Un des plus gros serpents de mer en matière de biopic a enfin trouvé son adaptation. Aujourd’hui au programme: « la petite histoire des débuts du Black Metal norvgien »: Lords Of Chaos.
Lords Of Chaos est l’adaptation du livre du même nom écrit par Michael Moynihan and Didrik Søderlind et paru en 1998. Culte auprès de certains, nauséabond pour d’autres, Le ivre a divisé autant qu’il a fait polémique. Le film?
Pour en parler, il faut déjà le voir. Annoncé pour une sortie en salle au mois de mai 2019 (je vous jure que je l’ai guetté dans les cinémas), il est finalement sorti fin juin sur d’obscures plateformes de vidéo à la demande. Tout ça pour dire qu’il a une fois de plus fallu compter sur « le cousin américain » pour pouvoir visionner le film.
Le film
Réalisé par Jonas Åkerlund (clippeur de Rammstein, Madonna, Prodigy, etc… – accessoirement batteur de Bathory au début des années 1980 et qui a donc vécu les événements de près), Lords Of Chaos réuni dans les rôles principaux:
Rory Culkin – Euronymous
Emory Cohen – Varg
Jack Kilmer – Dead
Valter Skarsgård – Faust
Lords of Chaos est raconté du point de vue d’Euronymous et passe en en revue l’histoire vraie de la création du « Trve Norwegian Blak Metal » avec la formation du groupe Mayhem, le suicide de Dead, l’arrivée de Varg, les églises qui brûlent, les embrouilles entre « potes » et finalement le meurtre d’Euronymous. Ne me dites pas que je spoile divulgâche, à ce stade c’est comme si je vous disais que Bruce Wayne est Batman.
Si la première moitié du film se suit avec intérêt parce qu’on se prend d’affection pour ces petits cons et leur délire d’ados rebelles. Le passage à l’âge adulte est quant à lui moins digeste. De l’aveux même d’Åkerlund, il y a du vrai et du faux dans le film. Même sans le savoir, au visionnage il est évident que certaines parties sont « brodées » autour de la réalité – ce qui est perceptible quasi immédiatement dans la réa et fonctionne plus ou moins bien suivant les moments. Je pense notamment à tout ce qui touche aux différentes morts qui traînent inutilement en longueur sans autre justification qu’une surenchère gore, sans parler des problèmes de raccords que cela génère dans le montage. La mort d’Euronymous est un véritable festival du genre.
Il y a aussi quelques faiblesses dans la direction d’acteurs. Face à un Rory Culkin qui joue bien sur l’ambiguïté d’Euronymous, Emory Cohen est possédé en Varg et campe un mec de plus en plus flippant au fur et à mesure que le film avance. Cependant si les 2 sont dans leur rôle, lors de la scène du meurtre d’Euronymous où Varg lui met des coups de couteau a n’en plus finir, on ne sent pas la haine du mec. Sa froideur et son détachement sont en total décalage avec la paranoïa et le jusqu’au boutisme dont il a fait preuve jusque là. J’imagine assez bien Åkerlund dire pendant le tournage de la scène « vas-y, fais comme si tu le plantais jusqu’à ce que je dise ‘cut’ « . Du coup, Cohen a l’air livré à lui même semblant improvisé chaque geste au fur et à mesure. Le malaise est là mais pas pour les bonnes raison. Peut-être qu’un montage un peu moins « plan plan » aurait aidé.
Puisqu’on parle technique, le film a été tourné en partie en Norvège (Oslo et Bergen) et quand c’était possible, sur les lieux des événements – notamment l’appartement d’Euronymous. Les autres décors ont été recréé au plus près de la réalité à partir de photos. Rien à dire de ce point de vue là, ça rend très bien.
Pour ce qui est de l’atmosphère, l’image est belle mais froide, pour ne pas dire glaciale – on est à la fois dans le ton de l’histoire et des lieux. La lumière très crue est un peu déstabilisante si on est habitué aux couleurs criardes et saturées des productions hollywoodiennes. Mais on s’y fait. Reste la réa qui comme je l’ai évoqué plus haut est « plan plan ». La seule petite folie qu’on s’est autorisée de ce point de vue sont les passages en « vrai/fausses » VHS au début du film, ce qui donne un rythme pas déplaisant.
Un avis sur la question?
Les membres de Mayhem – ceux qui sont encore en vie du moins – ont eu des réactions mitigées vis à vis du film.
Necrobutcher râle par principe parce qu’on l’a contacté après que la production du film ait commencé, Attila Csihar (bien que parfois présent sur le tournage) regrette que le film ne traite que de la partie « sulfureuse » de l’histoire du Black Metal. Enfin Varg a très peu goûté (euphémisme) de se voir incarné à l’écran par un acteur juif, parlant même « d’assassinat du personnage » – il faut dire qu’il s’y connait en la matière. BREF Lords Of Chaos est loin de faire l’unanimité.
Pour le péquin lambda, Lords Of Chaos n’a que peu d’intérêt, il y verra un film très moyen sur des jeunes paumées qui sombrent dans les extrêmes.
En fait, le film parlera clairement plus à la communauté Metal. Encore faut-il faire partie des fans de Metal un peu curieux et pas trop regardant sur la qualité. Quant au « trve meuh meuh » il n’a pas besoin de voir le film puisque de facto c’est de la merde commerciale.
Trve Norwegian Black Metal on vous a dit.