Qu’il fut beau ce samedi 23 Mars 2003, le soleil brillait, il faisait bon sortir et en plus il y avait un petit concert sympa qui avait un peu des allures d’affiche du siècle. Pensez donc, Zimmer’s Hole (ZH), The Devin Townsend Band (DTB) et Strapping Young Lad (SYL) tout ça le même soir, dans la même salle, que demander de plus? Que je raconte la soirée pour ceux qui n’y étaient pas ? Pas de problèmes.
18h50, entrée dans la salle, visiblement le concert ne sera pas plein. Renseignements pris, il restait environ 500 places en vente 3 heures avant le concert. Dans un sens ce n’est pas plus mal, on ne sera pas trop les uns sur les autres. Petit tour du côté du stand de tshirts et là, allez savoir pourquoi je lève le nez et…. *bouche ouverte, regard dans le vague*… dieu m’est apparu ! Oui messieurs dames, Gene « la pieuvre » Hoglan en chair et en bulots à 3 mètres de distance. Après les prosternations d’usage, petite photo pour immortaliser « the beast » et l’indispensable gribouillage souvenir pour faire bisquer les copains. Et… et les lumières s’éteignent car il est 19h et ZH entrée en scène pour 45 minutes de pur délire métalleux bien gras comme on les aime.
Le délire de Chris Valagao est assez particulier. En effet, le grogneur en chef de ZH s’est pointé sur scène avec pour seuls vêtements : des cornes de diables, du maquillage rouge sur tout le corps pour aller avec les cornes, un tablier en cuir, une épée en plastique et une bite de 30cm planquée sous le tablier – bite dont je vous détaillerais l’utilisation un peu plus tard 😉
Le set démarre donc sur les chapeaux de roue avec une version anthologique de la non moins anthologique This Is Metal – chanson qui se fout ouvertement de la gueule de tous les groupes de heavy, le tout sous les hourras du public qui n’en peut déjà plus au bout de 2 titres. 3 chansons plus tard, voilà notre Chris qui attrape (au propre comme au figuré) un cadavre en décomposition avant d’annoncer fièrement qu’il vient de se taper nos mères (première utilisation de la bite de 30 cm) – c’est après cette « fine introduction » que démarre Peanut Butter Cunt. Vient ensuite Cheese avec distribution générale de fromage (oui oui il a lancé des tranches de fromage dans le public). La chanson suivante verra la seconde utilisation de la fameuse bite en plastique pour une distribution de générale de vodka orange via la bite en plastique. La distribution de gobelets en plastique ayant tourné court, il arrose donc tout le monde sous le regard halluciné de nos « amis » les videurs. Petit break le temps d’aller chercher en coulisse une caisse de bières pour distribution dans la salle avant d’entamer Drink ! Le concept assez simple de la chanson consiste à boire chaque fois que l’on entend « drink » dans les paroles… autant vous dire que ça n’arrête pas. Le set se conclura sur mes chansons fétiches à savoir Re Anaconda et 1000 Miles Of Cock – ami(e)s de la poésie….
Ce furent ¾ d’heure de pur délire dans une ambiance assez barrée mais somme tout sympathique. Franchement ZH c’est à voir au moins une fois parce que ça vaut le détour.
On profite des 15 minutes de battement avant l’entrée en scène du DTB pour attraper au vol Byron Stroud et discuter 2 minutes avec le charmant bassiste au gabarit de catcheur. A noter que Byron et son camarade Jed Simmons assisteront à tout le set du DTB depuis la salle. Le set du DTB parlons-en ! Quelle claque ! Devin démarre par un solo de 5 minutes avant d’entamer le premier « vrai » titre. Ceux qui doutaient encore du talent du sieur Townsend ont du se rendre à l’évidence, le bonhomme maîtrise non seulement l’instrument mais aussi la composition de main de maître. Tant techniquement que musicalement on atteint des sommets, les mélodies tout en sobriété dégagent en même temps une puissance phénoménale. Le clou du set étant un morceau de près de 11 minutes… ponctué d’un solo qui a frisé les 5 minutes dont 1 minutes 30 entièrement en taping. Devin seul avec sa guitare face à son public, pas d’accompagnement – rien, juste le musicien et son instrument, le tout dans un silence quasi religieux. Une fois le morceau terminé, la salle a tremblé sur ses fondations tant les applaudissements du public furent nourris. Public connaisseur je tiens à le préciser puisque quels que soient les titres joués, ils étaient repris en chœur par toute la salle, que cela soit durant le set du DTB ou de SYL.
