Ca y est! Enfin on l’a eu! La dernière ils nous avait fait faux bon mais cette fois-ci Jamey de Hatebreed ne nous a pas échappé. Et ça tombe bien, on a plein de choses à lui demander et il a plein de choses à dire!
NicKo: Vous avez joué à l’Ozzfest plusieurs fois, c’est toujours aussi amusant ?
Jamey: Oh, oui. Nous l’avons fait pour la quatrième fois. Ce coup-ci on jouait sur la grande scène. C’est comme obtenir son diplôme. C’est acquérir le statut de têtes d’affiche comme Ozzy, System of a Down, Disturbed. C’est cool !
NicKo: L’an dernier, vous fêtiez le dixième anniversaire du groupe. Quel effet cela fait d’afficher tous ces kilomètres au compteur ?
Jamey: C’était cool. On s’est vraiment beaucoup amusé. Cela faisait longtemps qu’on avait pu eu l’occasion de retourner en arrière, de se produire dans des clubs, sans barricades et tout ça. Cette tournée a vraiment été très agréable. D’une certaine façon cela a revigoré le processus d’écriture et d’enregistrement de l’album. On a pu se reconnecter en donnant de petits concerts dans de toutes petites villes dans le sud du pays. Ca nous a permis de nous rappeler d’où on vient.
NicKo: Si l’on met de côté l’aspect musical, comment avez-vous évolué en 10 ans en tant que groupe ?
Jamey: Ca a été moi, Beattie, Sean et Matt durant les cinq dernières années. Je pense qu’on est plus proches, qu’on est de meilleurs musiciens et que désormais on fusionne pour former une meilleure unité. Et puis on a incorporé Franck sur le dernier album et ça a été une excellente addition parce qu’on est revenus à la vision initiale du groupe, comme à l’époque où Chris et moi l’avons créé. On est cinq à nouveau et c’est comme revenir à nos racines.
NicKo: Hatebreed toujours tenu à être indépendant et toujours revendiqué ce coté do it yourself, est-il difficile de préserver cette façon de faire aujourd’hui ?
Jamey: Oui, ça l’est mais tu sais, on considère que chaque jour est une nouvelle opportunité. Nos deux derniers albums se sont bien mieux vendus en Europe parce que Roadrunner a fait du très bon travail. Ils ont pris beaucoup de choses en main. Ils veillent à ce que les disques soient bien distribués, on fait de la promo, des interviews etc. On n’avait pas eu ça sur nos deux premiers albums. Ce qu’ils font nous aide parce qu’ils travaillent vraiment avec le groupe.
NicKo: Hatebreed a 10 ans, quels buts vous reste-t-il encore à atteindre ?
Jamey: Nous devons nous rendre dans tellement d’endroits où on nous a demandé de jouer depuis la sortie de notre premier album. Nous avons enfin tourné en Amérique du Sud en 2005 et puis on a fait une tournée entière au Royaume Uni, c’était la première là bas en tant que tête d’affiche. C’était une toute petite tournée, il n’a dû y avoir que 17 dates. Donc l’année prochaine nous allons faire une vraie grande tournée européenne qui passera par la Scandinavie, la Russie, tous les pays de l’est. Ca devrait être cool d’autant que Roadrunner a des bureaux dans tous ces endroits et qu’on sait que nos albums auront été distribué là bas… ça ne sera pas comme pour Perseverance quand on était chez Universal et qu’on avait joué en Grèce alors qu’on n’y était pas distribué et que personne ne savait qui on était.
NicKo: Pour certains, vous êtes trop Hardcore pour être un groupe de Metal et pour d’autres, vous êtes trop Metal pour un groupe de Hardcore. Penses-tu qu’Hatebreed pourrait faire une première partie de Metallica ?
Jamey: Oui, d’ailleurs ça fait des années que j’attends l’opportunité de jouer avec eux. Tu sais , je pense que n’importe quel groupe underground serait ravi de tourner avec Metallica parce qu’ils ont tellement de pouvoir qu’ils parviennent à toucher le jeune public. Tu sais quand t’ess ado, que tu as 12 ou 13 ans et que tu dis : «Je veux me mettre au Metal.» et qu’un ami te dit : «Tu aimes le Metal ? Ecoute Ride the Lightning et Master of Puppets…» Qu’il s’agisse de Black Sabbath, Iron Maiden ou Metallica, tous ces groupes… ces disques que tu vas acheter vont devenir ta porte d’entrée sur l’univers du Metal et… crois le ou pas, Metallica a toujours été et demeure une passerelle qui va te mener à découvrir des groupes underground.
