Après avoir découvert Darkane par hasard il y a un peu plus de 2 ans de ça grâce au très bon Expanding Senses, j’attendais leur retour avec impatience et appréhension. J’ai tellement aimé leur précédent album que j’avais peur d’être déçu par celui-là et je craignais aussi les « prouesses » vocales d’Andreas Sydow qui est le gros point faible du groupe. Alors quid de Layer Of Lies ?
A la lecture de la tracklist, on s’amuse à repérer les délires du groupe. On observe ainsi Klaustrophobic Hibernation, référence au guitariste Klas Ideberg (« Ide » voulant dire hibernation et « berg » montagne – oui je parle suédois couramment), Maelstrom Crisis où son compère Christofer Malmström se lâche et enfin (Amnesia Of The Wildoerian Apocalypse) l’intro qui fait clairement référence à mon chouchou : Peter Wildoer, batteur de son état.
Musicalement on est tout de suite surpris par cette intro, théâtrale et orchestrée un peu à la manière d’un Death Cult Armaggedon de Dimmu Borgir… on devine déjà l’accompagnement de l’entrée en scène du groupe lors des prochains concerts. Pour le reste, je m’attendais à entendre du très bon death mélodique comme sur Expanding Senses et… pour le coup je suis resté sur le cul. L’est où mon death mélodique ? *cherche* Ha ben il est là mais j’ai été un peu perturbé par l’apparition d’un côté thrashisant assez inattendu. Visiblement le groupe a pris le parti de faire un mélange très orienté death/thrash, toujours avec pas mal de mélodies mais avec énormément de contre temps, ce qui a pour effet de saccader certains passages des chansons. Ajoutez à cela le chant essoufflé et pas toujours juste d’Andreas Sydow et vous obtenez un mélange surprenant, pas désagréable mais quelque peu déroutant.
Au fur et à mesure des écoutes, on se rend compte que le groupe a mis le paquet au niveau des compos et de la prod (faut bien justifier les 6 mois de studio). Les musiciens se sont fait plaisir et la qualité musicale est au rendez-vous. On reconnaît sans peine le style du groupe et notamment celui de mon « ami » Peter avec son jeu si caractéristique – toujours au taquet sur la ride et la cloche (Contaminated) ce qui a le don de me faire grimper au rideau *Peter je t’aime*. Quand vous écouterez le disque, gardez en mémoire qu’avant d’entrer en studio, Peter n’a pas touché une batterie pendant plus de 6 mois à cause d’une blessure – oui je sais ça calme. Ses petits camarades ne sont pas en reste, Klas Ideberg et Christofer Malmström nous sortent des plans dont eux seuls ont le secret et nous régalent avec des riffs aussi inspirés que beaux sans parler des solos qui sont à tomber. Quel Klas !
Comme je le disais plus haut, ce qui affaiblit le tout : c’est le chant. Andreas manque de coffre, on a l’impression qu’il est à bout de souffle quasiment à chaque phrase et s’est à se demander comment il va assurer certains passages en concert tellement il force. Ceux qui ont vu le groupe sur scène ont certainement du constater que niveau charisme ce n’est déjà pas trop ça, alors en plus avec le chant qui part en vrille… C’est d’autant plus flagrant sur les premiers morceaux où on le sent partir très haut en forçant pour arriver au bout de son couplet. Certes ça donne un style personnel au groupe et ce n’est pas forcément désagréable – je dirais même que j’aime bien – mais ça nuit à la qualité de l’ensemble. Darkane paye ici son choix d’un frontman maîtrisant mieux le chant clair que le chant agressif, et surtout le choix d’un asthmatique (sic) pour tenir un débit de parole assez soutenu.
Globalement le disque est plutôt bon, une fois passé la surprise de la première écoute, surtout si comme moi vous écoutez en boucle Expanding Senses, on se régale. Certes ça tire un peu en longueur et le disque n’aurait rien perdu en qualité avec un ou deux titres de moins. D’autant que la dernière chanson (The Creation Insane) a de sérieux relents de Fatal Impact issue de l’album précédent mais je leur pardonne volontiers car ça me donne l’occasion d’écouter Peter dans ses œuvres avec sa cloche (oui j’en peux plus).
Un peu comme leurs copains d’In Flames, les petits gars de Darkane évoluent dans la continuité. Le groupe affûte son style et n’hésite à donner carte blanche aux guitaristes afin que ceux-ci se lâchent un maximum (il faut dire qu’avec un Klas Ideberg dans le line up se serait criminel de ne pas en profiter) pour pondre riffs et morceaux rudement bien fichus. Vous saupoudrez le tout avec un Peter Wildoer des grands jours et vous obtenez un album tout simplement excellent. Il est au moins aussi bon que son prédécesseur et a exactement le même défaut que ce dernier : un chant pas toujours juste et souvent limite. Dommage car sinon Darkane pourrait légitimement prétendre à trôner aux côtés des In Flames et autre Dark Tranquillity au panthéon des maîtres du death mélo scandinave.