Il fait nuit, ça meule… ça meule tellement que tout le monde trace dans le Trabendo pour avoir chaud. Chaud… oui c’estl e mot chaud, ça on va voir chaud au propre comme au figuré vu le programme du jour : The Bloodhound Gang, illustre (sic) groupe dont la réputation scénique n’est pas/plus à faire.
En guise d’apéritif, 3 japonais un peu mou de la calebasse feront office de première partie. Je m’excuse car je n’ai pas saisi le nom du groupe, l’accent anglais de nos amis asiatiques étant ce qu’il est, j’ai eu des ratés au niveau de la compréhension. Quoiqu’il en soit, nos amis bridés nous offriront un set très… débridé pour le coup. Le batteur se retrouve à poil au bout de… heu… disons 2 minutes et fera tout le set dans cette tenue.
Plus sérieusement nos mangeurs de sushis nous offriront un set de pur rock n’ roll tant dans la musique que dans l’attitude. Ca part dans tous les sens, c’est ultra énergique, c’est pas carré mais… on s’en fout ! Ca dégage tellement de bonne humeur que tout le monde rentre dans le jeu, notamment quand le groupe s’amusera à dire « you bastard » a à peu près 80% de la salle, en prenant soin de pointer du doigt quelqu’un chaque fois que la phrase est prononcée.
Le pire, si j’ose dire, c’est que quand ces messieurs retrouvent un semblant de sérieux et se mettent à jouer « en rythme », ce qu’ils sortent est excellent. Le chanteur guitariste s’en donne à cœur joie en se roulant par terre pour sortir ses solos pendant que la bassiste gesticule en haut d’une paire d’enceintes. Le batteur je n’en parle pas, il est toujours à poil derrière son kit.
Bref, une première partie à la hauteur du challenge, car oui une première partie du BHG n’est pas une chose simple.
Bien, maintenant on passe aux choses sérieuses (sic) avec les stars de la soirée qui vont « juste » mettre le feu et retourné une salle de concert jamais un groupe ne l’a fait.
Ca commence sur les chapeaux de roues, à peine arriver sur scène les singeries commencent. Ca gesticule, ça se dandine, ça roule du cul, ça improvise des paroles d’un goût parfaitement douteux, le tout devant un public au taquet.
Chaque break entre les chansons sera un morceau de bravoure pour le public, le groupe ou les 2. Les vannes fusant de toute part et le public intervenant à sa guise (ou presque). C’est ainsi qu’on retrouvera sur scène 2 zigotos masqués dont le challenge sera de tout enlevé sauf le masque. Ils finiront par un stage dive en slip, courageux mais pas téméraire les gars 😉
Côté musique, tous les albums sont passés en revue avec des moments d’anthologie (qui a dit Chasey Layne ?) dans une ambiance de feu avec un taux de conneries minutes proprement hallucinant et le tout, sans une fausse note. Nous auront aussi droit à F.U.C.K. (Foxtrot Uniform Charlie Kilo), toute une tripoté de titre des premiers albums et on finira en beauté avec un Firewater Burn d’anthologie. Manquait juste Mope et je finissais le concert vraiment mort de rire. On retiendra aussi la sublime Only when I’m drunk où ils se pointeront tous avec un casque sur la tête. Casque qui est surmonté selon les individus d’une petite cymbale ou d’un petit tom de batterie. Bien entendu, on jouera en se tapant sur la tête, avec un minimum de fausses notes et en gardant un sérieux tout relatif vu le niveau des paroles.
Nos petits guignolos ne nous épargneront rien, Lupus parle à sa guitare, Jimmy Pop se prend pour Ben Laden, chante du Rita Mitsouko/Depeche Mode et parle à sa main alors que le colosse Jarhed (qui finira le set torse nu après que Jimmy lui ait arraché son marcel) au choix : se promène dans la salle en jouant, se fait un monumental cul sec d’absinthe, gerbe dans une poubelle (conséquence du cul sec… ou des escargots selon lui), raconte des blagues scabreuses sur Michael Jackson ou pisse sur Jimmy Pop – oui il a vraiment déballé le matos.
C’est donc un grand n’importe quoi qui sous ses airs de joyeux foutoir est en fait soigneusement chorégraphié. Les roadies sont dans le coup dans 90% des cas et préparent à l’avance chacune des « cascades » de nos doux dingues. Mais vous savez quoi ? Pour le coup on s’en fout ! Certes on se dit que ça perd un peu en naturel mais le taux de conneries improvisées étant au moins équivalent à celui de celles prévues à l’avance que ça le fait quand même. Nous aurons une pensée émue pour le cinglé qui a déboulé sur scène pour faire un bisou à Jimmy. Il pensait avoir réussi le coup de la soirée et il s’est retrouvé victime du traditionnel Wedgie (comprenez un arrachage de caleçon en règle) avant de se faire éjecter dans le public de fort belle manière par Jarhed.
Que dire de plus ? Raconter toutes les conneries qui ont pu être dites durant ce concert ? Impossible, d’une parce que je n’ai pas tout retenu et de deux parce que ça prendrait un temps fou.
Je dirais juste que si vous n’y étiez pas… et bien vous avez eu grand tort car là, en ce glacial 30 novembre 2005, on a certainement eu droit à l’un des plus grands concerts de l’année voir de la décennie (et je pèse mes mots). Ca fait 7 ans que je fais des concerts et je n’ai jamais rien vu de pareil. Certes musicalement ce n’est pas Dream Theater (et de toute façon ce n’est pas ça qu’on leur demande) mais niveau énergie et ambiance, ça allonge tout ce que j’ai vu jusqu’à présent.
Du grand art.