Quand un groupe n’est pas/plus vraiment au coeur de l’actu et qu’il a une certaine renommée, il se doit de toute même faire parler de lui, ne serait-ce que pour rassurrer les fans.
Dans le cas qui nous intéresse, les membres de Slipknot ont décidé de ne pas commettre 2 fois la même erreur et se sont donc débrouillés pour maintenir artificiellement le groupe sur le devant de la scène. Le vide de communication entre Iowa et Vol.3 et les rumeurs de split ayant laissé des traces dans les esprits, le groupe étant dispersé au 4 coins du monde pour diverses activités annexes, Slipknot se retrouve quand même à faire parler de lui avec un album live (qui vaut ce qu’il vaut) en 2005, et avec un DVD cette année. Mais justement, ce DVD, que vaut-il exactement?
Si 9.0 Live se montrait intéressant sur le fond en proposant près de 2h de live, sur la forme, le montage de plusieurs concerts et l’inégale qualité des prestations rendaient un peu bancal l’ensemble. Avec Voluminal, la problèmaqtique serait plutôt inverse. La forme, à savoir le DVD en lui-même, aussi bien son packaging que sa présentation, est de haute volée alors que le fond, en l’occurence un documentaire montrant la face cachée du groupe, frôle le franchement moyen.
En détail cela veut dire que double digipak est superbe, l’artwork est très soigné, Voluminal présente très bien et on prend plaisir à le manipuler et à feuilleter un livret rempli de photos comme j’ai pu en faire des centaines pour ce webzine (c’est à dire flou et pas forcément bien cadrée). C’est voulu, ça donne un genre à l’ensemble et ça se marie plutôt bien avec l’ambiance générale. De même au niveau de l’interface des DVD. Les menus et interfaces font penser quelque peu au film Cube pour l’esprit général du tout. On clique pour voir quelque chose mais on ne sait pas vraiment sur quoi on va tomber… C’est assez sympa il faut le reconnaître. Et puis la séquence d’intro du disque 1 qui tourne en boucle a le don de mettre un petit coup de pression si par hasard on a le malheur d’attendre en espérant voir arriver le menu (non j’ai pas eu envie de taper sur mon lecteur DVD c’est pas vrai vous mentez). De ce point de vue là, ça déboite, le clown s’est bien déchiré en proposant une interface bien fofolle comme lui seul peut les imaginer.
Il s’est également fait plaisir au niveau du montage: à grand renfort de « cut » plus ou moins rapide, de filtres plutôt cradingues, de flous, avec un ajout de grain très prononcé et une utilsation presque maladive du noir et blanc. On a un peu l’impression de regarder le projet Blairwitch en vadrouille à travers le monde. Là aussi ca dépote et c’est du beau boulot… même si il faut bien l’avouer, sur la durée ça rend le tout un peu difficile et fatiguant à suivre, concentration oblige.
Entrons maintenant dans le vif du sujet: le doc. Sachant que les maîtres étalons en matière de doc fait maison par un groupe sur lui-même sont ceux de Killswitch Engage et Chimaira, je vous le dis tout net: celui-là ne tient à aucun moment la comparaison. Là où les 2 autres nous plongeaient dans l’histoire et le quotidien des 2 groupes où tout étaient déballé et analysé avec un regard sincère avec une vraie volonté de partager tout ce vécu, on a ici l’impression qu’on nous le montre parce qu’on a lourdement insisté pour le voir. Pas d’analyse, pas de révélations, on effleure la surface de qu’est Slipknot dans l’intimité, comme si on avait voulu nous apater en levant une partie du voile sans pour autant tout montrer et laisser notre imaginaire faire le reste. Si c’est voulu, bravo, c’est réussi sinon ça témoigne d’un relatif manque de maîtrise dans l’art de présenter les choses. On peut d’ailleurs légitimement se poser la question car l’existence de Voluminal semblait inconnue il n’y a encore pas si longtemps aux membres de Slipknot alors que ce dernier fait office de serpent de mer depuis presque 2 ans maintenant. Coïncidence? Peut-être. Ceci étant dit, il y a tout de même des moments de franche rigolade et des passages qui en montrant peu disent beaucoup.
En fait la seule chose qui m’a faite sourrire un peu méchamment c’est le floutage des visages… là j’ai vraiment trouvé qu’on me prenait pour un guignol. On voit leur tronche partout depuis presque 3 ans, ils ont quasiment tombé le masque officiellement (cf Vermilion) mais non, on floute. Que ceux qui n’ont jamais vu la bif de Corey, Jim et Joey lèvent la main! Craig et Chris à la rigueur je veux bien mais franchement… Sid a sa tronche de cake bien en vue un peu partout sur myspace, Paul a sa tête placardée dans tous les commissariats des USA, Mick ne prend même plus la peine de se cacher quant au clown, les photos promos de To My Surprise ont fini de vendre la mèche. Bref…
Le disque 2 contient pour sa part une fournée de clip (tout ceux de Vol.3 pour être précis) ainsi que des titres live filmés en diverses occasion sur le Subliminal Verses Tour. Globalement c’est très bien filmé et les plus fans d’entre vous reconnaîtrons sans peine le Summer Sonic ou bien la version de Vermilion interprétée lors d’une cérémonie en Scandinavie. Le son est brute de décoffrage n’a pas été retouché, on entend tout même quand ça chante faux. Le petit hic c’est la qualité du son, lui aussi brute de décoffrage. Il aurait été appréciable que le passage par la case « table de mixage » soit envisagé. Encore une fois, si c’est voulu, ça témoigne d’une démarche sincère et cela prouve que le groupe n’a pas peur et se montrer tel qu’il est sur scène, avec ses qualités et ses défauts, d’un autre côté si ça a été pour des raisons budgétaires, c’est mesquin.
Pour conclure…
Objectivement: l’objet est intéressant et a le mérite de proposer une plongée en immersion dans l’univers de Slipknot. C’est très bien fait même si le montage à tendance à parfois trop en faire dans le glauque. Les clips sont un plus appréciables et les divers morceaux live ont l’avantage de montrer le groupe jouer dans diverses configurations scéniques. Voluminal est techniquement irréprochable et ça comblera les fans.
Avis strictement perso: le problème est justement que ça ne comblera QUE les fans… et encore. On sait déjà tout ou presque du groupe. L’intérêt ici est de les voir backstage ou dans leur petite vie de tous les jours. Certes c’est très sympa mais ça n’intéressera qu’une minorité de gens (le doc en est presque chiant par moment). De plus, le contenu supplémentaire ne justifie pas à lui seul l’achat de Voluminal.
Au final: pour reprendre ce qui a été dit plus haut: Voluminal est un pur produit marketing dont la sortie avant les fêtes de fin d’année n’a rien d’anodine et fait écho à la sortie de 9.0 Live un an plus tôt. Et même en faisant abstraction de cet aspect, ce DVD se destine à un public de fans hardcore de Slipknot, public qu’il devrait sans nulle doute combler. Quant « aux autres » (ceux qui ne rechignent pas à écouter Slipknot ou qui posent une oreille sur tout ce qui sort), ils lui trouveront sans doute un intérêt limité.