NicKo: Définirais-tu Hatebreed comme un groupe de Metal ou plutôt comme un groupe de Hardcore ?
Jamey: Je ne sais pas. J’ai toujours dit que nous étions l’association des deux. Quand on a débuté en 1995 on nous a contacté pour ouvrir pour Machine Head et les promoteurs nous ont dit : « Vous ne préféreriez pas jouer avec Sick of it all ? » Et j’ai dit je veux faire les deux. Et on l’a fait. On a joué en première partie de Machine Head et de Sick of it all. Et on a vendu tellement de T-shirt, de cassettes durant ces deux concerts que j’ai compris qu’on était vraiment au carrefour de ces deux styles.
NicKo: Pour en revenir à votre nouvel album, tu as déclaré que les textes avaient toujours un aspect positif. Ont-ils été inspirés par des événements bien précis ?
Jamey: Absolument. J’aime penser que chaque album est comme à une photographie du temps. Quand je me repense sur Rise of Brutality je trouve que c’est un assez bon instantané des années 2003-2004. Perseverance est un bon instantané des années 1998 à 2002 parce que ça a été un long processus de sortir ce disque. Supremacy couvre une période entre fin 2005 où nous faisions notre tournée pour notre 10ème anniversaire et le mois d’Août quand l’album est sorti c’était une super période durant laquelle on a repris contact avec nos fans, on a pu regarder nos e-mails, lire toutes leurs lettres et avoir à nouveau ce sentiment fantastique que faire de la musique peut être amusant, qu’on peut avoir du plaisir à monter sur scène, à entendre tout le monde chanter avec nous et devenir dingue et avoir une bonne réaction. C’est tout ça qui me revient en tête quand je repense à ce disque.
NicKo: Sean m’a dit quand je l’ai interviewé que vous aviez suffisamment de titres en réserve pour pouvoir sortir deux ou trois albums sans que vous ayez besoin de composer une seule ligne. C’est vrai ce mensonge ?
Jamey: (rires) Oui, on en a tellement. Mais c’est cool. C’est amusant parce que quand on enregistre un riff, qu’on est vraiment dedans, qu’on passe un bon moment et qu’on sent l’adrénaline… les riffs vous font dresser les cheveux sur la tête ou vous donne la chair de poule… c’est ça qu’on veut capturer. C’est comme guetter ce sentiment, chasser ces moments culminants et les obtenir au travers de la musique.
NicKo: comment vois-tu l’évolution de la musique d’Hatebreed ?
Jamey: Sur Supremacy, on a dit : «Ecoutez. Vous n’aurez jamais la chance de nous entendre si fort. Nous ne donnerons jamais cette satisfaction à personne. Vous n’entendrez jamais de belles mélodies avec des guitares acoustiques à la Iron Maiden. Vous n’entendrez jamais ça sur un album d’Hatebreed. Il n’y a pas d’influence suédoise, c’est du Hardcore New Yorkais, du Hardcore de la côte est qui rencontre le Death Metal de Floride. Pas d’harmonies complexes.» Je n’ai rien contre tout ça et même j’apprécie. J’écoute At the Gates, Children of Bodom, Killswitch Engaged… j’ai écouté le dernier Maiden, il est super. Mais ce n’est pas ce que nous voulons faire de notre musique parce que je pense que nous sommes une institution. Nous avons bâti ce que nous voulions et maintenant nous avons besoin de pousser cette enveloppe, de la rendre plus rapide, plus lourde, plus sombre, plus brutale… je pense que vous trouverez des influences bien plus Death Metal dans le prochain album.
NicKo: Cela fait plusieurs fois qu’Hatebreed collabore avec Zeuss pour la production. Qu’apporte-t-il à votre musique ?
