Pour une fois, on laisse de côté les bûcherons scandinaves pour s’attaquer à beaucoup plus exotique (à tous les points de vue) puisque le concert du jour n’est ni plus ni moins que celui de Moi Dix Mois, groupe japonais de visual kei dont la musique (pour moi) est un savant mélange de rock baroque tinté d’influence gothique. Bref un pur ovni autant musical que visuel puisque, comme vous le savez sans doute, dans le visual kei, le look est tout aussi important que la musique. Là pour le coup on en a eu pour notre argent car sincèrement, sur album je me suis ennuyé ferme, ayant la fâcheuse impression d’entendre la BO de Castlevania en boucle.
Un nombreux public se presse donc devant la salle, public souvent grimé de façon assez… perso je trouve ça ridicule mais chacun son mauvais goût n’est-ce pas ? ‘fin bon, Nelly Olson version goth ça a plus tendance à me faire hurler de rire que de me mettre dans le délire pour le concert. Passons.
La place pour le concert n’était pas donné (30€) et on constate très vite qu’il n’y aura pas de première partie. Et pour cause, quel groupe pourrait ouvrir pour Mana et sa bande ? A part un groupe du même tonneau en provenance direct du Japon je ne vois pas. Bref, on remarque aussi très vite que le concert sera filmé en vu d’un DVD live. La dernière fois que j’ai vu un DVD filmé dans cette salle, c’était pour Cradle Of Filth avec le résultat que l’on sait. Là le doute n’est pas permis quant à la qualité du DVD vu les moyens engagés. On sent qu’on va prendre plein les oreilles et plein les yeux.
C’est donc 1h30 après le début théorique du concert que Moi Dix Mois arrive sur scène. La chose est très codifiée : le batteur Hayato en premier, Kazuno le bassiste en second, K un des guitaristes, Mana – guitariste, maître à penser du groupe et accessoirement demi-dieu et pour finir Seth le chanteur.
Petit point sur Mana : Moi Dix mois est son bébé, le projet qu’il a monté suite à la mise en sommeil de Malice Mizer son premier groupe – qui est une légende parmi les légendes du rock japonais. Mana écrit, compose, produit et édite tout ce que sort MDM.
Chacun se positionne et on attaque tranquillement avec des jeux de lumières somptueux, un groupe qui pose tout en envoyant ses morceaux et un public qui se déchaîne si on en croit les cris perçant digne des grandes heures des boys band poussés par la gente féminine.
L’aspect très codifié évoqué plus haut fini par jouer des tours à Mana et sa bande car cela confère une certaine rigidité à leur jeu et on ressent très nettement un manque de spontanéité dans leur façon de faire. Lorsque K prend la parole pour haranguer la foule, dans un anglais qui relevait plus de la leçon apprise par cœur que du dialogue, on sent très vite qu’il est pris au dépourvu quand le public ne réagit comme il l’attend. On sent aussi qu’ils ont une folle envie de se lâcher et de faire les pieds au mur mais que quelque chose les en empêche. Ils leur faudra bien 4/5 titres avant d’être pleinement à l’aise sur scène et 4/5 de plus pour les voir commencer à dérouler vraiment ce qu’ils ont sous le pied. Quelque part c’est un peu dommage parce qu’on les sent plein d’envie mais allez savoir pourquoi ça n’est pas le feu d’artifice auquel on s’attend. C’est la pour moi le seul bémol du show parce qu’en dehors de ça… pfiouuuu c’est la grosse grosse claque.
En dix ans, des concerts j’en ai fait quelques uns, je n’ai pas le chiffre exact en tête mais de tous, un seul a su/pu se démarquer des autres sur le plan du son. Si la perfection sonore existe en ce bas monde, elle a été atteinte durant ce set. Jamais de ma vie je n’ai entendu un tel son en live, d’une pureté, d’une clarté, d’une netteté qui confine au perfectionnisme extrême des musiciens, au talent de l’ingé son ou des deux je ne sais pas mais quelle baffe ! On était à la limite de la qualité studio. Tout était balancé, mixé à la perfection, jamais un n’a pris le pas sur l’autre. Et pour que cela rende bien, vraiment bien il fallait que l’interprétation soit au niveau car le moindre raté avec une telle qualité sonore se sera tout de suite remarqué… et bien là aussi, on a frôlé le « perfect ». Seul Mana s’est raté sur le début du rappel mais je le lui pardonne volontiers.
Pour résumé, Moi Dix Mois c’est à voir une fois pour sa culture perso et à revoir pour le plaisir car franchement, si ce n’est le prix exorbitant de la place, je les invite à revenir quand ils veulent.
Et en prime j’irais acheter le DVD juste pour voir ma gueule à la télé.