Entre dire qu’il faut de plus en plus se méfier des albums de Korn et de moins en moins de ceux de Linkin Park, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement. Autant ceux de LP sont prévisibles au possible, autant ceux de Korn commencent à prendre des directions diverses et variées. Alors doit-on y aller à reculons quand la bande de Bakersfield nous annonce fièrement qu’elle a complètement revue sa direction musicale ?
J’ai envie de vous dire non… mais j’ai aussi envie de vous dire oui.
On retrouve dans See You On The Other Side (SYOTOS) tout ce qu’on aime chez eux : du riff qui laboure, un groove à la batterie que seul David est capable de sortir et même pour la première fois, un passage à la double (yala c’est la teuf chez Korn) et le très indispensable chant Johnathan Davis. Et… comment dire ? Il se passe un truc avec JD. Capable de chose tout à fait extraordinaire (souvenez-vous Untouchables), il semble qu’il ait placé la barre encore un peu plus haut. Véritable faiseur de miracle sur CD, le rendu live n’est pas toujours à la hauteur mais là… quelle claque ! Ce chant maîtrisé, tantôt popisant tantôt hurlé et venu d’on ne sait où… respect Mr Davis.
Mais on est aussi surpris par ce qui change ou ce qui est nouveau comme la multitude d’arrangements electro qui parsèment les titres, la production bien plus froide qu’à l’accoutumée et l’absence de la claquante basse de Fieldy. L’innovation et la prise de risques faisant désormais parti des meubles chez les californiens, on ne s’en étonnera pas. Une fois qu’on s’y est fait, on se demande si ces changements étaient une bonne idée tant le résultat peut décevoir… ou pas.
Je pourrais m’en tenir là et ne pas vous parlez du reste mais se serait criminel car SYOTOS fait vraiment figure d’ovni dans le catalogue kornien.
A l’écoute de la chose, on a l’impression que ces messieurs sont tombés dans la facilité niveau écriture car on a perdu le côté alambiqué et ultra torturé des morceaux qui était une des caractéristiques du groupe, certes mais c’est pour mieux repartir dans une nouvelle direction.
Tour à tour excellente, tout juste bien voir franchement pas terrible dans certains cas, on se demande ce qui arrive à Korn et pourquoi ils font des chansons comme ça. Le fait d’être passé à une guitare au lieu de deux ? Bah non même pas, ça ne se remarque pas. Par contre ce qu’on remarque très clairement c’est que le groupe peine à instaurer une ambiance à son disque. Si chacun des albums précédents avait une tonalité propre qui durait sur toute la durée de l’enregistrement, ici on a du mal à rentrer dans le trip et même si c’est globalement cohérent, ça ne prend pas ou peu comme si Korn faisait du Korn mais sans ce petit truc qui rendait chacun de leur disque spécial, unique et prenant. Difficile en effet d’accrocher à des chansons bourrées d’arrangements pas toujours bien vu et souvent déroutant. Que dire des passages de cornemuse ? Qu’ils sont là pour dire qu’il y en a ? On dirait bien oui. En fait j’ai plus eu l’impression d’écouter du Videodrone (défunt groupe Ô combien sous-estimé et Ô combien génial qui fut signé par Korn justement) que la dernière livraison en date de nos amis de Bakersfield. On sent d’ailleurs clairement que c’est JD qui a pris les reines tellement on retrouve tout ce qu’il aime musicalement dans cet album. On y (re)découvre ce qu’il avait aimé justement dans Videodrone à savoir : un côté new wave/electro barré, un petit côté Misery Love Co. (son groupe culte du moment) pour le côté… barré justement sans parler de passages qui sentent le NIN à des kilomètres. Hors il n’y a rien barré dans SYOTOS, il y a juste de l’inspiration, des influences et quelques bribes d’idées intéressantes ici ou là. Pour un peu j’aurais presque voulu qu’ils poussent encore plus loin les expérimentations, là ça me laisserait presque sur ma faim.
Quoiqu’il en soit, je vous avouerais que je ne sais pas penser de ce disque. Tiraillé que je suis entre les souvenirs de monuments du passés et SYOTOS qui ouvre une nouvelle voie intéressante artistiquement mais qui, personnellement, m’attire assez moyennement. Quand Korn était au sommet, on disait qu’ils pouvaient tout se permettre et que de toute façon ça passerait… là je dois reconnaître que ça ne passe qu’en partie même si je salue et j’apprécie la prise de risque et l’évolution constante de ce monument qu’est Korn.
Tout n’est pas bon sur ce disque, loin s’en faut, mais tout n’est pas aussi médiocre que certains ont bien voulu le laisser entendre.
Déjà déroutés par un Take A Look In The Mirror pas franchement nouveau mais pas franchement ‘back to the basics’, sans parler de l’épisode Head qui a coûté cher au groupe en terme d’image, les fans risquent purement et simplement de boycotter le petit dernier. Grave erreur selon moi même si, il faut bien le reconnaître, c’est le premier (petit) accroc à la discographie jusque là irréprochable de Korn.
Donc je vous pose la question, les rejoindrez-vous de l’autre côté ?