« The problem is that the « magic » isn’t there anymore. Todays scene is more about software, gear and youtube. People rather talk about Pro Tools plugins than talk about cemetaries and graveyards if you know what i mean? » – Blakkheim
Cette simple citation en guise d’intro peut suffir à elle seule à résumer la Grande Funéraille Morbide. Je peux aussi lister les onomatopées et exclamations qui ont ponctué ma première écoute et qui allait de « Whaaaaa le son d’enculé » à « Holala » en passant par « Ho bordel » ou « Ho putain » suivi d’un ricanement nerveux accompagné d’un hochement de tête moitié incrédule. Pour être clair: rendu au quatrième morceau, j’ai su que j’étais amoureux.
Inutile donc de vous dire à quel point j’attendais cet album de pied ferme. Pour être très honnête, j’en faisais même mon album de l’année avant de l’avoir écouter. Les extraits qui ont filtré sur le net ont eu tendance à me conforter dans cette idée, de même que les premières reviews tombées la semaine avant sa sortie et qui avaient toutes pour point commun de dire que ce disque est une pure merveille.
Premier album de Bain de Sang depuis 2008 et le second départ d’Ackerfelt, la Grande Funéraille Morbide a en plus la lourde tâche d’introniser un nouveau chanteur qui n’est autre que Nick Holmes. Oui le Nick Holmes de Paradise Lost, le mec qui chante faux plus souvent qu’il ne sourit. Car de tous les chanteurs susceptibles de succéder à Ackerfelt, j’avoue que je n’aurais pas mis un kopeck sur lui. Il faut dire que le groupe a savamment entretenu le suspense sur les réseaux sociaux, de même que certains candidats sérieux – tel Jörgen Sandström (The Project Hate) qui trollait à l’infini sur Facebook dès que quelqu’un citait son nom pour le job. Bref de tous les choix imaginables, celui-ci semblait être un des plus improbables, il se révèle être en réalité le meilleur. Pourquoi? Parce que sa putain de voix fonctionne à merveille avec les compos dantesque que Bain de Sang a pondu pour ce disque. Et accessoirement parce que le parti pris de passer d’un growl bestial et brutal à quelque chose de plus hurler, de plus dérangeant confère au tout une ambiance hyper malsaine tant Holmes semble comme possédé quand il chante – la fin du titre la Grande Funéraille Morbide en est un parfait exemple. Holmes débite son couplet comme si il était en pleine messe noire, littéralement habité par un quelconque esprit démoniaque en pleine invocation. C’est de surcroît cette envolée magistrale noyée dans un torrent de blasts qui constitue le final d’anthologie de l’album.
Comme le dit si bien Blakkheim dans le passage que je cite plus haut, l’idée (et l’essence même de Bain de Sang) c’est de faire du pur Death Metal à l’ancienne. Mais pas seulement au niveau des thèmes abordés, c’est également dans la musique et surtout dans la façon de la faire que l’on retrouve cette motivation. Un peu à l’image d’un Cannibal Corpse sur son dernier opus, ici tout transpire d’un amour immodéré du genre mais également du travail bien fait. Ce son si typique (un grand merci à la Boss HM2), cette façon de passer en revue tous les classiques du genre (on reconnaît ici ou là un petit rappel de tous les pionniers), la construction et surtout la variété des morceaux sans parler du choix pour le moins radical au niveau du chant que j’évoque un peu avant. Plus que tout, ce qui ressort de cet album quand on l’écoute c’est un sentiment de plaisir et je ne parle pas ici de l’auditeur mais des interprètes. De chaque morceau émane le plaisir qu’ils ont pris à l’écrire et à le jouer. On sent un travail fait avec la meilleure de toutes les motivations: la passion. D’ailleurs ce n’est pas compliqué, j’ai l’impression que Nick Holmes sourit quand il chante tellement il avait l’air de s’éclater – oui je sais Holmes et sourire c’est un peu antinomique mais qu’importe.
Chaque morceau est une pépite, voir un quasi modèle du genre. Il y a tout ce qu’on attend d’un disque comme celui-là: du blast, des ambiances glauques à souhait, des solos tout droit sortis des enfers et un type qui vocifère ses blasphèmes sur un mur de guitares démoniaques – ce riff façon cisaille sur Anne me laisse sans voix. C’est en tout point magistral.
D’ailleurs y-a-t-il quelque chose qui ne le soit pas sur ce disque? Car chose assez rare pour être signaler: je ne trouve rien à redire sur l’album. La prod est sublime, le son fabuleux, quant aux compos: même les morceaux clairement inspirés par Autopsy (comme Avortement Mental) fonctionnent à merveille, et dieu sait que je ne suis pas fan d’Autopsy loin de là. De même que la très doomesque Eglise de Vastitas ou bien d’Uni dans la Douleur et Mon Bourreau qui dans le genre tartinage de fion renouent avec des standards pas vu chez Bain de Sang depuis l’EP de 2008.
Pour faire simple, court et concis: la Grande Funéraille Morbide est tout simplement le meilleur album de l’année, sans doute un des plus grands albums de Death de ces 10 dernières années et probablement le meilleur album de Bain de Sang.
Et si comme l’a déclaré Blakkheim c’est le dernier album du groupe, dans le genre sortie magistrale il se pose là.