Vous pensiez qu’Insomnium aurait du mal à faire mieux que le très expérimental et contemplatif Winter’s Gate? Vous avez sans doute raison, n’empêche que la dernière livraison en date mérite néanmoins toute votre attention.
Quoi de neuf en Finlande? En premier lieu, Insomnium s’agrandit avec l’arrivée d’un troisième guitariste en la personne de Jani Liimatainen (ancien de chez Sonata Arctica). Ce qui permet à Ville Friman de prendre un peu de recul vis à vis du groupe sans pour autant le quitter (officiellement).
A part ça, le groupe revient à ses premières amours à savoir le Death mélodique à la sauce finlandaise donc emprunt d’une très grande mélancolie aux influences parfois gothiques ou Black Metal par très légères intermittences. L’apport du dernier arrivant sonnant comme une évidence dans les compositions. L’apport de sang neuf est une bouffée d’air frais pour le groupe ce qui, je le concède volontiers, ne saute pas forcément aux oreilles à l’écoute du single Valediction qui a un furieux air de déjà vu. Vous conviendrez cependant que ça reste de haute volée à défaut de briller par l’originalité. A contrario, la doomesque And Bells They Toll reposent sur des guitares dépressives et un chant clair qui hante le morceau pour un résultat de toute beauté. Plus musclée et tout aussi sublime, Pale Morning Star du haut de ses 9 minutes est un pur bonheur. Enfin difficile de passer sous silence la chanson titre qui part dans un délire mélodico-dépressif qui me met à court de superlatif pour vous dire à quel point c’est beau. Pour tout vous dire j’ai écouté ça en voiture la première fois et le trajet entre la maison et le supermarché s’est transformé en promenade sur une route forestière finlandaise sous un froid soleil d’hiver le temps de la chanson. Insomnium a cette incroyable capacité à vous sortir de votre bulle pour vous faire voyager le temps d’un morceau. Mais attention, c’est la musique du groupe qui doit venir vous chercher et pas l’inverse, sans quoi ça ne fonctionne pas. Vous devez être dans le bon état d’esprit pour que ça fonctionne à plein et à ce moment là, Insomnium dévoile tout son génie. Riffs et harmonies sont mémorables, chaque solo est bien senti et fait souvent passer par des émotions qui prennent aux tripes mais toujours avec un équilibre subtile entre lourdeur et mélancolie.
Certes tout n’est pas parfait sur Heart Like A Grave, cependant on aimerait que tous les groupes aient cette capacité à se réinventer pour arriver à leur huitième album et sortir des morceaux qui figurent parmi ce qu’ils ont fait de mieux.
Un album de haute volée, sublime (comme les autres) mais pas parfait (comme les autres). Tout le monde peut faire du Death mélodique, mais il n’y a qu’Insomnium qui en fait du comme ça.