Corporation 187 (C187) fait parti de ces groupes qui portent plutôt bien leur nom. Le chiffre 187 est un code radio de la police de Los Angeles utilisé pour signaler un meurtre (on y fait couramment référence sur certains disques de rap, voir même sur certains disques de métal). Cette petite précision étant faite dans le seul but de vous avertir que nous allons avoir à faire des gens plutôt excité niveau décibel et que se sont vos tympans qui risquent de morfler violemment.
C187 officie dans un registre relancé au début des années 90 par At The Gates et repris depuis par des groupes comme The Haunted, Dew Scented ou Carnal Forge (CF).
C’est-à-dire du thrash tendance nordique qui marche sur le modèle suivant : compos assez monstrueuses niveau agressivité, efficacité et puissance sonore, toujours ponctuées de solis et de passages de double dantesque. Seulement dans le lot, C187 me fait surtout penser à CF. La voix n’est pas sans rappeler celle du chanteur de CF par son côté criart/aigue.
Seulement le parallèle avec CF s’arrête là car ils n’ont pas le même défaut : la linéarité. Là où CF cartonne à tout va sur 11 titres en suivant toujours le même schéma, C187 attaque à la même vitesse, avec la même hargne mais en tentant de varié un peu les tempos, les ambiances et les idées dans l’approche de chaque morceau. Néanmoins, que l’on soit à l’écoute d’un disque de l’un ou l’autre groupe, le résultat est le même à l’arrivée : on est cassé. J’aime, que dis-je, j’adore les trucs qui envoie du gros son non stop mais à cette cadence là ça devient très vite épuisant – à ce propos je remercie d’ailleurs CF et C187 pour faire des disques de « seulement » 35 min.
En dehors de ce petit souci, on est en face d’un disque à la production soignée (merci Mr Tagtren), au son énorme et de zickos qui donnent tout ce qu’ils ont sur chaque titre. Le batteur a un jeu de cymbales typique du style et n’est franchement pas désagréable, les gratteux touchent leur bille et le chanteur, avec sa voix un peu aigue s’en sort franchement bien malgré un manque évident de variation, il se cantonne à un registre thrash et basta. Au moins on ne peut pas dire qu’ils fassent semblant. Mais à la première écoute, il est vraiment difficile de sortir un titre du lot tant ils semblent tous plus ou moins similaires. Seul le morceau titre, Perfection In Pain, et Ghosts Of Confusion prennent quelque peu leurs distances par rapport au reste au premier passage dans le casque. Se sont les seules chansons où j’ai trouvé des idées intéressantes avec des passages plus posés, une ambiance un peu lourde qui ne se ressent pas du tout ailleurs et surtout des riffs un chouilla plus accrocheurs et qualité de composition dans l’ensemble supérieure à l’ensemble du disque.
Autre point intéressant : les solis. Bien que dans l’ensemble, les morceaux se suivent et se ressemblent, un soin tout particulier a été apporté à chaque solo et le résultat est souvent détonnant (cf Religious Connection). Le second passage m’a permis de voir ce que j’avais manqué la première fois : une variété de titres plus vaste que ce que j’avais imaginé, rehaussant du même coup la qualité globale du disque et donnant ainsi une envie d’y revenir pour être sur qu’on n’a pas manqué quelque chose d’intéressant.
Sans avoir sorti un chef d’œuvre, C187 s’en tire plutôt bien avec ce monstre à l’impressionnant volume sonore. Certainement pas une masterpiece du thrash mais un bon disque qui devrait combler les amateurs du genre… pour peu qu’ils s’y retrouvent au milieu de cette avalanche de groupes.