Je vais être franc, pour moi Machine Head est mort de sa belle mort avec The Burning Red, insipide album qui fait franchement tâche après une perle du calibre de Burn My Eyes. Donc autant dire que j’étais moyennement chaud pour aller voir Rob Flynn et ses acolytes, surtout après avoir vu le concert de 2001 et entendu le dernier album qui ne m’a pas franchement emballé. De plus sachant que les anglais de Kill 2 This (déjà vu 5 fois) étaient là comme ouvreur, vous imaginez bien mon état d’esprit et pourtant…
Kill 2 This arrive donc en scène avec sa patate habituelle, Mark et sa bande (renouvelée à 75%), officie toujours dans un métal électronique assez dynamique et très bien soutenu pour des prestations lives qui sont tout sauf statiques. Sur scène ça s’agite, ça braille, ça court, ça saute mais ça peine à faire oublier que les compos ont vite tendance à tourner en rond. De plus, comme c’est souvent le cas, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. K2T ne fait pas exception à la règle et les vieux titres vous poussent toujours à tapoter du pied alors que ceux extrait de Mass.[Down.]-Sin.(Drone) – dernier album en date – sont franchement chiant. Trop de samples, trop de mélodies qui alourdissent inutilement les morceaux. Bref K2T a fait son show habituel d’ouvreur et sort de scène la tête haute avec le sentiment du devoir accompli et ce n’est pas moi qui dirait le contraire.
Bon maintenant passons aux choses sérieuses. J’attendais de voir si j’allais être pris par l’hystérie collective qui régnait dans la salle. Comme je m’y attendais ce ne fut pas le cas. Par contre l’hystérie totale m’a gagné à plusieurs reprises, notamment quand j’ai vu la setlist. Dans la catégorie « on envoie du gros sortez vos casques » (oui je sais c’est très cliché mais j’adore ça), MH remporte la palme haut la main. Maintenant il faut voir ce que ça donne quand ça joue sur scène.
Et donc Machine Head sur scène qu’est-ce que ça donne maintenant ? Qu’est-ce qu’un pseudo blasé comme moi en pense ?
Et bien je vais vous la faire courte : Machine Head en live CA DEMONTE MECHAMENT. Oui messieurs dames, je suis réconcilié avec le groupe (en live du moins).
Imperium sera la mise en bouche et les 3 chansons suivantes seront du même calibre niveau puissance. Jugez plutôt : Take My Scars (1er moment d’hystérie), The Blood The Sweat The Beers et l’extraordinaire None But My Own (2ème moment d’hystérie). Aprés l’avoir vu sur le papier sans avoir trop osé y croire, je l’ai vécu et je m’en suis toujours pas remis.
The Burning Red offrira ensuite une pause salutaire aux mosheurs du pit. Oui car le pit fut ce soir l’endroit où il ne fallait pas être à moins de faire 3 mètres et 300kg. En fait je parle de pit mais ça n’en était pas vraiment un vu que TOUTE la salle sautait du sol au plafond en se tapant copieusement sur la tronche dans une joie et une bonne humeur assez rare en concert de nos jours.
Le temps pour Rob de sortir 2/3 âneries et de dire qu’il est super heureux d’être là (ce qui se voyait vu la banane qu’il affichait), le groupe enchaîne sur Blood For Blood (3ème moment d’hystérie). D’autre part, j’ai constaté avec plaisir que les morceaux du dernier album passent extrêmement bien en live et ce n’est pas la version quasi anthologique de In The Presence of My Enemies qui me fera mentir. La réponse du public aux nouveaux titres à d’ailleurs été très très très positive, ce qui prouve que MH en a encore sous le pied sur disque même si perso j’ai un peu décroché.
De plus, MH bénéficie désormais de quelque chose qui leur a fait cruellement défaut depuis le second album : un « putain » de soliste qui touche sa bille avec une 6 cordes. Le vide est désormais comblé avec Phil Demmel, ex-guitariste de Vio-lence (l’ancien groupe de Rob). Ce cher Phil, en plus d’être un excellent guitariste, est un show à lui tout seul. Dans un style scénique très thrash 80’s, il s’amuse à venir sur le devant de la scène et à présenter sa guitare aux fans tout gigotant et en sautant dans tous les sens. Sa présence, son style et son jeu sont des plus indéniables à la puissance de MH sur scène comme sur disque d’ailleurs.
L’enchaînement se fera ensuite sur Trephanation, seul titre de Supercharger a avoir été joué suivi d’une version assez sympathique de Descend The Shades Of Night avant de revenir a du très gros avec Davidian et ses roulement de double dont personne ne se remet jamais. A noter que Dave a sorti une prestation monstrueuse derrière les fûts avec des passages titanesques à la pédale.
Comme visiblement ce soir, le groupe est chaud, il décide de ne pas s’en tenir à leur setlist et de faire un peu ce qu’ils veulent avant le gros morceau du final. Nous aurons donc droit à 2 extras absolument cultissimes : une reprise de Queen Of The Stone Age ponctuée de passages de double pédale qui ne figurent certainement pas dans l’originale et aussi une version bordellique mais fun de Creeping Death de Metllica avec là encore de passages de double à rendre jaloux un Lars Ulrich des grands jours.
Et comme le meilleur vient souvent à la fin, ils ont joué en dernier la chose qui a fait grimper aux rideaux toute une salle, qui a créé l’ultime moment d’hystérie de la soirée, cette petite chose tient en 5 lettres : Block.
Et là… là… ben là c’est la fin du monde. Mais pourquoi c’est plus comme ça Machine Head ? hein ? Bref toujours est-il que cet ultime titre a achevé tout le monde car dans le répertoire de MH, il n’y a rien d’équivalent niveau hargne, intensité et puissance.
Ajoutant la classe à l’excellence, Robb restera sur scène le temps de se faire un cul sec de Vodka coca et de saluer chaleureusement le public.
MH a sorti le grand jeu (pour mon plus grand bonheur), tout le monde est ravi et on a certainement assisté à l’un des tous meilleurs concerts de cette année.
2003, année du retour du grand MH? Sur scène c’est une certitude.