Après nous avoir sorti le chaînon manquant entre Chaos AD et Roots avec Dark Ages et ce qui aurait pu être la suite de Chaos AD si Roots n’avait pas existé avec Cavalera Conspiracy, cette fois-ci Soulfly, enfin plutôt Max nous sort la suite logique de Dark Ages : Conquer. Vous me suivez ? Tout ça pour dire que malgré ces circonvolutions sur le continuum espace/temps autour de la carrière du brésilien le plus célèbre de la scène métal, Conquer est là où il doit être et fait presque office de bilan de carrière.
Bilan de carrière oui c’est bien ça car dans ce disque il y a tout ce qui a déjà parsemé la carrière de Max au travers de ses diverses influences, mais ce qui ressort surtout dans Conquer c’est la présence de riffs bien thrashisant typique de ce que l’on pouvait entendre dans les années 90. Et mes enfants, ça fait du bien !
Ca fait même beaucoup de bien d’entendre du son neuf avec un esprit vieille école et surtout qui ne sent pas le réchauffer (une prouesse chez Max). Certes on reconnaît le style dès les premières notes, certes ça sent parfois Arise mais il y a des filiations plus mauvaises, non ? D’autant que tous les musiciens y vont de leur petit morceau de bravoure. La section rythmique est aux petits oignons, Nunez tape un sourd et nous gratifie de forts jolis roulements et Burns est bien en place avec en plus quelques plans intéressants. Rizzo en tant que soliste fait du Rizzo avec sa touche si perso mélangeant les tempos latinos (Unleash) et les solis typiquement thrash (Warmageddon, Paranoia). Sans parler de quelques bidouillages et arrangements ici et là (Enemy Ghost). Max fait du Max donc rien à signaler de ce côté-là. Quoique…
Niveau vocal cette album confirme un truc que j’avais senti poindre sur Cavalera Conspiracy, à savoir que le père Maxou commence à montrer des signes de faiblesse au niveau des cordes vocales avec une voix de plus en plus éraillée. Pour l’instant ça tient mais combien de temps cela va-t-il encore tenir ?
Jusqu’à présent, le bilan est plutôt positif et il le sera majoritairement au final de toute façon, mais il y a toujours 2/3 bricoles qui empêchent Soulfly de sortir un vrai album d’exception. Dans un premier temps, il y a les paroles. C’est une constante, et c’est toujours dramatiquement nul. Cette fois-ci on franchit encore un nouveau palier puisque sur un titre comme « Blood Fire War Hate » (déjà rien que le titre annonce la couleur), on se contente de répéter le titre en hurlant durant presque tout le titre. Whow… Enfin il y a Soulfly VI. On dirait la n-ième suite d’un mauvais film de série B. Enfin pour une fois le traditionnel morceau accoustico-tribal passe sans pour autant être indigeste comme ce fut parfois le cas.
A noter en plus un artwork très sympa et un livret superbement illustré – pour une fois que ça de la gueule je le dis haut et fort.
Ce sixième opus de Soulfly est à mon sens un des plus intéressants musicalement et peut-être aussi un des meilleurs toutes périodes confondus. J’en suis presque à me demander pourquoi ils ne l’ont pas sorti plus tôt et pourquoi on a du se taper des tannées du type III ou Prophecy.
La cuvée du Soulfly 2008 s’annonce comme un cru de grande qualité. Profitez-en.