Jamey: On a pris une position en faisant ça. Tu sais les gens, et spécialement en Amérique, s’imaginent que quand tu as signé avec Roadrunner tu vas faire un disque avec Ross Robinson, avec Rick Rubin ou avec un autre grand nom. Et on a dit non. On va enregistrer dans un petit studio avec une seule salle. Il n’y a pas d’hôtels donc on dormira par terre. Zeuss, je travaillais déjà avec lui en 1996 quand il était encore dans Pushbutton Warfare, un vieux groupe de Hardcore du Massachusetts. C’est ça notre position. Rester fidèle à ses amis, rester fidèle aux gens qui vous soutenaient.
NicKo: Parlons de toi maintenant! Tu es quelqu’un de très occupé. Entre autres activités, l’émission de MTV Headbangers Ball, Hatebreed, Icepick. Comment trouves-tu le temps de faire tant de choses ?
Jamey: Je ne dors pas beaucoup, je ne passe pas énormément de temps avec ma famille. Mais je pense que l’an prochain, quand on fera une pause pour enregistrer notre nouvel album, j’enregistrerai 20 ou 30 nouveaux épisodes. Je suis en train de re-négocier mon contrat. Je vais essayer de continuer à aider des groupes. C’est tout ce qui m’intéresse. Headbangers Ball peut faire la notoriété d’un groupe en Amérique. C’est génial pour tout le monde. Parce qu’avant cette émission il n’y avait que nous, Slayer, Slipknot, Megadeth… très peu de groupes parvenaient à vendre plus de 300 000 albums. Headbangers Ball a fait que certains, alors qu’ils vendaient 10 000 disques, se sont retrouvés à vendre 100 000 Cds. Cela leur permet d’être vus par les jeunes gamins qui restent à la maison et regardent la télé le samedi soir parce qu’ils sont trop jeunes pour aller à un concert. C’est beaucoup de dur labeur pour moi mais ça vaut le coup.
NicKo: en parlant de ça, tu as un droit deregard sur ce qui est diffusé ou c’est imposé?
Jamey: Non parce qu’ils veulent faire ce qu’il faut. Ils veulent que les fans de Metal, que les fans de Hardcore soient contents. On a déjà passé du Hammerfall, du Into Eternity, Evergrey… on s’efforce d’être à l’écoute des demandes des gens et d’être diplomates parce qu’il y a de nombreux styles de Metal et de nombreux styles de musique agressive.
NicKo: Tu fais également partie d’Icepick. Pourquoi en être arrivé à sortir un album avec eux alors que cela n’était sensé être au départ qu’un truc « juste pour s’amuser » ?
Jamey: C’est vrai, c’est un délire qui a pris de l’ampleur (rires). Et pour tout te dire, on va sortir un nouvel album l’an prochain. On va le finir en janvier prochain.
Plutôt que de toujours parler de ce qu’on allait faire, j’ai eu envie qu’on agisse plutôt que de continuer à en parler, histoire d’être sur que ça n’était pas que des paroles en l’air. Dès qu’on a eu le temps, on est allé en studio et on a fait l’album.
NicKo:On te trouve également sur l’album Pre-Fix for death de Necro en compagnie de quelques autres Metalleux. Tu es comme Chris, branché hiphop, ou c’était juste comme ça ?
Jamey: On est tous fan de Necro et Necro aime ce qu’on fait. Et ça a fonctionné parfaitement entre nous. C’est un rappeur très talentueux. Il écrit des trucs très gore et tordus du coup, beaucoup de Metalleux l’apprécient (rires).
NicKo: Hormis la tournée, quels sont vos projets ?
Jamey: Je rentre chez moi, je finis le nouvel album d’Icepick, je termine le mixage de l’album de Kingdom of Sorrow sur lequel j’ai travaillé avec Kirk de Crowbar et Down. Ensuite Down va partir en tournée au Japon et en Amérique du sud, et quand ils reviendront ils finiront leur album. Kirk pourra donc faire quelques dates avec Kingdom of Sorrow pour la sortie de l’album. Puis en avril il y aura une tournée européenne de 8 semaines. Ca va être une année chargée. Et puis entre la fin de l’été et la période de Noël, on fera un nouvel EP.
NicKo: Et pour finir, quelle est la chose la plus idiote qu’on t’ait demandé en interview ?
Jamey: Une fois un mec m’a demandé si je voulais lui filer un coup de poing à la fin de l’interview.
NicKo: et?
Jamey: Et je l’ai fait 🙂
Big up à Jamey. Merci à Alex et Oliver de Cryptogoths ainsi qu’à Roadrunner France