Du côté de la set-list, Devin a alterné des titres d’Ocean Machine et Accelerated Evolution. Set-list d’ailleurs fort bien construite puisque les titres n’ont fait que monter en puissance tout au long des 45 minutes de show. Mélodique, magnifiquement interprété, moi qui connaissais surtout le côté « méchant » de Devin par SYL, j’appréhendais légèrement cette partie du concert à cause justement de ce côté mélodique. Je n’en ai été que plus admiratif et conquis par l’autre visage de Monsieur Townsend. Alors Devin, simple illuminé ou pur génie ? Naaaaaaaah, illuminé de génie.
Nous n’aurons droit qu’à 20 toutes petites minutes pour reprendre nos esprits avant le gros morceau de la soirée. Le temps remplir les derniers sac de sable et de fignoler la tranchée et SYL au grand complet est sur scène. On attache le casque et c’est parti pour 1h05 de barbarie. C’est comme d’habitude Velvet Kervokian qui ouvre les hostilités et quelles hostilités. Il n’y aura pas un seul temps mort durant ces 65 minutes. Le seul break que se ménagera le groupe sera pour laisser le temps à Devin de débiter une ou deux âneries sur les membres de SYL. « On est tous un peu bizarre dans ce groupe. Il y a des grands, des gros, des chauves… ».
Hum, vous savez que vous n’allez pas y couper donc voici le petit laïus sur Gene « la pieuvre » Hoglan. Que dire qui n’a pas déjà été dit sur le personnage ? Ce mec est à vous dégoûter de la batterie à tout jamais. Déconcertant de facilité, il s’amuse derrière ses fûts. Là où certains peineraient à sortir la moitié de ce qu’il fait, lui se permet de faire tourner ses baguettes en l’air en plein milieu de passages monstrueux. Quand on lui demande s’il fait ça pour s’amuser ou pour faire du genre, lui répond hilare que ça lui permet de rester dans le rythme. Réponse un peu hallucinante compte tenu de la vitesse à laquelle vont les titres. La vitesse parlons-en justement… en fait non je préfère ne pas trop en parler tant sa rapidité d’exécution est prodigieuse. Ses mains sont quasi invisibles quant à ses pieds… entre les breaks et les roulements atomiques c’est l’apocalypse. S’il ne doit en rester qu’un, se sera lui.
Côté set-list, SYL l’a faite très simple – du gros, encore du gros, toujours du gros : Velvet Kevorkian, Ho My Fucking God, Devour, Bring On The Young, Aftermath, Hail To The New Flesh (en rappel) et bien entendu celle que tout le monde attendait : la gigantissime Detox 100% Gene Hoglan powered en conclusion. Pour moi, ce morceau justifie à lui seul l’achat de la place car il faut l’entendre et surtout la voir en live au moins une fois pour comprendre ce que c’est. Voir Hoglan faire ce qu’il fait sans forcer et en dodelinant de la tête avec un sourire amusé c’est quelque chose. A côté, ou plutôt devant lui il y a Devin qui braille tout ce qu’il peut tout en sortant ses monstrueux riffs. Et ses 2 compères Byron et Jed qui s’en donnent également à cœur joie et ne cachent pas le plaisir qu’ils prennent à être là. Devin le fera d’ailleurs remarquer à plusieurs reprises durant le set.
En bref, 2 concerts de Devin dans la soirée : un mélodique et brutal, du pur délire métal avec ZH, que demande le peuple ? Qu’ils reviennent ? Ca oui on l’espère tous car si vous n’étiez pas à l’Elysée Montmartre en ce 23 mars, vous avez eu grand tort. Ce concert 100% canadien est pour l’instant l’un des meilleurs de 2003 et bien que l’année ne soit pas finie, il sera dur de rivaliser… enfin à mon avis J
“War sucks. We’re north American but don’t blame us. We love France” – DT