« And that bass sound… That muthafucken bass sound. It will put hair on your balls. » – Lord K Philipson, 7 mars 2020
C’est ainsi que Lord K parlait, dans son style inimitable, du mixage de Purgatory alors en cours au studio Unisound de son BFF Dan Swanö. Vous le savez, je suis un ardent militant de la basse qui gronde dans les prods Metal, alors quand l’un des musiciens les plus intégristes en terme de finitions balance un parpaing pareil, je me sens tout chose. Et quand on connaît l’animal, on sait qu’il n’y aura pas tromperie sur la marchandise.
Faisons simple. Au bout de treize albums du ‘projet de haine 1999’, Lord K arrive encore à surprendre. Bien sûr il y a eu des hauts et des bas dans la disco mais la tendance depuis 2 albums allait vers une montée en gamme. Avec Purgatory, je peux dire sans prendre trop de risques que l’on atteint une sorte de pinacle de ce qui se fait en la matière.
Adepte du précepte « on ne change pas une équipe qui gagne », c’est sans surprise que l’on retrouve la meilleure voix du Death Metal suédois avec Jörgen Sandström, le chant le plus barré « ever » avec Ellinor Asp, le toujours excellent Dirk Verbeuren à la batterie, Lasse Johansson à la lead et Lord K lui-même au four et au moulin (guitare rythmique, basse, claviers, prod). Tout ça pour un résultat prodigieux.
Le ton est donné dès le premier morceau. Le riff est dantesque, le son de basse à se rouler par terre de bonheur, Sandström marche sur l’eau vocalement, Asp n’a jamais autant été à côté de la plaque, donc parfaitement où on l’attend et Verbeuren place des petites chips bien croustillantes pour l’auditeur attentif. Kill Everyone peut sans forcer prétendre au top 3 des meilleures chansons du groupe. Comble du comble pour une chanson de 13 minutes 25, elle est presque trop courte. Autant par le passé, il m’est arrivé de dire que Lord K devrait faire plus court, autant sur cet album les titres sont d’une fluidité bluffante pour des morceaux aussi longs (rien en dessous des 12 minutes 20 pour le total faramineux de 6 chansons en 79 minutes). Mention spéciale à la très mélodique Sacrifice qui culmine à 14 minutes 02. Oui j’ai dit mélodique car aussi étonnant que ça puisse paraître, Purgatory est sans doute le disque le plus mélodique de la carrière du groupe. Après c’est mélodique comme du Project Hate peut l’être… donc avec du chant Death en canon juste PARCE QUE. Blague à part, Greatness est le parfait exemple de cet aspect plus « mélodique ». La rythmique assez convenue (pour le groupe) et le chant d’Ellinor qui se veut plus « normal » donnent une espèce de légèreté assez inattendu à l’ensemble. Mais ça reste du TPH pur jus avec un break zbidiboui, un long passage à la basse avant qu’on enchaîne sur un solo et Sandström qui hurle. A l’autre extrême du spectre, il y a « la plus conventionnelle » Diatribe Cult, plus méchante, plus barrée avec ce chant à la fois totalement ailleurs mais totalement là où il doit être. Le tout posé sur un riff que d’aucun qualifieront de déjà vu mais qui niveau efficacité se pose là. Bon courage pour trouver mieux. L’album se conclue sur Birth. Plus lente et plus lourde en terme d’ambiance. A la fois très sombre et remplie d’une sorte de mélancolie dramatique qui évoque plus la fin d’un cycle que le début de la vie évoqué par le titre de la chanson. Une parfaite conclusion avec ce qui est pour The Project Hate au passage des arrangements que d’autres groupes ne renieraient pas. Est-ce que TPH rentrerait dans le rang ? Non loin s’en faut tant Lord K tient à se tenir le plus loin possible de tout ce qui est « grand public » dans le Metal extrême. N’empêche que ça surprend agréablement et qu’en plus ça fonctionne.
Un petit mot rapide sur le son de la guitare rythmique. De mon point de vue, Lord K fait parti des seules personnes (avec Mick Gordon et Meshuggah) à savoir utiliser une 8 cordes à bon escient et avoir un son qui lui soit propre et BORDEL QUE CA FAIT DU BIEN.
Pour la première fois depuis The Lustrate Process (2009) je suis 100% conquis par un album de The Project Hate. Il y en a eu d’excellents depuis mais aucun qui n’atteigne ce niveau de maîtrise.
Clairement moins expérimental, avec des arrangements et des choix plus conventionnels, TPH se réinvente en partie sans pour autant renier sa nature profonde. Un joli tour de force qui nous donne « juste » le meilleur album de The Project Hate MCMXCIX et accessoirement la seule sortie à l’heure actuelle qui vienne chatouiller le dernier Igorrr pour le titre de champion 2020.
« And that bass sound… That muthafucken bass sound. »