Comme Cannae, Zao est surtout connu pour avoir un peu martyrisé Chimaira à leurs débuts. Pour la petite histoire, le concert commun Chimaira/Zao a tourné court car Zao est un groupe chrétien (détail qui a son importance) et que son public avait boudé le set de Chimaira parce qu’eux ne le sont pas.
Quelle belle preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit n‘est-il pas ? Quoiqu’il en soit nous ne sommes pas ici pour disserter sur la religion mais pour voir ce que Zao nous propose avec The Funeral Of God, un nouvel opus dans la lignée de ses prédécesseurs, c’est-à-dire du « christian core » de bonne facture à défaut d’être exceptionnel.
Zao fait parti de ces groupes qui ont été parmi les pionniers du metalcore. Au début des années 90, ils furent un des fers de lance du mouvement alors qu’aujourd’hui, le groupe semble à la peine tant la concurrence est rude. Et pourtant, les petits gars du New Jersey ne se laissent pas abattre et attaque la falaise avec cet album qui va demander 2/3 écoutes pour comprendre.
Comprendre quoi ? Que ça parle de Dieu et de religion tout le temps ? Non pour ça il suffit de lire le livret. Comprendre que le groupe évolue peu depuis ses premiers disques ? Moui si on veut. Comprendre que ce disque semble assez moyen de prime abord alors qu’en fait il se révèle être plutôt bon, voir même très bon ? Nous y voila.
Le fond du problème est là. A la première écoute, c’est un disque de metalcore on ne peut plus classique. Voix coreuse à souhait, rappelant parfois celle d’un Tomas Lindberg pour le côté guttural aigu, alternant passages bien joufflus et chant clair accompagné de chœurs. Guitares lourdes, gros riffs et bien entendu les inévitables passages de double pédale et voila. Je pourrais m’arrêter là et vous laissez tirer les conclusions qui s’imposent. Mais ça serait criminel de ma part.
Allez savoir pourquoi, on a envie d’y revenir… la faute peut-être à des riffs sonnant parfois émo qui sont un véritable bonheur, la belle voix grave du chanteur quand il chante ‘normalement’ et cette basse absolument monstrueuse avec un son métallique à faire grimper au rideau, sans parler de ses ambiances aux airs mélancoliques et prenantes. The Rising End est à ce titre, un pur moment de bonheur, tout en finesse et en sensations.
Cependant, Zao est capable d’envoyer la sauce si nécessaire ( Praise The War Machine, The Last Revelation) avec des influences hardcore très marquées et des chœurs qui donnent une touche unique au titre. Truly, Truly, This Is The End dévoile encore un autre aspect du groupe. Avec cette chanson, Zao montre presque un visage démoniaque (si vous me passez l’expression) tant le riff est malsain comparé au reste. Le groupe joue d’ailleurs sur cet antagonisme durant toute la chanson avec des passages mélodiques au chant clair et le final paradisiaque contraste avec ce début infernal (putain quel riff !). Le bridge est d’ailleurs fort bien amené sur ce titre qui est certainement un des meilleurs du disque et accessoirement un des mes préférés.
En fait, la seule chose qui me gêne vraiment sur ce disque, sans parler du peu d’évolution par rapport aux albums précédents, c’est sa production. C’est bon mais ça manque cruellement de volume. C’est gros alors que ça aurait pu/du être énorme. Certains diront que je chipote mais bon… Le mixage des voix me laissent quant à lui perplexe. La voix est parfois en retrait, au même titre que les chœurs, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Ceci dit, cette sensation tend à s’estomper après plusieurs écoutes.
Etrange.
Soyons honnête, The Funeral Of God n’est pas le disque de metalcore de l’année, d’autant que dans les 12 derniers mois la concurrence c’est intensifié. Zao marque le pas et semble ne plus autant faire avancer sa musique que par le passé mais dans le fond, même si ce n’est pas la révolution, on est très loin d’avoir un mauvais disque. De cet album se dégage un petit je ne sais quoi qui le rend attachant et qui le démarque tout de même des copains. Sans doute ce côté mélodique qui contraste avec la surenchère de brutalité des Cannae, Black Dalhia Murder et autres As I Lay Dying.
Le petit dernier de Zao est bon, pour ne pas dire très bon.
La messe est dite. Amen.