à tel point que ça fait un peu « retour du fils prodigue » alors que techniquement ça n’apporte rien à une scène métal déjà noyée sous les reformations.
Oui je sais je fais encore mon mauvais con et je peaufine mon image d’éternel râleur jamais satisfait de ce qu’on lui donne. Mais il faut avouer que voir les 2 frérots mettre leur vieille rancune de côté pour la bonne cause était à mon sens une chose entendue depuis longtemps.
Il était en effet clair pour moi qu’Ig(g)or allait faire acte de repentance et/ou que Maxou allait tout faire pour renouer des liens avec son frère, lui pour qui les liens du sang sont si importants, il aurait été ahurissant que l’histoire finisse autrement. Et quand je parle de l’acte de repentance d’Ig(g)or, je fais allusion à son retrait de Sepultura et à sa prise de distance avec la scène métal. Avec le déclin artistique et commercial du groupe, il a à mon avis très bien compris que son destin musical ne passait plus par Sepult’, qui l’a pourtant porté au sommet.
Tout ça pour en revenir à ce que je disais plus haut, cette réunion est un non événement puisqu’il était écrit que la famille Cavalera se retrouverait forcément un jour ou l’autre, sous une forme ou une autre et que ça finirait sur une scène ou dans un studio avec une grosse campagne marketing derrière.
Trêve de bavardage sur le bien fondé (ou pas) du retour d’Ig(g)or au bercail. Ce disque tout le monde l’attendait et le résultat est pour le moins… « sepulturosoulflyesque » avec une tinte de cavalerisme.
Logique me direz-vous ? Oui et non. De Max je n’attendais pas des riffs d’une originalité débordante, ce garçon a du talent pour sortir du riff capable de faire bouger les foules mais toujours avec les mêmes accords dans le désordre (il devrait tenter le tiercé lui… voir le quinté). Niveau batterie, pas de quoi s’en relever la nuit. Ig(g)or n’a plus le niveau qui a été le sien. Pour avoir vu le loustic plusieurs fois sur scène et pour m’être passé en boucle le gigantissime Under A Pale Grey Sky de qui vous savez, live sur lequel il est déjà limite à la ramasse d’un bon demi temps sur certains titres, il est clair et net qu’il a perdu de sa superbe. Ca joue mais la jeune génération lui met la misère haut la main. Enfin il a au moins pour lui d’avoir servi de modèle à la dite « jeune génération ». En fait la vraie surprise vient de chez Marc Rizzo qui ajoute ses envolées guitaristiques aux rythmiques basiques et efficaces de la fratrie brésilienne. Le titre éponyme est à mon sens le plus représentatif de cet apport, c’est aussi certainement un des plus réussis de l’album. Dommage qu’on se tape le morceau de bravoure dès le début du disque. En effet, passé le premier titre, le reste du disque m’a paru plutôt insipide voir même aride. J’ai du me faire violence pour y revenir. Petit à petit ça rentre mais ce n’est pas encore ça. Alors je le fais écouter autour de moi, j’en discute et au fur et à mesure de la conversation on me donne des pistes. Je reprends mon disque et je l’écoute avec une oreille neuve en tenant compte de ce qu’on m’a dit. Effectivement, pas mal de choses se mettent en place et me paraissent tellement évidentes que je me demande comment j’ai pu passer à côté.
Tout ça pour dire que ce disque a eu de prime abord des faux airs de « Soulfly évolué ». En gros du Soulfly plus mature dans lequel tous les musiciens apporteraient leur pierre à l’édifice. Mais au bout de quelques écoutes et discussions, il apparaît évident que ce point de vue ne tient pas sur la durée. En fait c’est un poil plus fin que ça, ce disque se situerait plutôt comme une évolution de Sepultura si il n’y avait pas eu Roots. Max ayant développé sa musique post Roots avec Soulfly, il a remonté le temps pour développer un autre aspect de ce qu’aurait pu être Sepultura si il n’y avait pas eu Roots. On se retrouve donc avec un album qui ferait suite à Chaos AD mais avec de sacrés relents de Arise voir même Beneath The Remains par moment. Max s’est remis à composer comme si il écrivait pour Sepultura, ou alors les retrouvailles avec le frérot ont fait renaître de vieux réflexes et ceci expliquerait cela. Du coup, l’album se révèle plus intéressant que prévu il faut vraiment prendre la peine de l’écouter à fond, en entier et plusieurs fois pour se rendre compte qu’il est plus subtil qu’il en a l‘air (je sais, j’achève de me griller en parlant de Max et de subtilité). D’autant que Maxou retombe facilement dans certains travers Soulflyesque, à tel point que certains passages sonnent comme du déjà vu. ‘fin ça on est habitué depuis le temps, cela dit ça reste efficace franchement bien interprété à défaut de briller par une débordante originalité. La prod rend justice au travail accompli, c’est propre, net et sans bavure.
Côté paroles, j’ai envie de ressortir les pires horreurs que j’ai pu écrire sur ce cher Maxou et sur son attristante manie d’utiliser la fonction « aléatoire » de son traitement de texte sur les fichiers de paroles de ses anciens albums. Toujours les mêmes mots dans le désordre (cela dit, il fait pareil avec ses accords pour les riffs). Je suis persuadé qu’il met un pilée à n’importe qui aux Chiffres et les lettres. Au moins ça rime on n’a pas tout perdu mais comme d’hab ça ne vole pas haut mis à part la vanne sur les emo kids qui m’a faite rire.
Je passe l’artwork sous silence, son statut d’abomination parle de lui-même.
Au final j’ai juste envie de vous dire que ce groupe achève juste de nous foutre dans un merdier monstre ! On avait déjà 2 Sepultura – Soulfly usant et abusant du catalogue des « autres », maintenant je peux vous parier mon émo caleçon (celui avec les étoiles roses et les têtes de mort – photos fournies sur demande) qu’on va se retrouver avec un troisième Sepultura et pourquoi pas un deuxième Soulfly. Encore que je soupçonne Max de ne pas mettre tous ces œufs dans le même panier et que je pense qu’à moyen terme un des 2 groupes va finir par bouffer l‘autre. D’autant que le vainqueur pourrait ne pas être celui que l’on pense.
Finalement la vie de la famille Cavalera, c’est presque aussi bien ficelé qu’un épisode d’X-files, on sait où ça commence mais jamais où ça va finir : la conspiration cavalerienne est dans la place – ‘gaffe !