Il y a 20 ans sortait le premier album de KoRn et le Nu Metal se voyait inventé à peu près en même temps. S’en est suivi tout une tripoté de groupes tentant plus ou moins d’évoluer dans un genre proche avec plus ou moins de bonheur. Puis, à force de presser le citron, les maisons de disque ont saturé le marché et le genre est retombé plus ou moins dans l’oubli jusqu’à 2014 qui, comme depuis 5/6 ans avec le revival du Glam, voit un retour de groupes que l’on croyait (espérait ?) disparu à tout jamais.
Des survivants de la période fast du Nu Metal, il y en a encore en activité. Comme les ‘ricains aiment à le dire « only the strong survive ». Reste donc KoRn qui continue de remplir de grandes salles et ne se contente pas de vivre sur sa légende, Limp Bizkit qui cachetonne tant bien que mal et qui vit clairement sur son « glorieux » passé et Slipknot qui, réduit à 7.5 membres (je compte le regretté Paul Gray et le départ officieusement officiel bien que pas confirmé de Jordison), est plus que jamais moribond. Pour trouver d’autres survivants, il faut descendre en division 2, voir 3 dans le cas de Powerman 5000 ou Alien Ant Farm qui font du crowdfunding pour pouvoir enregistrer des albums qui intéresseront 3 pelés et un tondu.
Bref Mushroomhead, l’autre groupe masqué du Nu Metal, est de retour avec 8 ème album qui marque le retour de son rappeur historique J Mann et qui porte donc le nombre de chanteur à 3 (+ les 3 percussionnistes + les 2 guitaristes + le bassiste + le DJ) pour un total de 10 pécores déguisés avec plus ou moins de bon goût qui s’échinent à faire un improbable mélange de Metal, de Rap, d’Indus, de Punk et de dieu sait quoi d’autre pour un résultat aussi improbable qu’inégal aussi bien sur le fond que la forme.
Tout au long des 17 titres ( !!!!!!! ) de The Righteous & The Butterfly, on passe du moyen au médiocre avec de temps en temps un peu plus d’inspiration comme sur le single Qwerty qui permet de se souvenir pourquoi Mushroomhead a eu un petit succès à l’époque de XX. Mais plus que les compos, le godzillesque point faible de The Righteous & The Butterfly est sa prod absolument calamiteuse. Comment en 2014 peut-on sortir un disque avec un prod aussi inégale, mixage aussi piteux et un mastering aussi désastreux ? Le son des guitares passe d’un son propre et chiadé à une prise directe micro qui dégueule dans tous les sens. Que dire de la batterie qui passe d’un son triggé à l’infini, insupportable tellement la pédale claque et sonne ultra compressé à un son parfaitement travaillé et maîtrisé ? De même le mixage fait le yoyo entre le bon et le « on met tous les potards à fond ». A l’écoute on a l’impression que le disque a été enregistré dans des studios différents, ce qui en soit n’est pas un souci, mais avec une différence de moyen conséquente.
Tout ça contribue à planter le dernier clou dans le cercueil de compos parfois tellement alambiquées que la prod contribue à les rendre encore plus illisibles.
Bien entendu, la cover de l’album est à l’avenant et fleure bon la pochette faite par « le fameux » pote qui touche en photoshop.
Je sais, j’ai l’air de les prendre de haut alors que je ne suis pas capable d’aligner 2 notes sur une flûte à bec. N’empêche, un groupe qui tourne depuis pas loin de 20 ans et qui a 8 albums au compteur doit pouvoir proposer autre chose que « ça » en 2014 eu égard à son expérience et au progrès de la technologie. Et qu’on ne me dise pas que c’est une question de moyen, d’autres moins expérimentés et avec bien moins de moyens s’en sortent beaucoup mieux.
Du coup je vois bien Mushroomhead relégué en division 3.