Après être revenu de la séance de dédicace de la Fnac Italiens ventre à terre, je poireaute gentiment dans le blizzard devant la salle. Le concert annoncé pour 19h00 commencera en fait à 19h45 et le QI microscopique des videurs m’incite à investir les lieux qu’au dernier moment. La salle est plutôt bien remplie et la débauche de tshirts à chèvre ne laisse que peu de doute sur la star de la soirée. Mais patience, le Corey Taylor Show n’est annoncé que pour 21h, pour l’instant c’est l’heure de faire pénitence durant 45 minutes en écoutant (supportant ?) Saliva.
Le groupe officie dans un rap métal typiquement ricain – croisement improbable entre P.O.D. et Limp Bizkit – qui a/aurait cartonné il y a 2/3 ans durant les heures de gloire du Significant Other de ces mêmes Limp Bizkit. Sans être foncièrement mauvais, ça ne casse pas 3 pattes à un canard mais le jeune public semble y trouver son affaire.
En ce qui concerne le groupe lui-même, le chanteur me fait penser à Jonathan Davis (non non criez pas comme ça) … dans 10 ans ! Le bide en plus quoi. Niveau présence scénique, le grizzly – vu sa carrure et son look (ridicule le costard) c’est à ça qu’il me fait penser – se contente de se casser en deux et de secouer vigoureusement la tête pendant qu’un des guitaristes, clone de Shavo de SOAD pour le look, tourne en rond comme une andouille. Les 3 autres seront transparents durant tout le set.
Le public a l’air d’avoir apprécié, personnellement je me contenterais de reprendre un de leur refrain… « click click boom ».
20 minutes plus tard, Stone Sour investit la scène. Get Inside fait office d’entrée en matière plutôt musclée qui déchaîne la horde de kids en furie – notamment les membres de la gente féminine (nc). Voilà, c’est parti pour 1h05 de Corey Taylor Show.
Ce qui était déjà palpable lors de la séance de dédicaces précédant le concert se vérifie ici : le public n’est pas venu voir Stone Sour mais le chanteur de Slipknot dans son autre groupe… au grand dam de certains membres du groupe qui ne cachaient que peu leur exaspération.
La majeure partie du concert donc reposera sur les épaules de Mr Taylor et sur ses capacités de frontman hors normes. Ce qui est dommage car les autres musiciens sont quelque peu passés au second plan. Shawn (basse), Josh (guitare), Joel (batterie) et James (guitare) prenant visiblement pris leur pied et se faisant plaisir notamment James en balançant ses solos et ses petites impros tout sourire. Joel perché sur son estrade au fond de la scène continuera de faire la gueule, visiblement lassé d’entendre scander le nom de Corey toutes les 30 secondes. Néanmoins, je ne dénigrerais pas la performance du sieur Taylor, faisant l’effort de lâcher quelques mots en français pour le plus grand plaisir de son fan-club du premier rang. Lui aussi s’est fait plaisir et avait l’air heureux de voir la réaction positive d’un public de toute façon totalement acqui à sa cause.
Les titres s‘enchaînent à un rythme soutenu (c’est pas la cadence de Slipknot mais presque – 15 titres en à peine 65 minutes) et la majeure partie de l’album sera passée en revue. Le groupe nous gratifiera même de 2 inédites (Rules Of Evidence et Inside The Cynic) plutôt musclées qui n’ont pas manqué de faire voler des corps dans le pit.
Grand moment du concert, Corey interprétant seul Bother à la guitare. Il nous a une fois de plus montré qu’il savait faire autre chose que gesticuler en braillant sur scène. Moi qui ne suis pourtant pas fan de la chanson, je dois bien admettre qu’en live, ça rend plutôt bien. Corey se fendra même d’un « je t’aime Paris » façon lover en français dans le texte au milieu de la chanson. Pas mal de tshirts ont du être mouillés à ce moment là *hum*
Une fois passée sur ces considérations purement hormonales, je me permettrais une fois de plus d’insister sur la belle prestation des 4 musiciens du groupe lors de ce concert. Corey… inutile de trop s’étendre sur son cas, ceux qui l’ont déjà vu en concert savent ce qu’il vaut. Son omni « présence » (potence ?) plus ou moins volontaire a frisé l’overdose à certains moments… mais ne faisons pas la fine bouche, pour une fois qu’un frontman assure vraiment, on ne va pas s’en plaindre.
Le concert prendra fin avec Tumult (jeu de mot pourri je l’admets mais de circonstances). La chanson sera interprétée de manière plus que vigoureuse et la batterie fera montre de toute sa puissance – ou alors le volume des pédales a été augmenté sciemment. Quoiqu’il en soit le concert se termine comme il a commencé, avec un Corey cabotinant devant son public, se roulant comme par terre et hurlant comme un hystérique. Il se relèvera pour finir debout sur un retour, le temps de harangué le public une dernière fois et de jeter son tshirt dans un bouillon d’hormones en tout genre en toisant la salle du regard.
Au final on ressort de là en se disant qu’il y a eu beaucoup de Corey et un peu de Stone Sour. Quoiqu’il en soit le groupe nous a offert un bon concert de rock bien pêchu comme on n’en avait pas vu depuis un moment… et à la limite c’est ça le plus important.