Après un album et EP plein de promesses, il était temps pour notre trio néo-zélandais de se rappeler à notre bon souvenir. Histoire enfin de voir si tout le potentiel qu’on les suppose avoir va (enfin?) se confirmer.
Quoi de neuf chez Alien Weaponry? Hormis le fait qu’ils ont tous pris de l’âge, il y a un nouveau membre. Tūranga Morgan-Edmonds remplace Ethan Trembath à la basse. Perd t-on au change? Pas vraiment. Le style du petit nouveau se fondant parfaitement dans celui du groupe. A part ça…
…j’aimerai pouvoir dire que Tangoroa me laisse sur le cul. Mais non. Enfin si il le fait en quelque sorte. Je suis en effet sidéré par l’absence de progrès significatif depuis leur EP Ahi Kā de 2019. Fun fact qui ne l’est pas tellement en réalité, Ahi Kā, qui est présente sur l’album tout comme Blinded qui la complétait sur l’EP de 2019, est la meilleure chanson de l’album. Et pour cause, c’est sans doute celle qui est la plus rythmée. Ouais ça pique.
En ce qui concerne le reste de l’album, on retrouve presque tous les travers que j’évoquais déjà il y a 3 sur Tü. Le mid tempo quasi réglementaire et l’omniprésence de breaks en veux-tu en voila. Comme si c’était pour masquer la relative pauvreté des riffs de Lewis. De même l’essai de chant en voix de tête en ouverture d’Unforgiving n’était sans doute pas la meilleure des idées. Certes on peut saluer l’effort mais cela met surtout en lumière les limites vocales de Lewis. Ce dernier semble avoir atteint un plafond de verre et ne semble pas en mesure d’aller au delà pour l’instant. De même pour ce qui est des riffs, les compos binaires sur une 7 cordes accordée très bas, c’était rigolo il y a quelques années, maintenant même les caciques du genre sont passés à autre chose (8 cordes pour Ektomorf – LUL). En fait, le seul des 2 frères qui semble avoir vraiment progresser est Henry dont les propositions à la batterie vont finir par me faire dire qu’il mériterait presque un autre groupe.
Pour ce qui est de la musique en elle même, dans le registre Metal Tribal, les places sont déjà prises et pour se faire un place au soleil, il va désormais falloir un peu plus que des hurlements maoris en guise de choeurs.
A trop en vouloir en faire, le groupe a perdu de sa spontanéité qui permettait d’excuser certains écueils. Unforgiving (encore elle) fait un peu office de gloubiboulga dans lequel on fait des essais. Au chant en intro puis dans la structure du morceau avec une accélération lorgnant vers le Prog. Ce passage plutôt réussi est gâché par un final cafouilli bordel qui aurait fait crier au génie début 2000 durant les grandes heures de Soulfly. Sauf que là c’est non.
Je ne m’explique pas cette volonté à vouloir faire des chansons aussi compliqués avec des tempos aussi lents alors qu’ils se défendent bien quand ils montent dans les tours. Résultat Tangaroa ressemble le plus souvent à une orgie entre Soulfly, Ektomorf et Gojira qui aurait mal tourné.
Ca manque cruellement d’inspiration, les références aux groupes sus nommés n’ont aucune espèce de finesse et on n’a pas terminé le second morceau qu’on trouve déjà le temps long. Imaginez dans quel état on se trouve rendu au douzième.
Le bilan de Tangaroa est donc plus que mitigé. J’ai voulu y croire mais il y a un moment où défendre l’indéfendable devient impossible.
Ha si un dernier truc, la prod est bien meilleure que sur Tü. Voyez j’essai…
Non vraiment sorti de ça, il est compliqué de vouloir à tout pris sauver quelque chose. Il va falloir corriger le tir sur le prochain disque parce qu’on se rapproche dangereusement du fond et être bon sur scène ne va plus suffire.