– « DIMMU BORGIR return after more than 7 years of silence. » Please go back to silence.
– The best Avantasia so far!
– The new Nightwish sounds amazing. Didn’t know, they changed vocalist again.
– We want Mustis and Vortex back!
– Puritomas Holopainen Nighwisthropia
– Dimmu Borgir 1995 – 2007 ╬ Rest in peace ╬
C’est avec ces commentaires élogieux que le premier extrait d’Eonian, Interdimensional Summit, a été accueilli sur YouTube. Comme il est bien connu que la lecture des commentaires YT est un coup à chopper un cancer généralisé au stade terminal quasi instantanément, peut-on vraiment s’y fier?
A priori, à la première écoute le titre est le single catchy qui doit avoir une clause « obligatoire » dans le contrat du groupe. Mais on finit par s’y faire et pire encore, on finit par trouver ça presque correct malgré tout ce qui cloche dans la soupe que nous sert Demi Burger avec son single. La question à 10 Nok est donc de savoir si tout l’album est du même tonneau.
Le groupe fêtant ses 25 ans de carrière et Death Cult Armageddon ses 15 ans (déjà) cette année, il me semble de bon ton de faire un rapide bilan de ce qu’à produit le groupe depuis 2003 avant de parler du petit dernier.
Stormblåst MMV (2005) – remise au goût du jour des plus réussies de l’album de 1996.
In Sorte Diaboli (2007) – ils ont tenté de recycler la formule gagnante de DCA avec un résultat pour le moins mitigé.
Abrahadabra (2010) – a reçu un accueil plutôt frais.
Si je peux réécouter avec plaisir tous les disques de DB jusqu’à Death Cult Armageddon, tout ce qui vient après ne passe plus du tout. Depuis lors, cette oscillation permanente entre fulgurances géniales et morceaux bateaux dont tout le monde se fout dès la première écoute montre que quelque chose s’est cassé.
Là où quelques titres d’Abrahadabra sont pour certains récupérables, sur Eonian l’expérimental côtoie le néant dans un terrifiante ballet qui voit Shagrath et ses compères dépenser une énergie folle pour générer un caca tiède sans réelle consistance que personne ne semble vouloir assumer. Si on perçoit Eonian comme un album de Dimmu Borgir « standard », c’est-à-dire du point de vue Black sympho, on est à mi-chemin chemin entre le naufrage et la fainéantise. Si on le considère plus comme un album de Métal sympho un peu expérimental, alors il y a sans doute quelque chose à sauver. Jamais DB ne s’est autant aventuré hors des sentiers qu’il connaît et maîtrise. Il suffit de voir l’intro de The Unveiling pour s’en convaincre, Council Of Wolves And Snakes tente aussi quelque chose de nouveau en terme de rythmique/ambiance ou bien encore The Empyrean Pheonix qui repart sur les mêmes bases avec une rythmique intéressante avant de sombrer dans un grand guignol Cradelien digne de la grande époque des anglais. Et c’est vraiment là que le bas blesse, les quelques bonnes idées se perdent dans les méandres routiniers d’un groupe qui cache tant bien que mal son manque d’envie dans un enrobage facile et convenu. Tout sonne déjà vu. Le plus triste dans tout ça est qu’Eonian a un prod’ absolument sublime qui, avec un peu plus de fraîcheur dans l’écriture, aurait pu donné un album de Metal symphonique très intéressant, à la place quoi nous avons un album de pseudo Black sympho sans réelle cohérence qui rate pas mal de ce qu’il entreprend. Le clip d’Interdimensional Summit est symptomatique du mal et illustre malgré lui beaucoup de ce qui foire sur l’album:
– Shagrath tente de montrer qu’il n’est là pas que pour financer le prochain Chrome Division en essayant d’avoir l’air très très meuuuuuchant mais fait juste de la peine tellement il manque de conviction.
– Galder dont on aimerait qu’il soit aussi prolifique en riffs et soli qu’il l’est en grimaces. Au moins sa fibre écolo ne fait pas de doute quand on voit le recyclage de riffs.
– Silenoz est le seul à faire preuve d’un peu d’honnêteté en affichant clairement une attitude qui dit « j’m’en bats les couilles frère » © Kaaris.
– le « mec au clavier » attendait vraisemblablement qu’on lui dise « attention c’est à toi dans 3…2…1…! » pour faire jouer son orchestre sur 3 touches. A noter qu’il utilise les 3 mêmes durant tout l’album. De grâce, rendez-nous Mustis.
– Daray dont le manque d’inspiration à la batterie ne doit avoir d’égal que le nombre de zéro sur son chèque.
– le bassiste qui… attendez y’a un bassiste? *vérifie* Ha oui y’a un bassiste. Donc le bassiste qui fait acte de présence…
Pourtant j’adore ces certaines de ces orchestrations sympho, I Am Sovereign (un des rares titres que je sauverai de ce marasme) tutoie le sublime mais pour une chanson de ce calibre, on se farcit des titres à rallonge sans réelle consistance où sont empilés blasts, orchestrations, breaks, choeurs et riffs dont l’ordre d’apparition semble varier en fonction de l’humeur.
Le sentiment qui prédomine quand on arrive au bout d’Eonian est celui d’un gâchis. Un retour attendu par pas mal de gens (moi y compris), une promo monstre, un coût de réalisation qu’on imagine conséquent (vache à lait de Nuclear Blast oblige), tout ça pour quoi? Pour 10 titres un peu bâtard interprétés avec autant de conviction qu’un acteur porno jouant une scène de « comédie » entre 2 prises sur la machine à laver.
Dimmu Borgir nous sert ici ce que je qualifierai de « second accident » de 2018 après le Catharsis de Machine Head. Pourtant j’ai eu envie d’y croire, j’ai eu beau retourner le problème dans tous les sens, rien n’y a fait. Si je peux sauver l’artwork et les visuels promos qui sont sublimes, je ne peux hélas pas en dire autant de ce qu’ils tentent de promouvoir.