Connaissez-vous Zeal & Ardor? Non? Pourtant le groupe est sans doute le plus ‘hype’ dans les milieux Black Metal bobo depuis Batushka. Ceci étant dit, la hype retombe, il est de bon ton de craché sur le groupe et donc temps pour nous de s’y intéresser.
Tout est parti d’une connerie sur 4chan (si vous ne connaissez pas 4chan je ne peux rien pour vous) quand Manuel Gagneux – musicien et suisse de son état – s’est vu mettre au défi de mélanger Black Metal et Negro Spiritual (des chants d’esclaves pour ceux qui ont séché leurs cours d’Histoire). Gagneux dit ‘banco’ et créé Zeal & Ardor. La suite est une hype internationale pour ce groupe sorti de nulle part qui remplit des salles de concert partout et se fait booker dans tous les plus gros fests chevelus que la planète compte. On voit même la musique du groupe sortir des cercles métalleux pour finir dans des trailers de jeux vidéo (cf. E3 de cette année). Bref comme c’est devenu ‘mainstream’, il est temps de voir si la hype était justifiée. Pour cela nous allons parler de Stranger Fruit, 2ème opus du groupe.
Plutôt que de dire que Z&A est mélange de BM et de Negro Spiritual, il faudrait plutôt de parler de musique « d’avant-garde » mélangeant Metal et « chants venus d’ailleurs ». Rythmiques parfois destructurées, sonorités parfois dissonantes et surtout improbable rencontre de genres pas du tout fait pour se mélanger, Z&A a en effet toute les caractéristiques du groupe qui plaira aux bobos. Il n’en reste pas moins que certains titres proposent une approche intéressante comme Don’t You Dare qui passe d’un morceau quasi lounge à une envolée extrême sans crier gare. Par certains aspect, Z&A me fait penser à Dødheimsgard tant les directions musicales prises sont barrées, venus de nulle part et changent sans prévenir. L’enchaînement de sur la sur-violente Fire Of Motion et de l’atmosphérique The Hermit en est un parfait exemple. A côté de ça, le fond de commerce du groupe est clairement fait de titres du type Row Row qui partent sur ces tempos gentillets, typique de la musique noire (on en retrouve énormément en Jazz), qui sont suivis par une envolée purement Metal. Parfois ça fonctionne, parfois ça passe totalement à côté.
Niveau prod, il y a un parti pris assez intéressant au niveau des sonorités. Les guitares ont un son lorgnant du côté du Grunge/Shoegaze qui donne une atmosphère particulière aux morceaux. La basse fait sa vie avec des lignes s’installent souvent entre guitare rythmique et batterie. Quant à cette dernière, elle a un son relativement pur, puissant mais loin des standards Metal actuel, c’est particulièrement flagrant lors des passages en blast (Waste). Encore une fois Z&A se démarque par des choix originaux.
Je vais être très honnête, Zeal & Ardor n’est globalement pas ma tasse de thé. Je salue néanmoins un groupe qui ose et propose quelque chose de différent et d’intéressant, qui sort des carcans du Metal moderne. Qu’on y adhère ou pas, le Metal a besoin de groupe comme celui-là pour évoluer et influencer. Ma main à couper que dans 10/15 ans, un mec dira qu’il a été influencé par Z&A à un moment donné. Car clairement Z&A c’est ça, un groupe de niche, que 3 connards (hors hipsters) vont écouter et qui les inspirera à un instant T dans leur carrière comme l’ont fait leur temps Angel Witch ou Diamond Head par exemple.
Pour ce qui est du présent, je rangerai ça dans la catégorie « à écouter pour sa culture » et éventuellement à voir si on passe devant en fest.