Ha canniboul! La sortie d’un nouvel album des new-yorkais (comprendre de l’état de New-York pas de la ville) est toujours un petit événement, pressez que nous sommes de voir ce qui n’a pas changé. Ou si peu.
Car soyons bien clair, ce n’est pas avec A Skeletal Domain que Cannibal Corpse va réinventer la roue. CC domine son sujet c’est indéniable: ça tabasse, ça growle, ça groove, bref tout y est, ceux qui aiment aimeront, ceux qui détestent détesteront.
Je pourrais m’en tenir à ça mais se serait vraiment réducteur tellement tout est maîtrisé de bout en bout. En effet, Corpsegrinder & co poussent le souci du détail très loin et dieu sait que le diable se cache dans les détails. Peu de groupes qui ont pour fond de commerce de faire encore et encore la même chose pousse le perfectionnisme à ce stade.
Au-delà de la maîtrise, on sent un groupe qui bûche son sujet en chiadant le moindre riff, la moindre ligne de basse pour un résultat que l’amateur du genre saura apprécié à sa juste valeur. J’ai envie de dire qu’on sent un vrai amour *violons dans 3, 2, 1…* du travail bien fait et une passion intacte pour le Brutal Death. Tout est ciselé à la perfection, on sent chaque note est pesée, pensée pour faire son petit effet et que, même si la recette est archi connue, ça fonctionne – la chanson éponyme est à ce titre un modèle du genre. Que dire d’un titre du style The Murderer’s Pact qui, en plus d’avoir un riff du genre tranchant, a un groove totalement jouissif? Et je peux vous citer des exemples à la pelle sur cet album tellement il est facile de trouver un petit truc en plus dans chacun des morceaux alors que, comble du comble, de prime abord Cannibal Corpse nous ressert le même cadavre depuis pas loin d’un quart de siècle.
En réalité, le seul vrai gros progrès sur cet album est sa prod. Une espèce de mur absolument énorme aussi massif que lisible et diablement précis. La double peut se faire aussi assassine que mesurée, la basse ronronne et on distingue clairement les doigts du sieur Webster en train de maltraiter ses cordes quant aux guitares, elles coupent, tranchent et laminent tout ce qu’elles peuvent. Rarement Cannibal Corpse aura sonné aussi propre, pour ne pas dire chirurgical si le lexique médical n’était pas déjà exploité par Carcass.
Voila, A Skeletal Domain représente ce qu’est Cannibal Corpse en 2014: un torrent d’amour et de passion pour le Death qui tâche et parle d’abominations en tout genre. Oui, en écoutant juste la moitié de l’album on fait le tour de la question, oui CC recycle à l’envie son style depuis 25 ans mais qui, aujourd’hui, peut se targuer de faire comme eux avec une telle constance aussi bien dans la boucherie fine que l’équarrissage de masse? Personne.
A Skeletal Domain c’est juste le coup de pompe dans ton boule que t’attendais de la part de Cannibal Corpse en 2014.