Que dire qui n’ait pas déjà été dis sur ce disque ? On a utilisé beaucoup de superlatifs (peut-être même trop d’ailleurs) pour décrire ce disque et dire combien il est (était ?) une véritable tuerie. Replongeons 9 ans en arrière, en plein âge d’or du néo métal quand qui vous savez à débarquer de nulle part, sans prévenir mais en se faisant beaucoup remarquer.
Souvenez-vous, en 1999 à peu près toute la presse mondiale c’est mise à genou devant Slipknot (le disque) avant de s’incliner devant Slipknot (le groupe) et sa redoutable puissance de feu et son torrent de haine. Kerrang! parlait à l’époque de l’album le plus haineux depuis le premier Korn. Tiens donc ! Mais si on la comparaison avec Korn s’arrêtait là on s’en serait tiré à bon compte – j’y reviendrais plus tard.
Slipknot c’est d’abord un groupe, 9 mecs venus de du fin fond des USA avec une méchante envie d’en découdre avec la terre entière. 9 ? bah oui 9 ! Rien de mieux pour se faire remarquer et ils aiment ça se faire remarquer, c’est d’ailleurs une de leur marque de fabrique, toujours à en faire des tonnes pour faire jaser. Et ça marche ! Le Clown a toujours déclaré que « tant qu’on parle d’eux c’est bien c’est que ça marche ». Bref, ils sont 9, ils ont de grandes gueules et ils ont le look qui va bien ! En effet, à une époque où tous les groupes de néo se clonent plus ou moins les uns les autres au niveau du look (pour la musique c’est déjà fait depuis longtemps), Slipknot fait figure de précurseur avec un look outrancier. Fleuriront ensuite une poignée d’ersatz qui auront la couleur du monstre orignal mais pas le goût.
Maintenant que le décor est planté, passons à la musique.
Slipknot c’est aussi et surtout un album symptomatique d’une époque. Signé par l’icône des producteurs de néo métal – Ross Robinson – et produit dans le lieu qui a vu naître le genre – l’Indigo Ranch Studio – le disque met l’auditeur dans l’ambiance avec une intro glauque bien comme il faut avant de se dévoiler pleinement avec des morceaux simplement violents mais très intelligemment structurés. Les riffs comme les rythmiques sont simples, efficaces et les refrains sont de véritables hymnes qui seront repris en chœurs par les fans du monde entier. Ces titres, caractéristiques du groupe (Eyeless, Wait & Bleed et autre Surfacing), sont habilement mélangés à d’autre « plus fins », plus longs, à l’ambiance plus lourde et malsaine et au tempo bien plus lent (Purity ou la géniale Scissors). Véritable marque de fabrique de Slipknot, un titre comme Prosthetics prend une tout autre ampleur en live car on profite en plus d’un véritable show visuel. Car oui en live on a droit à tout le tsouin-tsouin avec le DJ, le gars aux samples et les 2 percussionnistes qui suppléent plus ou moins le batteur ou renforcent la puissance des percus selon les morceaux. Non je n’enterais pas dans le débat sur l’utilité réelle des 9 mecs du groupe.
Au niveau de l’album, le groupe utilise un schéma structurel qu’il reprendra pour ses albums suivants à savoir : intro – quelques titres bien rentrent dedans et facile à retenir – des morceaux plus lents, plus lourds – un morceau final à rallonge.
Côté prod, c’est à mon avis là que le bas blesse. Non pas qu’elle soit mauvaise, loin de là mais Slipknot est un album typé, trop typé même ! Il porte la marque des albums enregistrés à l’Indigo Ranch Studio. Alors certes c’est bien d’humaniser un peu son son, le hic étant que tous les albums sortis de ce studio ont le même son et je dis bien TOUS… en fait non. Tous les albums produits par Ross Robinson dans ce studio ont le même son, en témoigne le premier Korn, le premier Cold, le premier Limp Bizkit, Roots de qui vous savez et Slipknot. De même au niveau du chant, j’ai parfois l’impression d’entendre Jonathan Davis pleurer sur Scissors au lieu de Corey. Cette même Scissors présentent aussi quelques similarité avec Daddy de Korn tant dans son ambiance que dans sa structure – le passage vers 7min est à ce titre assez frappant. On sent là « la vilaine » influence du producteur qui a un peu trop dirigé le groupe. A tort ou à raison.
Alors alors ? Slipknot a débarqué de nulle part en criant plus fort que les autres et… ça a marché ! Cet album leur a ouvert une voie royale qu’ils se sont empressés de suivre pour devenir les maîtres de la scène métal mondiale.
Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître.