Première chro de 2020 pour un album de 2019 (la base). Et pour encore plus de contradiction par rapport à ce don je parle habituellement: c’est une nana qui chante et c’est du prog. Enfin un peu mais pas que… Bref c’est japonais.
C’était un de ces soirs où je traînais sur Twitch en quête d’un truc potable à regarder et où je suis tombé sur Jason Paradise. Un fou furieux qui joue à Guitar Hero seulement en difficulté ‘expert’, qui a plus de 6000 chansons dans son catalogue et qui accepte de jouer n’importe quoi pourvu que ça lui plaise. Bref le mec a lancé le titre Chronostatis de Released Hallucinations et là, « l’effet WAHOU » a fait son oeuvre.
Aujourd’hui nous nous intéressons au second album de ce duo japonais composé d’Emi au chant et de Kaorin qui compose, produit et est également à la guitare. Les autres instruments étant délégués à des musiciens de cessions – tout avec un petit niveau. Mais vraiment tout petit. Tout ce petit monde propose un Metal se trouvant être un savant mélange de Speed Metal et de prog avec quelques touches d’autres registres ici ou là. Ce qui fait surtout la particularité du groupe, c’est le jeu de guitare de Kaorin qui est… vous voyez le cliché sur les japonais qui poussent le perfectionnisme jusqu’à l’absurde? Maintenant imaginez le truc avec un japonais atteint d’un trouble de l’attention qui joue de la guitare pour « canaliser » son mal. Les riffs sont débiles de vitesse et de précision (Deus Ex Machina), chaque solo est d’une technique frisant l’absurde aussi bien dans les morceaux qui envoient que dans les moments posés (Sepia-End Of Summer).
Ceci étant dit, notre gars a la bon goût de varier les plaisirs et de proposer aussi bien des morceaux très classiques en terme de rythmiques et de structure que des choses qui partent dans tous les sens. The Executioner’s Eye en est un parfait exemple avec un pont à la basse suivi d’un duel de solo entre le piano et la guitare. De temps à autres, on s’autorise un petite folie comme un solo supersonique (A Passing Point), un trip à la Malmsteen voire un délire néo classique qui fait penser à Artension – paie ta référence – sur Memento Mori. La rythmique un poil plus lourde en bonus.
Côté prod, si je vous dis que c’est japonais, vous comprendrez bien entendu qu’absolument TOUT est millimétré et sonne incroyablement bien. C’est cristallin. Le mixage est incroyable car malgré les multiples couches d’instrumentation, tout est parfaitement lisible. Le ronron de la basse m’emplie d’un bonheur sans limite. En gros c’est du génie mais avec un japonais, atteint d’un trouble de l’attention de surcroît, pouvait-il en être autrement?
Bien entendu Imperfection Of Imaginary Numbers ne parlera pas à tout le monde. Le délire à la croisée des chemins entre Speed Metal, Prog avec des touches de Néo classique et de symphonique vendu par des morceaux approchant quasiment tous les 7 minutes, il faut avoir envie de s’y coller. D’autant qu’il faut bien admettre que qualitativement, on fait parfois un peu le yoyo. Néanmoins cet ovni mérite qu’on s’y intéresse. Juste pour le riff épileptique et totalement stupide de Deus Ex Machina qui fait suite à une intro encore plus stupide. Du nawak de génie made in Japan.