Si il y en a bien un dont on a appris à se méfier avec le temps, c’est bien Marilyn Manson. Souvent grande gueule, jamais là où on l’attend mais jamais bien loin de l’endroit où on le pensait, le revoilà avec un nouvel album autoproclamé comme grotesque.
Grotesque ce disque l’est bel est bien… du moins dans son aspect visuel où le p’tit père Brian s’est allègrement lâché avec des costumes et des maquillages encore un peu plus à l’ouest que d’habitude (et pourtant il avait déjà poussé le vice assez loin). Là il va encore plus loin que ce à quoi il nous avait habitué. Sur le plan musical, c’est également grotesque, mais dans l’autre sens du terme.
Qu’on se le dise, The Golden Age Of Grotesque (GAOG) n’a rien de révolutionnaire par rapport aux précédents albums, mais le révérend nous montre ici sa totale maîtrise des moyens mis à sa disposition. Le disque semble reprendre les choses là où Antichrist Superstar les avaient laissées plutôt que de suivre le prolongement d’un Holywood par exemple. Cependant, Manson, même avec toute sa bonne volonté pour créer un disque à la fois lugubre, grandiloquent, apocalyptique et déjanté à souhait, semble atteindre ses propres limites. On avait déjà quelque peu ressenti cet état de fait sur les albums précédents. Certes il avait exploré de nouvelles voies mais sans vraiment aller au bout de son idée. Ici l’impression tend à se confirmer encore une fois. Le temps et le business ont quelque peu eu raison de sa férocité et de sa hargne à taper sur tout et tout le monde, il lui arrive même de tomber dans la facilité avec de la provoc’ un ton en dessous de ce à quoi il nous avait habitué. De même sur le plan musical, il se permet carrément de repiquer des passages entiers de titres d’autres artistes – mOBSCENE ressemble étrangement à Be Aggressive de Faith No More et le riff de This Is The New Shit est un parfait clone de celui de Hey Man Nice Shot de Filter. Décevant de la part de quelqu’un comme Manson.
Malgré cela, on se surprend curieusement à rapidement assimilé le disque dans sa totalité, que cela soit dans ses plus synthétiques dérives ou bien dans les titres entêtants comme (s)Aint. Le riff est toujours haché et la production digne du maître mais cette petite touch’ unique qui donnait ce cachet si particulier au disque du révérend n’est plus là… la faute peut-être au départ de Twiggy sous les cieux du cercle parfait (NDR – A Perfect Circle).
Avec GAOG, Marilyn Manson frappe fort et une fois de plus là où ça fait mal. Mais il semblerait que tout un tas de choses aient un peu eu raison de sa créativité.
Certes c’est burlesque mais pas si grotesque que ça. En gros, du bon Manson à défaut d’être de l’excellent Manson.