Je vous vois venir. Z’allez me dire que je vous arnaque en commençant 2020 avec des chros de trucs de l’an dernier, voire plus ancien. Et vous aurez raison. Seulement je vous en parle quand je les découvre donc calmez-vous.
Au menu du jour In Amerika. Ici nous ne parlerons pas du concert donné au Madison Square Garden et sorti BluRay/DVD mais du documenaire qui l’accompagne et qui est dispo sur Amazon Prime Video (ceci n’est pas un contenu sponsorisé).
Une fois de plus en farfouillant dans le catalogue dans la plateforme, quelque part entre le dernier spectacle de Jerome Commandeur et les mauvaises suites de navets faits par Stallone, il y a d’intéressantes bricoles. Ce doc en fait parti.
Ce film long de 2 heures retrace l’histoire de la conquête de l’Amérique par 6 allemands venus de l’ex-RDA. De leur premier contact avec « le pays de la liberté » au début des années 1990 jusqu’à leur triomphe au Madison Square Garden en 2010. Extrêmement bien documenté, avec des films d’archives rares et surtout des interventions des premiers concernés filmées pour l’occasion, In Amerika montre la relation parfois compliquée qu’à entretenu Rammstein avec le pays de l’Oncle Sam. Des débuts difficiles sur le plan business, au choc culturel barrière de la langue, le choc scénique Buck Dich) en passant par les questionnements persos – on passe tout en revue. Le doc se risque même à un parallèle pour le moins osé entre l’évolution musicale de Rammstein et l’évolution politique, sociale et musicale du « pays de tous les possibles » mis en exergue par l’anecdote de Flake sur le 11 septembre.
J’évoquais plus tôt les interventions des membres du groupe, elles montrent nos 6 allemands sous un jour qui m’était jusque là inconnu. Ils semblent à des années lumières de leurs pendants nord américain et déconnectés du star system voire même un peu dépassé par leur succès. Le meilleur exemple est cette courte séquence vidéo de Flake filmé par Paul. Les 2 se parle depuis le balcon de leurs suites d’hotel respective et qui tombent d’accord pour dire qu’être tous ensemble dans le bus leur manque. S’agissant d’une vidéo perso, on n’est clairement pas dans la com’. Etonnant moment de sincérité venant d’un groupe de ce calibre. L’humain passe avant tout.
Pour vous faire une idée, voici dans les grandes lignes les principaux chapitres du doc:
- 1990 – 1993 Allemagne de l’Est
- 1993 Premiers voyages aux USA
- 1994 Rammstein
- 1996 Bizzare Festival / USA / Bob Biggs
- 1996 Première partie avec KMFDM
- 1996 David Lynch / Lost Highway
- 1997 Du hast / Radio / MTV
- 1998 Family Values tour
- 1999 Tournées en tête d’affiche
- 1999 Mexique / Kiss / Sao Paulo
- 2001 Pledge Of Allegiance tour & 11 septembre
- 2002 Internet / Clips / Triple-X
- 2008 « liebe ist für alle da »
- 2010 USA – Retour en triomphe
En plus de ça, le doc est ponctué d’intervention plus ou moins utiles de tout un parterre de célébrités au rang desquelles on trouve : Chad Smith (RHCP), CJ Ramone, Steven Tyler (Aerosmith), Iggy Pop, Gene Simmons et Paul Stanley (KI$$), Wes Borland (Limp Bizkit), Marilyn Manson, Melissa Auf der Maur, Scott Ian (Anthrax), Jonathan Davis et Munky (KoRn), Shavo Odadjian et John Dolmayan (SOAD), Clown (Slipknot), l’acteur Kiefer Sutherland (de la série « 24 ») et Moby – qui contre toute attente est celui dont les interventions sont les plus pertinentes – avec celles de leur tourneur. Que des américains (Ô surprise) mais surtout que des gens qui savent combien il est difficile de réussir à remplir des salles aux 4 coins des USA.
Le mot de la fin signé Kiefer Sutherland résume aussi bien le succès du groupe aux USA que l’amour du bonhomme pour Rammstein.
« Vous avez besoin de ce niveau d’authenticité, de style et de culture – alors les gens comprennent votre langue dans le monde entier ».
Moralité, le produit est clairement destiné au marché nord américain, on leur a mis des visages connus pour bien leur faire comprendre que les allemands sont « crédibles » en mode « si Gene Simmons dit que c’est bien c’est que ça l’est – OK? ». Au-delà de tout cynisme, c’est un peu long, la partie 1997/98 est le ventre mou du film mais dans son ensemble, ce doc est fantastique avec une première moitié vraiment passionnante.
A voir absolument. Et si vous voulez vous mettre un concert de Rammstein après ça, oubliez celui du MSG – mettez plutôt ceux de Nîmes ou Paris.