Comme l’Italie a le même problème que la France avec les français: elle est pleine d’italiens, j’ai souvent coutume de dire qu’en Italie il n’y a 3 choses de bien: la bouffe, les vieilles pierres et les bagnoles… *ahem* et Disarmonia Mundi.
Oui mais ça c’était avant.
J’avoue avoir découvert le groupe par hasard un après-midi de disette au taff. Et là « PAN », prends toi cette mandale titanesque dans les dents mon petit.
J’ai régulièrement des coups de coeur pour des groupes où des albums et se sont souvent ceux-là qui terminent en haut de mon top annuel mais rarement je tombe gaga de la sorte devant un disque. Pour tout dire le dernier album à m’avoir mis ce genre de gifle est City de Strapping Young Lad. Autant dire que ça ne date pas d’hier.
Fleshgod Apocalypse donc, groupe italien de Death tendance très méchante voir brutale, jusque là rien d’extraordinaire sauf que nos 5 romains ont eu la lumineuse idée de coller par dessus des arrangements classiques, symphoniques voir même carrément lyriques par moment. Certes d’autre s’y sont également essayés (Scrambled Defuncts par exemple) mais les arrangements étaient plus « collés » par dessus que vraiment intégrés aux compos. Le résultat ici est complètement hallucinant et donne l’impression d’écouter une symphonie Death Metal. A la différence de Dimmu Borgir où ça prend parfois une tournure grandiloquente tendant vers le kitchouille (ce qui fait aussi charme des norvégiens), ici il n’y a pas ce genre de faute de goût. On peut d’ailleurs pousser le parallèle avec Demi Burger plus loin puisqu’ici aussi c’est le bassiste, Paolo Rossi, qui assure le chant clair. Oui je suis au courant pour Vortex mais ce n’est pas le sujet.
Le travail de Francesco Ferrini (claviers & co) est remarquable en tout point. Ses parties de piano sont somptueuses, ses choix dans les orchestrations des violons et des cuivres accentus le côté épique de certains titres – ce qui colle parfaitement avec des paroles très portées sur la mythologie (Minotaur – The Wrath Of Poseidon, avec un final pareil je pars à la guerre en jupette de cuir pas de souci). De même, le choix d’ajouter parfois une chanteuse lyrique au milieu de tout ça pourrait faire « too much », surtout quand sa voix est posée sur un matelas de double grosse caisse en mode marteau pilon mais non, ses interventions sont toujours juste et amplifient la grandeur et la puissance des morceaux – comment ne pas tomber amoureux de Towards The Sun ou Warpledge?
Normalement rendu à ce stade, sachant que Fleshgod Apocalypse fait dans le Death plutôt méchant, vous devez vous dire que ça doit être un merdier sonore sans nom. Que neni et c’est là que le parallèle précédent avec City s’impose de lui-même. C’est parfaitement produit et la musique est très dense avec ses multiples couches ne se dévoilent pas à la première écoute – exemple concret: la déflagration que l’on prend en pleine face après la courte intro de Kingborn. Je voudrais d’ailleurs saluer l’exceptionnel travail du gars en charge du mixage de la bête car rendre parfaitement audible toutes les composantes de la musique a du être un boulot titanesque. D’autant que le disque s’enchaîne sans temps mort. Concept album oblige.
Cependant le groupe varie (un peu) les tempos avec des titres parfois un peu plus lent et plus lourd mais chaque morceau est équilibré et malgré la masse d’infos que l’on doit ingurgité on ne ressort pas écœuré d’une écoute. Pire, l’album se terminant sur un morceau de piano (Labyrinth) après un court interlude à la guitare sèche (Prologue) et 2 morceaux de bravoure épiques à souhait on a qu’une envie c’est de remettre ça. Un vrai tour de force.
Que dire de plus? Que chaque fois que j’écoute ce disque, j’imagine Fleshgod Apocalypse en concert dans un amphithéâtre romain ou une salle d’opéra avec un immense orchestre et des choeurs derrières eux.
Des 11 titres de Labyrinth, Elegy est sans doute le morceau le plus puissant… à moins que ce ne soit Pathfinder… ou Minautor… Kingborn… Vous l’aurez compris, il n’y a rien à jeter, ils sont tous excellents. Et puis voila quoi!
Le Death « symphonique », quand c’est fait comme ça, on ne peut qu’aimer.