Les temps changent, les groupes aussi. Avec ce cinquième album, Soulfly ne devrait en théorie plus rien avoir à prouver. Sauf qu’avec ses changements de line-up incessant, ses albums pas toujours très inspirés, le groupe de Max Cavalera attire les louanges autant que les vacheries.
Aujourd’hui la question est donc de savoir si Max et ses acolytes se sont entêtés dans leur délire tribal / world music comme sur Prophecy ou bien si il s’est passé quelque chose du côté de l’Arizona.
Hé bien croyez le ou non, il s’est passé quelque chose en Arizona ! Une découverte capitale y a été faite ! On vient de retrouver le chaînon manquant entre Chaos AD et Roots ! Non je ne me suis pas trompé de groupe, nous parlons bien ici de Soulfly et non pas de Sepultura mais si il y a un endroit où pourrait se situer Dark Ages musicalement dans la carrière de Max c’est pile à cet endroit. On retrouve toutes les grandes influences du sieur Cavalera dans les 15 titres que compte cet album : le gros thrash, le hardcore, la world music et la musique brésilienne. Et pour une fois sur un album de Soulfly : ça le fait.
La sauce prend du premier coup, le mélange trash / tribal est quasi parfait, l’un ne prend pas le pas sur l’autre et quand des titres mélanges les 2, c’est fait avec beaucoup de soin. Autre point très important, on sent enfin que les chansons ont une âme et ne sont pas que des notes enchaînées les unes à la suite des autres. Certes les paroles ne sont toujours pas extraordinaires mais le niveau musical commence à compenser cette faiblesse que le groupe traîne depuis… 4 albums tout de même.
Alors comment expliquer un tel changement chez Soulfly ? Et bien disons que je fais parti de ceux qui pensent que Max a enfin trouvé le line-up idéal pour son groupe. Il suffisait de les voir sur scène pendant la tournée faite pour Prophecy pour se rendre compte de la mutation qui s’opérait au sein du groupe. Il y avait une réelle cohésion sur scène et tout le monde prenait plaisir à jouer ensemble. Et bien ce plaisir et cette cohésion semblent se retrouver sur Dark Ages. De plus on sent l’apport des petits nouveaux dans les compositions, Marc Rizzo fait en effet un excellent travail à la guitare, l’écouter est un vrai plaisir et ses solos sont dignes d’un Andreas Kisser des grands jours. Pareil à la batterie et à la basse, Joe Nuñez ré hausse son niveau et son compère à la section rythmique, Bobby Burns, s’affirme de plus en plus.
Oui mais voilà, tout n’est pas si rose. Si Prophecy poussait le délire tribal un peu (trop ?) loin, Dark Ages nous ramène à ce que Maxou a fait par le passé. Mais le passé est joueur et il a parfois tendance à ressortir de sa boîte un peu violement… peut-être même trop. Comme je le disais plus haut, il y a des relents de Chaos AD et de Roots mais il y a aussi des vestiges du tout premier Soulfly… à la note près. Sur Innerspirit, on s’attend à entendre Tribe démarrer tellement c’est flagrant. On est forcément déçu par ce manque de créativité, principal reproche que l’on fait à Soulfly depuis le départ.
Soulfly sort ENFIN un vrai album de… Soulfly tout en continuant de faire du neuf avec du vieux, bon pour une fois c’est du bon vieux et le délire tribal de Max est, je trouve, mieux intégrer. Reste par contre des paroles d’une telle débilité qu’on les croirait tout droit sorti d’un album d’Ektomorf lui-même tout droit d’un sorti d’un album de Soulfly. Aïeuuuuh.