Vous aimez Dream Theater? Tant mieux parce que ce dont nous allons parler aujourd’hui n’a strictement rien à voir. Mais alors rien du tout.
En effet, pour leur second opus nos 3 allemands ne semblent pas avoir mis au placard leur Death très « Lovecraftien », en revanche ils ont à priori acheté une nouvelle giffleuse.
Un poil moins aérien que son prédécesseur (Swallowed By The Ocean’s Tide) car moins soutenu par divers arrangements, Gateway To The Antisphere en est malgré tout la très logique suite. Une suite très tèrs énervé.
Souvenez-vous de l’époque Demigod/Evangelion de Behemoth, Sulphur Aeon évolue dans ces eaux là sur quasiment tous les plans. Le timbre de voix fait indéniablement penser à Nergal, la monstrueuse batterie renvoie à celle d’Inferno (ce batteur est un tueur), quant à la basse… on s’est compris 🙂 Enfin se sont les guitares qui font le gros du taf aussi bien en lead qu’en rythmique avec des ambiances pas désagréables. La comparaison avec Behemoth s’arrête ici car là où les polonais mettent un peu d’eau dans leur vin, les allemands eux sont des jusqu’au « boutistes ». Sur les 11 titres de l’album, ils ne lèvent le pied à aucun moment. Vous imaginez donc bien que s’enquiller le machin d’une traite relève au début du morceau de bravoure tellement Gateway To The Antisphere est dense. Il faudra plusieurs écoutes pour cerner la bête et en comprendre tous les méandres.
Sulphur Aeon c’est allemand, Sulphur Aeon c’est gros, Sulphur Aeon ça avoine, Sulphur Aeon c’est du gros Death qui envoie des bûchettes.
Il est en effet compliquer de distinguer le bon grain de l’ivraie sur un disque aussi riche en seulement quelques écoutes. Mais y’a-t-il vraiment quelque chose à jeter dans cet album? Je dirai plus non que oui. En effet, Gateway To The Antisphere a pour plus gros défaut son parti pris d’en mettre plein les gencives, ce qui peut rebuter si on n’est pas adepte du genre. En revanche, pour peu qu’on accroche au style et qu’on pénètre le rideau de double, cet album est une grosse tuerie. Seventy Steps, la seule qui lève un peu le pied, est une petite merveille dans son genre pour l’ambiance qu’elle distille. Le reste, c’est du gros tartinage, certes parfois bas de plafond mais toujours avec une petite subtilité ici où là pour ne pas se contenter d’entre mettre plein les dents – la rythmique de Titans est un vrai bonheur dans son genre. De même, au chapitre des morceaux qui mettent K.O. on peut citer Into The Court Of Azathoth qui fait office de dernière salve assassine avant une dernière offrande un poil plus calme.
La prod est bien entendu monstrueuse. si la basse est un poil noyée dans cette furie sonore, la batterie en revanche domine les débats. On peut argumenter à l’infini sur le mixage très en avant d’une caisse claire over triggée, idem pour ce qui est de la crash. On aime ou pas. concernant les guitares, puisqu’il n’y a qu’un guitariste, les leads sont mixés un poil en retrait, quant à la rythmique, elle est parfois un peu perdu sous le torrent de blast. D’aucun diront que je chipote, mais vu la densité de ce qui est proposé, avoir un son bien lisible est à mon sens indispensable. L’ensemble est cependant de très bonne facture.
Je suis curieux de voir le groupe sur scène. Car si le rendu scénique est à la hauteur est à la hauteur de la puissance de feu du trio sur album, Sulfur Aeon est promis à un grand avenir sur la scène extrême.