Vous êtes dans votre cuisine, vous vous faites un soufflé au fromage.
Vous beurrez le moule tranquillement avant d’y verser votre préparation et d’enfourner le tout. Votre soufflé dore gonfle, vous êtes joie…
Ensuite vous le sortez du four et là c’est le drame. Votre soufflé s’est écroulé sur lui-même. Il est bon, mais il fait un peu la gueule.
Humanicide c’est un peu pareil. Ca démarre sur la chanson titre à grands coups de pompes dans les gencives avec des inspirations très slayeresque – on me dit dans l’oreillette que l’album a été composé pendant une tournée avec Slayer – ceci expliquant sans doute cela. Tout est calibré au poil de fesse, le sens du timing pour le riff qui tue est parfait, idem pour celui du changement de rythme avec le mid-tempo ad hoc. Divine Defector suit plus ou moins le même schéma avec tout autant de virulence. Bref jusqu’à la très motörheadienne et supra destructrice I Came For Blood, c’est le sans faute et dans ma tête il était clair qu’on tenait l’album de Thrash de l’année.
Quand soudain, effondrement du soufflé.
Immortal Behated, c’est le nom de la coupable. Celle qui pourrit l’ambiance un peu comme le tonton bourré qui fait des blagues lourdingues aux repas de famille. Trop longue, trop bavarde, trop chouineuse et ce piano qui fait durer inutilement le « plaisir ». C’est non. En soit le morceau n’est pas mauvais, il n’est juste pas dans le ton du reste. Sur les titres suivants, on reste dans le ventre mou du disque. Alive And Screaming et The Pack font le taff mais sont un peu trop génériques. Nulle doute que cette dernière fera figure d’hymne en live avec ses choeurs idéalement calibrés pour la chose. D’inspiration très mustainienne, Ghost Of Me remonte un peu la pente mais la chute fut tellement rude qu’il va en falloir un peu plus pour se remettre au niveau des 4 premiers titres. Les 2 titres concluant l’album sont sympas mais ne parviennent pas à totalement sauver le soufflé. Malheureusement.
Un rapide mot sur la prod signée Jason Suecof et aimablement sponsorisé par Nuclear Blast. Cette dernière est excellent mais trop prévisible/lisse. Comme si tous les groupes Thrash signés chez NB devaient rentrer dans un moule (comme le soufflé) et respecter un achier décharge bien précis. Certes le son est flatteur mais standardise le produit et ça tue la personnalité des groupes. Je vous renvoie au dernier Testament (par exemple) pour voir de quoi je parle.
Donc voila, nous en somme là, avec un Humanicide juste bon alors qu’il aurait pu être excellent. Un comme notre soufflé.