4 ans! Il aura fallu 4 ans à Shagrath et ses potes pour pondre le successeur de Death Cult Armageddon, projet ultra ambitieux qui avait fait grincer des dents chez les fans de la première heure car le groupe décidait d’être moins « raw » que sur ses précédents opus, eux même déjà plus light comparé à un Stormblast par exemple.
Alors?
Alors pour être très honnête, 4 ans pour accoucher d’In Sorte Diaboli (ISD) ça me paraît un peu beaucoup. Certes la tournée a été longue mais faudrait voir à ne pas pousser mémé non plus.
Vous me direz, qu’ISD est un album concept et que chacun de ses 9 neufs titres a une raison d’être bien précise, que ça se passe au Moyen-Âge, que l’histoire du gars qui devient sataniste c’est cool blah blah blah… oui tout ça c’est très bien mais faudrait-il que la musique racontant cette histoire soit de haute volée. Hors, au mieux, elle est tout juste moyenne. Je fais peut-être la fine bouche, mais quand on sort un album du niveau de Death Cult Armageddon, comptant 12 titres pour pas moins d’une heure trente de musique, les 40 minutes de ISD ont du mal à passer.
Le problème, n’est pas au niveau de la prod ni des arrangements, nous parlons de Dimmu Borgir tout de même ! Non en fait le problème se situe au niveau des compos. Dimmu fait du Dimmu… mais sans se fouler!
ISD se veut comme un retour aux sources après des albums plus « mainstream », du coup la structure des titres mélange les plans avec plus ou moins de bonheur et l’on se retrouve parfois avec des enchaînements assez étranges. Ca s’enchaîne mais ça fait raccord bricolé à l’arrache. De même, certains riffs ne sont pas ultra inspirés, idem pour les interventions de Vortex. Ca donne parfois l’impression qu’on les a mise là pour dire qu’elles y sont, celles sur The Serpentine Offering me choque particulièrement.
Puisqu’on parle de The Serpentine Offering, c’est le seul morceau qui a mes yeux contient l’unique moment d’extase pure du disque. L’intro, les arrangements de Mustis sur les cuivres et l’espèce de riff ultra headbangant, un classique chez Dimmu, avec le mur de double en fond constituent pour moi le point d’orgue de l’album. Ca bascule dans le nawak total vers 1min 45 avec un espèce raccord « que tu sais même pas d’où il vient ».
Ca c’est ce que je pensais après 1 semaine d’écoutes intensive du machin. Le temps pour moi de le laisser reposer quelques jours et de revenir dessus pour me rendre compte que j’étais passé à côté de certaines choses et qu’ISD était en fait un poil plus fin qu’il n’y paraissait. Certes les défauts cités plus haut me chiffonnent toujours un peu mais le disque est bien plus accrocheur qu’il n’y paraît et on se prend à avoir en tête bon nombre de passages d’une efficacité redoutable à défaut d’être vraiment originaux.
Comme je l’évoquais précédemment, la prod est extraordinaire. Le son est simplement merveilleux et tout est bien en place. Ajoutez à cela des musiciens de talents, Mustis très bien inspiré avec son clavier, Shagrath maniant sa voix à la quasi perfection (seul le passage « pow pow pow » façon rappeur du Bronx de The Conspiracy Unfolds m’a tiré une fou rire la première fois), et Vortex débale son chant clair avec la maestria qu’on lui connaît malgré des arrivées parfois incongrues au milieu des titres. Reste Hellhammer en pigiste de luxe à la batterie qui sort une très grande prestation avec un jeu ultra propre et puissant (il y a dans ce disque quelques séances de tartinnage qui vous feront vous interroger sur le nombre de jambes du bonhomme tellement ça va vite). Enfin comme le dit Silenoz dans notre interview : « Hellhammer à la batterie peut tout jouer ». Tu m’étonnes… Concernant les guitares, rien à dire au niveau du jeu, seul les riffs pêchent parfois par leur manque d’inspiration.
4 ans donc… j’ai envie de dire tout ça pour ça! Le disque est bon, voir même très bon par moment mais je ne peux m’empêcher de conserver un avis mitiger sur quelques points. Dimmu fait du Dimmu… mais sans trop se fouler. Quoiqu’il en soit, ça reste de bonne facture.