Après un Thornography simplement calamiteux et un grand ménage dans le line up (pour changer), Dani & co sont de retour avec un album qui aura au moins un point commun avec les autres: un visuel abominable.
Une fois passée ces considérations purement artistiques et donc 100% subjectives parlons du disque.
Je ne suis pas fan de Cradle et ça ne plaît pas à tout le monde mais qu’importe c’est encore moi qui m’y colle. Bref tout ça pour dire que Godpseed On The Devil’s Thunder (titre à coucher dehors) m’a pour le moins surpris. Je m’attendais à un n-ième chapitre de Cradle grand guignol avec un groupe sombrant dans l’auto parodie, j’ai bien du me rendre à l’évidence qu’il s’était passé un truc depuis le dernier album. La fin des locks de Dani ? Le départ d’Erlandsson, retourné faire des pains avec At The Gates ? Un coup de pression de Roadrunner ou bien l’amour propre de Dani qui en prend un coup après le taillage en règle de Thornography par les critiques ? Allez savoir, toujours est-il qu’on se trouve en présence d’un album sur lequel Cradle fait merveille.
Décidant de quitter le registre mid tempo mi-violent/mi-mélo/mi-molette de rigueur depuis 2/3 albums, Cradle met la surmultipliée côté violence et vitesse sans pour autant lâcher l’aspect mélodique. On note l’apport incontestable du nouveau batteur qui sort des blasts aussi rapides que puissants et propres (Shat Out Of Hell). Comme je le disais plus haut, le groupe évolue mais ne renie pas pour autant son travail sur les précédents albums puisque le mid-tempo mélodique est lui aussi bien présent (The Death Of Love) avec en plus des arrangements – aussi bien les claviers que les chœurs – judicieusement choisis et positionnés. Côté chœurs, il est aussi très intéressant de noter l’ajout de voix masculines en remplacement ou bien en complément des voix féminines, elles mêmes parfois mises en retrait par rapport au reste. Ce gros travail au mixage est une pure réussite qui, à mon sens, donne encore d’intensité aux titres. Niveau chant, l’ami Dani montre un nouveau visage. Avec une voix résolument extrême, il explore à peu près toute sa palette vocale. De même côté guitare et basse, on a l’impression que c’est la révolution comme si les 2 lascars avaient réappris à composer ou du moins ont-ils retrouvé l’inspiration. C’est propre et efficace et ça me donnerait presque envie de me convertir à Cradle si je ne connaissais pas les albums précédents.
L’ensemble a un petit côté baroque/épique pas désagréable et les ambiances sont prenantes. Que Godspeed On The Devil’s Thunder passe en fond ou bien qu’on l’écoute attentivement, tout s’enchaîne de manière parfaitement harmonieuse, on se prend même à hoché la tête quand un titre plus catchy (13th Ceasar) sort des enceintes, c’est vous dire si c’est efficace et bien fichu.
Même Midnight Shadows Crawl To Darken Counsel With Life et Darkness Incarnate qui tournent pourtant autour des 9 minutes, passent comme des lettres à la poste. Reste à voir le rendu live car jusqu’à présent c’était quand même loin d’être le point forts des anglais.
Le pari du concept album est toujours un peu casse gueule, Cradle Of Filth relève ce défi haut la main avec un album qui rassemble tout le savoir faire du groupe dans son registre et qui montre que malgré tout ce qu’on peut balancer, il y a du talent chez eux.
Pour le coup je dois admettre que je suis presque content de revoir mon jugement car avant ce disque, j’avoue ne jamais avoir compris ce que tout le monde trouvait à ce groupe. Maintenant c’est plus clair mais c’est fort dommage que tous les albums du groupe n’atteignent pas ce niveau qualitatif.
En bref, le Cradle Of Filth de 2008 est une réussite. GO, GET IT.