Urban Discipline est le second opus des New-yorkais de Biohazard mais c’est surtout le premier album d’une fantastique trilogie de disques tous plus monumentaux les uns que les autres.
Après un premier opus éponyme passé relativement inaperçu, le gang de Brooklyn déboule en 1992 chez Roadrunner avec cet album, véritable coup de poing dans la tronche tant par sa richesse musicale que par ses paroles hardcore ‘till death.
Avec Urban Discipline, Biohazard affine les bases de ce style de hardcore qui leur est très personnel et à la fois typique de ce qui se fait sur la scène new-yorkaise à l’époque. On se trouve donc face à un mix hardcore teinté de métal rythmé par une basse vrombissante accompagnée du chant rauque d’Evan Seinfeld (basse), de celui plus aigu de Billy Graziadei (guitare) et des 4 en choeurs sur les refrains. Les 2 chanteurs alternants passages hurlés et rappés afin de bien marqué l’intensité de leurs paroles. En effet Biohazard fait parti de ces groupes qui n’ont pas peur de pondre des textes engagés qui tapent là où ça fait mal. Sont ainsi passé en revue les thèmes récurrents que sont le racisme, les gangs et la vie dans les quartiers défavorisés (Urban Discipline).
Sorti un peu avant le début de la vague rap/métal des mid 90’s, Urban Discipline est en quelque sorte une des référence du style. Superbe mélange des genres, il mêle avec succès les rythmiques hardcore en réussissant le tour de force d’y coller un phrasé rappé aussi percutant que les textes. Les rythmiques tantôt mid-tempo et plutôt lourdingue sont compensés par des titres plus court mais bien plus rentre dedans. Le groupe alternant judicieusement les deux comme pour renforcer l’impact des chansons.
Les morceaux sont d’ailleurs tous fignolés aux petits oignons.
Si les intros sont soit des passages de basse biens gras soit des samples, la suite varie les plaisirs entre démarrage en trombe à grand coup de riffs simple mais efficace et montée en puissance sur fond de grosse ligne de basse. L’exemple typique est ni plus ni moins que la chanson titre : Urban Discipline. Dans l’ordre : petit sample pour s’échauffer, roulement de toms pour mettre la pression, grosse basse pour alourdir le tout puis la machine se met en route sur un bon gros tempo à mosh part. Là on retrouve nos 2 compères qui s’égosillent à tour de rôle puis toute la bande qui hurle sur les refrains et le petit solo pour faire bonne figure. Oui je sais dit comme ça c’est un peu caricatural mais l’efficacité ne se dément à aucun moment. Dans le même style je ne peux que vous conseillez Loss (qui donne de furieuses envies de mouliner) et je ne parle pas d’Hold My Own, certes c’est plus lent mais pour du Biohazard 100% pur jus, la dernière minute trente est à se rouler par terre de bonheur. Je me dois aussi de vous parler de l’excellente reprise de Bad Religion qu’est We’re Only Gonna Die From Our Own Arrongance. Du punk passé à la moulinette brooklynienne ça le fait à mort, notamment le passage mid tempo où les 4 gueulent tout ce qu’ils peuvent. Du grand art.
La version digipak se voit doter en bonus de l’excellente Hold My Own, initialement chanson cachée sur la version normale du disque et de deux titres live énorme que sont l’inusable Punishment et Shades Of Grey.
Biohazard nous sert un des ces tous meilleurs albums, musicalement hyper abouti, ce crossover métal/rap/hardcore préfigure de ce que sera l’énormissime State Of The World Address. Du bon, du gros, du lourd, du new yorkais comme on en faisait en 1992, en somme du 100% culte.