Qu’ont en commun Sauron, la maison hantée de Disneyland et le butanoate d’éthyle?
La réponse tout de suite.
La réponse à cette question fondamentale est la suivante: ce sont les principaux composants de la musique de Carach Angren.
Déjà Carach Angren… encore un nom piqué à l’oeuvre de Tolkien (à ranger entre les Shagrath, Gorgoroth et autre Burzum). Ensuite la maison hantée de chez Mickey, vous savez le truc censé faire peur mais qui ne sert qu’à s’abriter quand il pleut. Enfin le butanoate d’éthyle qui est un arôme donnant son odeur à la fraise tagada – plus artificiel tu crèves.
Donc voila, tout ça c’est Carach Angren. Un immense train fantôme digne d’une fête foraine où tout est artificiel, ne fait pas pas peur du tout mais… qui fonctionne. Va comprendre Charles.
Franckensteina Strataemontanus est le prototype de l’album conçu en milieu stérile. Absolument rien ne sonne naturel, tout y est trop parfait. La batterie est sous plastique, les guitares sont grasses mais à l’aide de la magie de l’informatique (au pif ProTools), ça sonne gras mais propre. Paradoxe? Oui totalement. Et assumé de surcroît. La basse est trop parfaitement mixée pour être honnête et je soupçonne le chant d’avoir subit lui aussi quelques trifouillages digne de la créature de Frankenstein. Non pas sur le timbre ou la qualité de la voix mais juste un p’tit coup d’autotune pour la justesse.
Malgré cela, peut-on reprocher au groupe d’utiliser les moyens technologiques dont il dispose? Est-ce que se serait mieux si ça sonnait autrement? Est-ce que ce parti pris en terme de production remet en cause la qualité du contenu? Tant de questions qui ne trouveront pas leurs réponses ici parce que ce n’est pas sujet et parce que tous les goûts sont dans la nature. Néanmoins je pense qu’elles méritaient d’être posées.
Assez parler de la forme, parlons du fond maintenant. Comme dit plus haut: l’album fonctionne et c’est bien là le principal. Le parti pris d’avoir cette production sous vide et parfois des arrangements digne de chez Mickey (Like a Conscious Parasite I Roam) donne sa personnalité à Franckensteina Strataemontanus et quelque part, sont une forme de cohérence avec le concept de l’album (tout est dans le titre). J’irai même plus loin en disant que cette surproduction, ces choix délibérés dans les arrangements et le son de l’album lui donne un aspect cinématographique qui ne dépareillerait pas chez Tim Burton (quelque part entre Sweeney Todd, Beetlejuice et The Corpse Bride).
Dans sa globalité l’album se tient donc plutôt bien. Si on prend les morceaux individuellement, c’est un peu les montagnes russes pour rester dans les métaphores foraines. La très « rammsteinienne » Monster fonctionne parfaitement, idem pour les morceaux ouvrant le disque. C’est rythmé, ça en fait des caisses, franchement on s’éclate. Prenons par exemple la chanson titre avec sa basse proéminente, son lit de grosse caisse, son passage avec les choeurs et Seregor possédé qui beugle « I AM GOD », quel pied! Mais dès que ça tire un peu en longueur et que le tempo ralenti, on se perd un peu même si les ambiances sont réussies (Operation Compass). Un peu comme arc narratif sans trop d’intérêt dans un film – comme par exemple tout ce qui se passe sur Canto Bight dans l’épisode VIII de Star Wars… voire même toute l’épisode VIII (fin du hors sujet).
Tout ça pour dire que le Carach Angren 2020 nommé Franckensteina Strataemontanus est une sortie tout à fait délectable. Y’a bon.