Après un Kolossus loin de faire l’unanimité, mais qui sur la durée se révèle pas si désagréable que ça, Keep Of Kalessin se devait de sortir un album digne de ce nom, histoire de montrer que le groupe pouvait se maintenir au niveau qu’on lui a connu sur Armada.
Et bien croyez le où non, Reptilian m’a fait la même impression que Kolossus lors de la première écoute. Déception. Pas du tout là où on l’attendait, Keep Of Kalessin évolue et sort un album de black mélangé à plein de choses mais surtout, KoK donne de l’ampleur à sa musique et lui donne une tournure épique, presque symphonique. On n’en est pas encore à un album à la Dimmu Borgir mais l’ajout de nombreuses nappes d’instruments à cordes, de claviers donnent une toute autre dimension à la musique du groupe. Déconcertant au premier abord, ce changement se révèle en fait assez sympa voir même carrément prenant.
Exit donc le black guerrier d’Armada avec ses passages plus pagan tu meurs. Ici Obscidian C et ses comparses se permettent une grande variété d’approche sur leurs différents morceaux. Tantôt mélodique, tantôt franchement agressif mais toujours avec cette patte, cette riffing attitude, cette façon de composer qui leur est propre et qui fait que KoK est KoK. C’est hyper efficace, techniquement relevé mais surtout très bien pensé. Thebon exploite et explore un peu plus sa palette vocale et tâte pas mal du chant purement y compris sur des morceaux à tempos ralentis (Dark As Moonless Night). Côté guitare, Oscibian C a « enfin » compris que les guitares en surcouche par palette de 3 ou 4 ce n’était viable que sur album, du coup on se retrouve avec une ou deux guitares (seulement !) mais avec un son tranchant comme c’est pas permis quand il s’agit de passer en lead et ultra abrasif en rythmique. Le talent de mec est incroyable, en même temps c’est un peu lui le tôlier vu qu’il compose à peu près tout dans le groupe. Côté zicko, Vyl est égal à lui-même : ahurissant, un des tous meilleurs batteurs de la scène extrême, quant à Wizziac il est solide mais pas vraiment poussé à la prod.
Keep Of Kalessin a donc accentué le côté épique de sa musique, cela se ressent au niveau de la longueur des compos puisqu’on tourne en moyenne à 5/6 minutes avec une pointe à 14 minutes pour Reptilian Majesty, titre final simplement… majestueux. A côté de ça, le titre que l’on attendait un peu au tournant c’est bien entendu The Dragontower, célèbre pour avoir propulsé KoK en finale norvégienne des candidats à l’eurovision. La chanson a perdu le côté brut de la version eurovision, plus policée, remixée avec de nombreux ajouts comme du clavier et surtout dotée d’un solo bien moins percutant, The Dragontower version album perd le charme qu’avait la version « plus rough » pourtant destinée à un public pas vraiment habitué au metal.
A bien regarder, Kolossus annonçait plus ou moins la direction prise par Keep Of Kalessin sur Reptilian. Le résultat, aussi inattendu soit-il, est pour le moins réussi et les norvégiens nous gratifient d’un superbe album de black épique thrashisant + tout un tas de chose encore.