Dans un monde dominé par les multinationales, où les gouvernements sont corrompus, où les religions manipulent les masses, le dernier recours des innocents, des faibles est… non pas K2000 mais les Corporate Avenger.
Ce gang masqué basé à Los Angeles reprend le flambeau contestataire abandonné par le punk et dans une moindre mesure le rap en prenant un malin plaisir à taper là où ça fait mal… très mal.
Si la musique – mélange de rock et de Hip Hop avant un chant rappé 90% du temps – n’est pas en soit révolutionnaire, la particularité du groupe se sont ses paroles. Ici, pas de subtilité ou d’images usées jusqu’à la corde pour faire passer son message, on dit très fort et très clairement ce que l’on pense quitte à se faire des ennemis par paquet de cent. Et croyez-moi, y’a longtemps qu’ils ont arrêtés de compter.
Pour s’en convaincre, il suffit de simplement poser les yeux sur les titres et là… on se demande presque comment un disque pareil a pu être sorti. Non pas que je fasse ma chochotte mais quand j’entends que (par exemple) Marilyn Manson est le diable personnifié pour certains, là se serait carrément l’apocalypse.
Bref, on attaque gentiment sur ce qui est le sujet de prédilection du groupe: la religion. Christians Murder Indians taille un costard sur mesure aux très catholiques conquistadors espagnols, The Bible Is Bullshit – véritable morceau d’anthologie – démonte violemment les 3 grandes religions monothéistes en les accusant de détruire l’Humanité à cause des guerres qu’elles provoquent. Le refrain est un pur joyau dont je ne peux m’empêcher de citer le passage que je trouve le plus « savoureux » : The Bible is bullshit, the Koran is a lie, The Bagavad Gita did not fall from the sky. Voila, si avec ça toutes les grenouilles de bénitier de France et de Navarre ne font pas une attaque… et ben on leur envoie Jesus Christ Homosexual dans laquelle la naissance du Christ est carrément remise en cause – et de manière plutôt crue. On peut aussi traiter Dieu de dealer… God made it, men use it, governments put people in cages for it – tout est dit. Sachant que les Corporate Avenger sont inséparables des Kottonmouth Kings (grands consommateurs d’herbe devant l’éternel), le discours pro-marijeanne n’a rien de surprenant
Leur autre grand cheval de bataille c’est l’état Américain. Web Of Lies, FBI File, 20$ Bill sont des titres incendiaires contre les inégalités sociales aux USA, l’absence d’aide de l’état ou bien son côté big brother. Tant qu’on y est on cartonne aussi la maréchaussée à grand coup de pompe dans la fourmilière (Fault The Police, Pig Is A Pig). Bref, tout le monde déguste.
Comme je le disais plus haut, la musique ne brille pas par son originalité mais sa simplicité et ses beats entraînants vous restent en tête quasi instantanément. Il y a de forte chance que dès la première écoute de Christians Murder Indians vous soyez en train de chanter et de bouger la tête en rythme. Jesus Christ Homosexual vous fera swinguer dans votre salon c’est moi qui vous le dit, la vrombissante basse et le discret riff de gratte bien haché feront leur petit effet. De même The Bible Is Bullshit, malgré son intro très religieuse, vous poussera insidieusement à vous prendre pour un rappeur du Bronx avec les mimiques et l’attitude tellement le beat est incitatif malgré son tempo plutôt lent.
Malheureusement tous les titres ne sont pas logés à la même enseigne pour ce qui est du traitement musical. Web Of Lies part sur un rythme beaucoup plus soutenu et le chant est bien plus criard ce qui l’a rend moins digeste, Heaven’s Joke en est tout l’opposé et perd de son intensité.
A croire que pour la musique le groupe a privilégié les titres les plus hardcore au niveau des paroles. C’est un peu dommage car au final on ne retient musicalement que les 4/5 titres les plus bourrins lyriquement parlant.
Certains verront ce disque comme une galette totalement démago qui n’a pour seul et unique but que de provoquer et de choquer en tenant un discours scandaleux. C’est toujours le problème quand la musique s’attaque à la politique. Mais malgré le fait qu’il soit complètement irrespectueux, il est aussi complètement jubilatoire pour peu qu’on n’ait pas d’ oeillères. Ce brûlot de 13 titres est un véritable hymne à la liberté de penser et de s’exprimer.
J’adore… que dis-je, j’adule ce disque pour tout ce qu’il est et ce qu’il représente. Il fallait oser et rien que pour ça je dis bravo.