Troisième volet de la quadrilogie programmée du Devon Townsend Project, « Deconstruction » devait nous présenter l’aspect burné du projet. Le parallèle avec un groupe du nom de Strapping Young Lad, connu pour être le pendant ouvertement bourrin/barré du sieur Townsend, était quasi inévitable.
La réalité est tout autre.

Si nous sommes bel et bien face à l’album le plus agressif pondu par le « Project », on est cependant à des années lumières de SYL. Le parallèle est-il judicieux tant les 2 groupes sont différents? La question mérite effectivement d’être posée car il est de notoriété publique que SYL était l’exutoire de Devin quand celui-ci était au fond du trou. De son propre aveux il ne voit pas refaire du SYL simplement parce qu’il n’est plus dans l’état d’esprit qui l’a conduit à composer « City » ou « Alien ». Donc quand Devin veut faire du lourd et qu’il a le moral, ça donne « Deconstruction », album riche, complexe, rempli de tellement de choses qu’il faudrait passer des semaines à l’écouter pour découvrir sans cesse des nouveautés ici ou là. Rien de nouveau chez Devin donc, c’est comme ça à chaque album.

The Devin Townsend Project - Deconstruction

Oui mais voilà, pour « Deconstruction » je me passerais de l’analyse de fond inhérente à chaque album du génial canadien car il est pour moi c’est un album un peu fourre-tout. J’adore Devin, j’adule ce mec mais à trop vouloir en faire, il est passé à côté de son sujet en voulant être « trop lui-même ». Le concept à la con, on y est habitué depuis « Ziltoïd » et son extra-terrestre obsédé par le café – ici un végétarien qui va en enfer pour parler Cheeseburger avec Satan. Pour une fois c’est l’aspect musical qui pêche. Pas que se soit mal composé, au contraire, c’est trop bien écrit, trop bien produit, trop remplis, trop quoi!

Du coup c’est la surenchère à tous les niveaux et c’est hélas le point faible du disque. Certes, ça reste d’un niveau tout simplement ahurissant tant côté prod que technique (certains plans de batterie sont affolants) mais pour un passage culte dans un morceau, on doit à côté se coller 10 minutes de cafouilli-bazard (Planet Of The Apes) qui ne sait pas trop dans quelle direction il veut aller. Pour un titre dansant à l’ambiance « Tim Burtonesque » (Juular) ou un autre qui ne dépareillerait pas sur un album de SYL (Pandemic), on gaspille la marchandise dans des morceaux inutilement longs. Et pire encore, quand on a une liste d’invités telle que celle-là – pour mémoire: Paul Kuhr (November’s Doom) , Mikael  Åkerfeldt (Opeth, Bloodbath), Ihsahn (ex-Emperor), Tommy Giles Rogers (Between the Buried and Me), Joe Duplantier (Gojira), Paul Masvidal (ex-Death, Cynic), Greg Puciato (The Dillinger Escape Plan), Floor Jansen (ex-After Forever, ReVamp), Oderus Urungus (Gwar), Fredrik Thordendal (Meshuggah), on tente de faire en sorte que ceux-ci marquent le coup de façon magistrale. Hors ici, ils sont noyés dans l’immensité de la prod et la grandiloquence du tout. Certains ont loué l’aspect complexe et dérangé du tout (une constante chez Devin), ici je trouve qu’il l’a poussé trop loin rendant le tout parfois illisible.

Le sentiment qui se dégage de ce « Deconstruction » c’est un peu celui d’un gâchis pas croyable tant il y a de quoi faire un album capable de mettre toute la planète Metal d’accord d’un seul coup, sans que personne ne trouve rien à redire et ce, pour 50 générations minimum.