Trop d’infos pour donner un début d’explication à l’existence même de cette chose.
Commençons par le commencement.
Mate. Feed. Kill. Repeat (MFKR) est le premier album de Slipknot sorti en 1996, celui un peu honteux qu’on n’assume plus trop. A ce jour, la version officielle donnée par Shawn « Clown » Crahan (seul membre encore actif au sein de Slipknot à avoir participer à l’enregistrement) est qu’il s’agit d’une démo. Ca c’est pour le contexte côté Slipknot.
Alors pourquoi donc Kaosis, collectif néo-zélandais versant dans un gloubiboulga mélangeant Metal, Dubstep, Drum N’ Bass, Punk et j’en passe, a t-il réenregistré l’album? C’est « très simple ». Durant le Nu Metal Mayhem Tour 2023 qui s’est tenu en Australie et en Nouvelle-Zélande, Anders Colsefini (chanteur original de Slipknot) a interprété l’album dans son intégralité en duo avec Waylon Reavis – un ancien des masqués (!!!) de Mushroomhead. C’est là que s’est faite la rencontre avec Kaosis. Et quelques mois plus tard nous voici avec cette version réenregistrée de MFKR dont s’est (déjà) désolidarisé Colsefini. Ce dernier prétextant que le mixage de la version distribuée n’a pas eu sa validation. Drama un jour, drama toujours.
Qu’apporte donc cette nouvelle version de MFKR hormis un peu de pub à Kaosis et à Colsefini? Artistiquement ? Pas grand chose hormis peut-être une meilleure prod globale. L’original, bien que petit budget et dans son jus, sonne toujours de bonne facture. Ici tout est plus lisible, lisse, propre. Perdant au passage l’aspect crasseux et les ambiances dérangeantes que savait faire Slipknot à l’époque. Et passant de fait à côté de l’essentiel.
Prenons Gently. Sur MFKR « 1996 », la lenteur du tempo, le son des guitares, la montée en hargne dans cette ambiance cradingue en faisait un morceau de choix. Slipknot l’a bien compris et la version remise au goût du jour sur Iowa conserve toute cela. Le chant habité de Corey Taylor et la puissance de la prod de Ross Robinson en plus. Sur MFKR « 2024 », Kaosis joue le morceau. Point. On ne sent aucune appropriation ou envie de s’investir dans ce que le titre veut faire passer. Ca plus le chant de Colsefini qui est toujours « bof ».
Preuve si il en fallait que le mieux est parfois l’ennemi du bien, cette reprise de MFKR par Kaosis met en exergue l’importance de la production dans l’orientation que l’on souhaite donner à la musique.
Aujourd’hui, la technologie permet à tout le monde d’avoir un son réservé aux gros artistes il y a encore 10 ans. Donc imaginez le bon lorsqu’il s’agit d’un disque vieux de 28 ans! Là où je veux en venir, c’est qu’avoir choisit de faire un production léchée à un disque, certes limité par les moyens financiers et la technologie de l’époque, qui se voulait délibérément dérangeant est un non sens total. Soit Kaosis n’a pas saisi les choix artistiques fait à l’époque et est passé à côté du fond. Soit le choix est volontaire et à ce tarif là autant s’approprier la musique en y ajoutant l’identité du groupe. C’est d’autant plus incompréhensible avec la présence d’Anders au chant.
Soit c’est le choix du « on va se faire un peu de pub à peu de frais ». On enregistre le machin à la « va comme j’te pousse » et advienne que pourra.
Quel que ce soit le choix qui a dicté la direction du projet, ce MFKR « 2024 » ne fait pas honneur à MFKR « 1996 ». C’est impersonnel, clinique et si c’est ça la touche Kaosis. Je passe.