La dernière foi que je me suis penché sur le cas de Mushroomhead c’était en… ho putain! Ha oui quand même. C’était en 2006 quand j’ai écouté leur album de 2003.
Doit-on faire les présentations? Bon d’accord. Mushroomhead est « l’autre groupe » masqué qui a émergé au début des années 2000 et qui bien que techniquement plus ancien que Slipknot n’a jamais su/pu exploser comme le groupe de l’Iowa. Du coup, nos petits gars de l’Ohio se traînent cette image de groupe de seconde division/wannabe superstars qu’ils ne seront jamais. A tort ou à raison?
J’aurais tendance à dire plutôt à raison.
J’ai pour théorie qu’il y a aux USA 3 grandes régions pourvoyeuses en groupes. Les côtes Est et Ouest qui fournissent le gros des troupes aussi bien en terme de qualité que de quantité et « le milieu » où là… c’est un peu plus la foire à la saucisse. L’impression que j’avais à l’heure de gloire du Nu Metal était que les groupes « du milieu » repompaient en moins bien et avec un temps de retard ce que faisaient ceux des côtes. Ou bien, pour se démarquer, en faisait des caisses aussi bien sur le fond que la forme avec plus ou moins de bonheur. Si je garde ce postulat, Slipknot et Mushroomhead entre dans cette catégorie de groupes qui en font des caisses. L’un avec bonheur, l’autre beaucoup moins. Et je ne parle pas que du look. D’un point de vue visuel, Mushroomhead a fait plusieurs fois sa révolution pour en arriver à un stade où les masques sont aussi moches qu’ils sont superbement confectionnés. Et la musique dans tout ça? C’est exactement pareil.
Mushroomhead a plusieurs fois fait sa révolution. D’un Nu Metal très « midwest » à claviers bas de gamme ils ont évolué vers quelque chose de plus velu en signant sur un gros label avant de revenir à des choses plus discutables sur les albums suivants. A Wonderful Life est dans la droite ligne de cette évolution. On met le budget dans le look et le producteur prestigieux (Matt Wallace pour ne pas le nommer) mais on en oublie l’essentiel: les compos. Pour la petite histoire, je possède un CD de Mushroomeahd, XX acheté au Texas en décembre 2001 (avec Pass Out Of Existence de Chimaira dans un Blockbuster Video de Houston #MyLife) et considéré plus ou moins comme un best of qui a l’époque m’avait laissé une impression étrange. Un mélange confus de bonnes idées, des trucs mis là juste « parce que », de grands moments de watzefuk mais aussi avec le meilleur morceau jamais composé par le groupe: Bwomp. Mélange de chant rap survéner’ et de clavier quelque part entre la B.O. de Mortal Kombat et Faith No More. Ha tiens… Matt Wallace est aussi le producteur de Faith No More. Coïncidence? Evidemment que non puisque A Wonderful Life repique énormément de chose à FNM sans hélas avoir ne serait que la moitié de la maestria des californiens.
Si les compos sont du purs Mushroomhead, toujours avec de grands moments de nawak, des breaks venus de nulle part, des changements de plans en veux-tu en voila, le tout donne souvent une désagréable impression de « on avait 50 idées, on n’a pas pu choisir, on a tout mis ». Ça, plus la prod. Mettre Matt Wallace aux manettes ça fait bien sur le papier mais je demande à voir sur quel matériau de base il a travaillé. D’un titre sur l’autre, les guitares changent de ton. On ne ressent pas de cohérence dans le tout, comme si un titre avait été enregistré dans le studio A, l’autre dans le studio B avec du matos différent et puis peut-être aussi dans la cuisine de la voisine. Mais le pire reste la batterie. La grosse caisse change de sonorité d’un morceau sur l’autre. Par pitié choisissez un trig et gardez le! Enfin pour en finir avec ce qui ne va pas: 17 titres. Vous, moi, n’importe qui auraient viré au bas mot 7 à 8 titres de la tracklist. On en revient une nouvelle fois à cette idée de « on n’a pas pu choisir, on a tout mis ». Et vous savez ce qui me flingue le plus? C’est malgré la charrette que je viens de leur mettre, avec 8/9 titres on est sur un album tout à fait correct. Il y a de bons moments (les 5 premiers morceaux font parfaitement illusion malgré la prod) et ça s’écoute tranquillement. Seen It All est une chanson vraiment cool, le chant grassouillet de J Mann, les claviers bien vus, la guitare massive, le kick de batterie en plastique, ça le fait.
Moralité, Mushroomhead est et restera un groupe de seconde division. Depuis le temps que le groupe existe, si ils avaient du trouver la recette pour passer le plafond de verre qui bloque tant de groupes du Midwest, ce serait fait. Peut-être aussi sont-ils content de ce qu’ils ont.