Un nouvel album des bruyants australiens de Berzerker c’est un peu comme une visite du cousin machin. C’est tellement étrange qu’on se demande toujours ce qui va nous tomber dessus. Surtout qu’avec le petit dernier et son grand frère, il y a matière à discussion.
World Of Lies avait marqué un important tournant dans le style du groupe. Je ne parle pas du style vestimentaire avec l’abandon des masques mais de l’abandon de la machine au profit de l’homme pour ce qui est de la batterie. Mine de rien ça changeait pas mal de choses, notamment dans les compos puisque du coup on ne se retrouvait plus avec des tempos inhumains et des morceaux qui partaient dans tous les sens. Le groupe avait du « apprendre » à composer des chansons plus structurées et s’était même lancé dans l’aventure folle des morceaux de plus de 3 minutes hors intro. Un truc de fou je vous dis. Le résultat fut pour le moins mitigé.
Sur Animosity, des progrès ont été effectué sur ce point. On découvre des titres plus longs, plus structurés, plus classiques aussi mais pas forcément digne du Berzou des débuts. Exit donc les morceaux ultras speed, bourrins et bas du front. Certes pour le commun des mortels ça reste toujours une bouillie sonore, mais pour nous autres, amateurs de bruits la différence se fait ressentir. On distingue enfin correctement les 2 chanteurs et on remarque qu’ils complètent plutôt pas mal, le son rugueux des guitares est bien plus mis en avant et on constate enfin la présence humaine aux fûts. Ca n’augmente pas pour autant la qualité de l’ensemble.
Ca a donc pas mal ralenti même si globalement ça va toujours plutôt vite, le groupe a gagné en débit vocal ce qu’il a perdu en BPM. Les morceaux sont toujours signés Berzou mais ça évolue gentiment et on en arrive à penser que le groupe a réussi sa transition. De ce fait l’album est aussi plus digeste que les précédents, si World Of Lies était saoulant sur la durée car répétitif, Animosity évite cet écueil grâce à sa durée globale qui est de tout juste 30 minutes (et je compte les blancs entre les pistes).
Un regret supplémentaire concerne l’absence de titre vraiment marquant. C’est d’ailleurs une constante depuis World Of Lies. Si les premiers avaient leur petite perle comme Forever, No One Wins ou la monumentale reprise de Carcass Corporal Jigsore Quandary, là il n’y a pas ce petit goût de reviens-y si ce n’est pour emmerder Madame Michut, votre bien aimée voisine de palier et kiki son bichon maltais. Pour le coup j’en viens à penser qu’avec un peu plus de temps, World Of Lies et Animosity n’aurait pu faire qu’un aurait pu faire qu’un tant le premier semble être inachevé et que le second en est son pendant logique.
En bref, ça tabasse, ça mue tranquillement, ça le fait plutôt pas mal même si je regrette l’aspect totalement barré et expérimental du premier et le côté jusqu’au-boutiste de Dissimulate qui part sa bestialité et sa sauvagerie mettait infligeait un K.O. technique à l’auditeur qui finissait son écoute physiquement épuisé.
De là à dire que Berzerker rentre dans le rang, il y a un pas que je ne franchirais pas… mais ils se sont assagis ça c’est sûr.