Qu’il se transcende, c’est ça que j’attends de Devin Townsend car vu ses dernières sorties, enfin surtout son Z², notre relation est sur la pente descendante et pour être honnête ça m’ennuie. Ca m’ennuie beaucoup.
A la fin de ma chronique de Z², j’invitais Devin à faire un break, histoire de recharger les batteries, prendre un peu de recul et voir si la fibre créative – la vraie, pas celle compulsive qui l’habitait entre 2007 et 2014, allait revenir. Et il l’a fait, il a pris son temps, 2 ans exactement avant de revenir avec Transcendence.
J’avoue ne pas avoir suivi son processus créatif, ne pas m’être documenté du tout sur l’album, son concept ni ce qu’il y a derrière. Je l’aborde donc avec un regard neuf, espérant secrètement que mon déjanté canadien ait retrouvé cette flamme géniale qui l’a habité pendant si longtemps.
Je me lance. Et là… 10 secondes à peine, je me rends compte que rien, absolument rien n’a changé. Dès la première note, tout c’est illuminé, tout est devenu limpide: il est définitivement parti ailleurs artistiquement. C’est fou comme en à peine quelques notes, j’ai su tout de suite que je n’accrocherai pas à ce disque.
Comme d’habitude, ça sonne prodigieusement bien et c’est toujours techniquement irréprochable mais par pitié qu’il arrête arrête de nous resservir les mêmes plats! Chaque accord (ou presque), chaque arrangement (ou presque) a un air de déjà vu (Truth en est le prototype) – c’est moins vrai sur la seconde partie du disque n’empêche… Certains diront que le mec est identifiable à la moindre note et que ça fait parti de « son univers musical ». Oui bon ok, mais « son univers musical » commence a sérieusement sentir le réchauffer. C’est quand même un comble d’avoir un tel talent de s’enfermer de la sorte dans des schémas qui, pour l’auditeur/fan averti, en deviennent prévisible – qu’on ne me dise pas que Failure est autre chose que téléphoné. En arriver au point où, dès la première écoute, on s’attend à entendre telle chose à telle moment et voir la chose se produire c’est qu’il se passe quelque chose. Soit j’ai un don pour voir l’avenir, soit Devin a pris une direction musicale qui privilégie un peu la facilité. Vu l’état de mon compte en banque, la première solution est a oublié.
Ceci étant dit, ça reste quand même Devin donc on trouve tout de même quelques pépites. Étonnamment ce sont celles qui sortent un peu des clous… L’interminable Higher et ses 9 minutes 40 propose quelque chose d’intéressant et de prenant. C’est aussi un des morceaux les plus agressifs de la galette. Ceci expliquant ans doute cela. Toujours au chapitre « hors des clous », il y a également Offer Your Light qui, malgré des paroles consternantes, offre des arrangements et une rythmique aussi catchy qu’efficace et ce malgré ces infâmes breaks en contre-temps qu’il a la fâcheuse tendance de coller un peu partout.
Trascendence ne transcende au final pas grand chose: ni les canons du genre, ni la disco du bonhomme (dieu sait que la barre est haute de ce côté là).
Bien fait, bien produit, bien interprété, rempli des tiques de composition qui rendent identifiable Devin à la première note, blindé des gimmicks qui ont fait ses succès récents, Transcendence a de bonne chance d’être le dernier clou dans le cercueil de ma relation avec le DTP. Je ne ferme pas la porte à une éventuelle réconciliation, j’écouterai toujours ses classiques avec un plaisir infini mais ça, là, non.