Le 21ème siècle est merveilleux. Tous les jours la Chine nous rappelle un peu plus qu’Orwell avait vu juste avec 1984. Et maintenant voila que le monde la musique donne vie à une libre interprétation de Herbert West, réanimateur de Lovecraft.
What a time to be alive.
1er novembre 2014, Wayne Richard Wells décède à 48 ans, laissant ses 3 fans restants orphelins. Le reste du monde lui est passé à autre chose depuis longtemps. Néanmoins flairant le bon coup et gérant bien mieux l’affaire que madame Cornell avec les ex-Soundgarden, madame Static et les anciens de Static-X décident de tenter un coup.
A savoir remonter le groupe et sortir non pas un mais deux albums avec toutes les compos laissées par Wayne. Celui-ci étant le premier comme le nom l’indique. Ils vont même pousser le vice jusqu’à faire une tournée avec un chanteur nommé Xero (fortement soupçonné d’être Edsel Dope du groupe Dope) reprenant le look de Wayne sur scène et le singeant jusque dans ses moindres mimiques. John Carpenter aurait pu faire un film d’un tel pitch.
Comme on peut s’en douter en pareilles circonstances, décider de sortir un album à partir de maquettes/démos non finalisées, et même si ces dernières ont été retravaillées, est un petit jeu dangereux. Vous imaginez bien que pour un album de 10 chansons, ce sont souvent 15/20 titres qui sont écrits, 12/13 qui sont finalisés et 10 qui font « le cut ». Project Regeneration n’échappe à certains écueils dus à cette situation. Mais il est aussi (et surtout) victime de la significative baisse de qualité de ce qu’a pu faire Static-X tout au long de sa carrière. Si les 2 premiers albums sont rigolos et ont fait leur petit effet, Shadow Zone chutait lourdement sur le fond. La suite ne fera que confirmer cet état de fait. Pas étonnant donc que Project Regeneration soit la suite logique de tout ça. Certes on y retrouve tout ce qui fait les caractéristiques de la musique du groupe mais ça rentre par une oreille et ça ressort par l’autre.
On s’amuse de voir qu’une chanson avec « Otsego » dans le titre a été calée dans la tracklist pour faire suite à Otsegolation, Otsego Undead, Otsegolectric et Otsego Amigo. Mais entendre l’intro de la série L’homme qui valait 3 milliards sur l’intro de Terminator Oscillator fait tiquer les cyniques dans mon genre. On est dans l’ironie de la situation ou bien dans le cynisme pur et dur? Au-delà de ces considérations, que reste-t-il à ce disque? Hollow (Project Regeneration) qui est du pur Static-X mais vraisemblablement écrite post mortem comme le laisse penser le titre. Worth Dyin For – elle aussi typique du style mais dans ce qu’il a de plus pénible. Otsego Placebo – un des meilleurs titres du disque. Terminator Oscillator est sympa également. Globalement c’est du Static-X qui correspond à ce qui a fait la notoriété du groupe mais sans jamais pleinement y parvenir.
Que retenir de tout ça? Que ce bon Tony Campos va encaisser le chèque avec jubilation en attendant de pouvoir faire la tournée du malaise et de passer à un nouveau contrat de mercenaire? Sans aucun doute.