Quasiment 2 ans jour pour jour après la sortie de Mirror, D’espairs Ray revient avec un troisième album intitulé Redeemer. Disque intéressant à plus d’un titre car dans la continuité du changement amorcé sur le précédent mais aussi parce qu’il va encore plus loin dans cette nouvelle direction. Las.

Coll:set, premier album du groupe, alternait titres lourds et mélodiques aux frontières du rock et du métal là où son successeur, Mirror, se voulait plus abordable et limite pop.

D'espairs Ray - REDEEMER

On y retrouvait le son D’espairs Ray, ce sens de la mélodie et des arrangements qui portent la patte du groupe et qui le rendent reconnaissable tout de suite. Ca et le chant d’Hizumi – toujours extra.

Redeemer reprend plus où moins là où Mirror s’arrête. Sur des chansons rock, très mélodiques, avec des arrangements soignés, comme toujours, des plans de guitares beaucoup plus travaillés, des chœurs légers mais fichtrement efficace et… et pi non! A a pu guitares lourdes ni ambiance malsaine. On a perdu le côté glauque et pesant de la musique de D’espairs Ray pour passer à quelque chose de plus léger. Enfin si, ça revient un peu durant Lizard, où Hizumi éructe tout ce qu’il peut sur cette chanson aux faux airs de Garnet par bien des aspects. Redeemer montre aussi les dents avec quelques plans de double et surtout du riff vif et acéré signé Karyu.

Impossible aussi de passer sous silence Lost in re:birth, LA chanson avec le sample qui tue en fond et le chant en anglais (voir plus bas), mais à part ça…
A part ça… j’ai la très fâcheuse impression d’entendre un Mirror bis, reprenant ça et là les très bonnes idées montrées sur plusieurs titres du dit Mirror mais sans cette once d’originalité qui le rendait unique. Le single Horizon, qui est une pure merveille, en est le plus parfait exemple. En même temps, il serait un peu sot de leur part de ne pas exploiter une recette qu’ils maîtrisent très bien. Tout y est, le riff sympa, les arrangements, le chant clair et mélodique et même le petit passage rappé avec les choeurs suivi par le solo de guitare. On connait la chanson (haha) et on pourtant on se fait avoir. Pire encore, j’ai par moment eu l’impression d’entendre de la Jpop avec quelques plans que n’aurait pas reniés An Café sur Yozora par exemple.
Il y a aussi cette manie typiquement japonaise qui consiste à vouloir placer des couplets ou – à défaut – des phrases en anglais au milieu des paroles. Ici c’est moins risible que chez Dir En Grey où c’est la cata en plus d’être imbittable mais ça fait toujours bizarre.

Le disque se conclue sur une expérimentation (PARADOX) et un autre titre au fort relent de Jpop (HEAVEN’S COLOR). PARADOX est une ballade très légère, limite ambiante qui passerait très bien en musique de fond dans une soirée un peu guindée. Il faut reconnaître que c’est assez génial et superbement interprété. A mettre dans votre playlist pour un plan love. *hum bref*

Côté prod, dois-je vous rappeler que nous sommes en présence d’un groupe japonais ? C’est donc forcément HENAURME ! Propre mais sale juste ce qu’il faut pour le côté subversif, puissant et doux pour ne pas faire trop peur, finement ciselé mais brutal parce que c’est du rock (bah oui quand même hein !), le tout avec un mixage à faire pleurer. Un vrai travail d’orfèvre. Du jap quoi…

Pas du tout ce que j’attendais ce Redeemer, j’en étais presque déçu lorsque je l’ai écouté la première fois. Mais comme souvent chez les disques de qualité, il faut y revenir plusieurs fois pour en découvrir toutes les subtilités et les apprécier à leur juste valeur.

Certes Redeemer n’est pas ce que j’attendais mais il n’est pas mauvais loin s’en faut, se serait craché dans la soupe. D’espairs Ray évolue et sa musique aussi. C’est, pour moi, le plus faible des 3 albums du groupe qualitativement parlant mais c’est avant tout un excellent disque de JRock : foutrement efficace, alternant intelligemment les morceaux pêchus 100% D-ray et les imparables ballades à ambiance. Du bon, du lourd et quoiqu’il arrive, une valeur sûre de la scène nippone.