La grande mode du moment dans le hardcore c’est le métalcore. Ca consiste à prendre des parties typiquement coreuses et à les mixer avec d’autres styles. Dans nos pages nous avons déjà abordé le cas de Darkest Hour et As I Lay Dying qui optent pour un mix death/hxc du meilleur effet.
Avec Bleeding Through (BT), on attaque la chose encore différemment. Là on ajoute carrément des solos façon « bay area » pour accentuer le côté thrash et surtout on met du clavier typé Dimmu Borgir pour l’ambiance par-dessus des compos dantesques structurées comme des mocreaux de death mais avec un son et une voix venant du hxc (ce qui me fait dire que BT c’est le Dimmu du hxc lol). Je ne sais pas si vous me suivez mais BT c’est un mélange de tout ça et… putain ça le fait GRAVE.
Loin d’en être à son coup d’essai, le groupe, dont c’est le 2éme album, change radicalement de style afin d’opter pour ce mélange totalement hallucinant et d’une efficacité pourtant redoutable.
Le disque s’ouvre sur Love Lost in A Hail of Gun Fire, titre tout simplement hallucinant si l’on s’attend à tomber sur du hardcore. Avec ce clavier si envoûtant, ce solo qui part à 300 à l’heure, cette mélodie imparable et ce chant tantôt d’une agressivité rare tantôt hyper mélo et posé. Certes la transition avec le titre suivant fait mal aux oreilles mais ce morceau est un bijou, on souhaiterait presque en avoir tout le disque sur ce modèle.
On part ensuite sur des morceaux comme City of the Condemned. La chanson part sur un air de clavier avant un tonitruant roulement de batterie qui dégénère en blast beat… la suite est « plus conventionnelle » avec des rythmiques éprouvées mais on n’est jamais à l’abri d’un retour du blast. Ajoutez une voix bien rugueuse et des guitares bien lourdes par-dessus pour finir de concevoir la chose soniquement. Dead Like Me démarre sur le même rythme avec du blastage à tout va, des envolées de claviers suivis par un tempo nettement plus hardcore avant de virer heavy. C’est tout bonnement hallucinant (désolé je ne trouve pas d‘autre mots) de marier ces styles avec un résultat pareil.
Ceci dit, on n’est quand même pas à l’abri d’un retour en force des racines coreuses du groupe, des titres comme Revenge I Seek (paye ton riff qui tue) ou Shadow Walker (Texas Ranger) le prouvent bien et ce, malgré quelques blasts bien sentis.
Sur un plan plus technique, il n’y a rien à dire non plus, tout est carré de chez carré. Le batteur est impressionnant, surtout si il vient du hardcore car une telle variété de jeu est rare, et surtout la capacité de les enchaîner dans un même titre est encore plus rare. La voix à mi-chemin entre le trhash et le hxc tendance deathcore colle parfaitement au tout et le son des grattes, qui a des faux airs de Hatebreed en moins lourd, envoie du gros son tout le temps. Les riffs sont incisifs juste ce qu’il faut et cartonnent toujours au bon moment, bref c’est un vrai régal.
Que dire de plus ? Cet album est un ovni dans la galaxie hardcore mais quel ovni ! Avec un mélange aussi surprenant et aussi réussi on ne peut qu’applaudir une telle audace stylistique et surtout une telle réussite !