C’est Michael Amott d’humeur badine qui nous fait le plaisir de nous accorder une interview concernant le nouvel album d’Arch Enemy : Rise of the tyrants. On y parlera aussi des concerts de 2006 et des vacheries de Rob Flynn !
NicKo: Sur vos 4 derniers albums, votre musique a pas mal évolué. Vois-tu Rise of the tyrants comme une suite logique ou bien une ouverture vers une nouvelle direction pour le groupe ?
Michael: pour moi, Anthems of rebellion et Doomsday machine sont des albums qui sont connectés. Ils sont en quelques sorte frère et sœur. Nous y avons expérimenté des structures de chansons différentes, une approche plus directe. On a mis que 2 solos au lieu de 4 (rires) Avec Rise of the tyrants, on revient à quelque chose de plus proche de ce que nous avions fait avec Wages of sin. Plus de solo, des morceaux plus étriqués, plus compliqués, plus techniques aussi. Il est plus profond musicalement, il a plus de texture. Que dire de plus ? Qu’il est plus mature ? Qu’est-ce que la maturité après tout ? Ce que je sais, c’est que jusqu’à présent c’est certainement notre album le plus extrême. Dans tous les groupes que j’ai pu avoir, j’ai toujours voulu éviter qu’avec le temps, on ne se ramollisse. C’est vrai que nous avons des morceaux mélodiques… voir même très mélodique mais je veux toujours que nous revenions à quelque chose de plus musclé, quelque chose qui te frappe.
J’aime cet aspect… cette alternance de mélodie et de passages brutaux que nous travaillons depuis nos débuts. J’aime avoir ce côté death ou thrash puis passer à quelque chose de plus légers pour repartir ensuite sur un passage hyper rapide. Angela travaille aussi beaucoup sur sa voix… bref on tente de combiner tout ça à chaque album. Je suis très satisfait de cet album, je ne te dirais pas que c’est le meilleur de nos disques, ce n’est pas à moi d’en juger mais il est très très satisfaisant pour moi.
Ce qui me fait dire ça c’est que sur ce disque, j’aime toutes les chansons. Ca m’est parfois arrivé d’avoir 5/6 titres vraiment géniaux puis 5/6 autres moins bons mais pas là. Tu vois ce que je veux dire ? Tu as toujours des titres qui d’office sont taillés pour la scène et d’autres qui resteront sur l’album parce qu’ils sont plus expérimentaux ou qu’ils n’ont pas la vibe nécessaire pour le live. Sur Doosmday machine par exemple, tu as d’un côté Nemesis et de l’autre tu as Slaves of yesterday.
Mais c’est bien pour nous d’avoir ce genre de titres sur nos albums, ça prouve que l’on peut se diversifier, pas au point de devenir le nouveau Metallica ou le nouveau Evanescence (rires) mais je veux dire par là que nous faisons de la musique extrême, que nous aimons repousser nos limites. Nous avons fait un tel bon en avant avec Wages of sin et ce disque nous montre que nous avons encore une sacrée marge de progression car je considère Rise of the tyrants comme un disque extrêmement important pour nous. Il peut nous ouvrir encore quelques portes importantes pour notre carrière même si je trouve que le chemin déjà parcouru est très impressionnant. Je ne pensais qu’en jouant ce que nous jouons, nous parviendrions à un tel niveau. Nous n’avons jamais eu l’envie de devenir des rock stars et d’avoir des maisons à 1 million de dollars. On tient à garder nos mélodies extrêmes (rires)
NicKo: tu parlais du tremplin qu’a été Wages of sin pour le groupe, penses-tu que le fait d’avoir Angela comme chanteuse a quelque chose à y voir ?
Michael: Absolument. C’est une combinaison. Avoir Angela a rendu le groupe bien plus intéressant, elle a attiré l’attention sur nous. MAIS, on se devait d’avoir la musique qui allait avec. Beaucoup de groupes font des choix pour avoir du succès et se vautre pour une raison ou une autre, je pense que nous avons fait cet album au bon moment. Et puis nous avons travaillé avec nouvel équipe, ça nous a donné une son différent. Vraiment je pense que tout est arrivé au bon moment.
NicKo: donc tu dirais que d’un certain point de vu, Rise of the tyrants est une sorte de réponse à Wages of sin ?
Michael: en quelque sorte oui. Pour moi chaque album est une sorte de réponse au précédent, mais celui là a une tonalité particulière. Sur un album du fais un truc, au suivant tu te dis tiens je vais changer ça, bricoler ci, améliorer ça.
Quand tu fais ton premier album, que tu n’es pas un bon musicien, que tu passes de l’amateurisme au professionnalisme, c’est un long processus d’apprentissage qui s’enclenche. Ceci dit, au début, c’est là que ta marge de progression est la plus importante. Au début tu te galères pour accorder ta guitare en répet’, tu pars en tournée un ou deux et quand tu reviens, tout le monde te voit d’un œil nouveau en te disant « whoua vous avez tellement progressez ! » Maintenant avec Arch Enemy je pense que l’on peut dire que nous sommes des vétérans (rires)
NicKo: tu as parlé de la voix d’Angela et de l’apport que ça a été pour vous. Entre Doomsday machine et le petit dernier, il y a encore me semble-t-il une marge de progression assez importante. Avez-vous fait quelque chose de spécial sur la voix ?
Michael: Je pense tout simplement qu’Angela continue de s’améliorer. Et puis il y a aussi le fait qu’on revient de 2 ans de tournée et que ça voix a du partir en vrille une bonne douzaine de fois (rires)
Elle travaille beaucoup sa technique. Quand elle nous a rejoint, elle n’avait pas de technique. Elle ne devait faire à l’époque qu’un concert par mois dans des bars. Elle ne s’échauffait pas, elle arrivait e se contentait de hurler dans le micro. Maintenant, elle travaille beaucoup son souffle, ses intonations, elle se protège mieux aussi. Elle a déjà eu des extinctions de voix et nous avons du annuler des tournées donc je pense qu’elle a aussi appris à faire attention à elle. Dans un certain sens, c’est une personne fragile, ce n’est pas un gros mec baraqué qui hurle non stop (rires) Elle passe beaucoup de soirée à boire du thé (rires) J’en plaisante mais ce groupe représente tout pour nous. Nous n’avons pas d’autres métiers à côté, donc on se doit de faire attention non seulement pour les autres membres du groupe mais aussi par respect pour les fans.
Pour en revenir à ta question de départ, je pense qu’effectivement elle a du travaillé certains points en particulier. Elle est allée à New York pour travailler avec un coach vocal, elle a aussi beaucoup appris sur la route. Et puis sur Doomsday, elle avait aussi tout enregistré en double, ce qu’elle n’a pas fait cette fois-ci. Elle aime beaucoup Chuck Billy de Testament et elle a voulu tenter de faire comme lui en doublant sa voix. Mais cette fois-ci elle ne l’a pas fait car elle voulait un son plus direct, plus live… et puis je crois aussi qu’elle n’a voulu passer trop de temps en studio à travailler des points de détails trop fastidieux.
NicKo: Christopher fait son retour dans le groupe avec cet album. Est-ce que cela a changé quelque chose pour vous pendant l’enregistrement ou la composition ?
Michael: c’est difficile à dire parce que nous aurions fait l’album de toute façon. On ne s’attendait pas à ce qu’il revienne et nous écrivions depuis 2005, le studio était réservé… et Chris est arrivé !
Nous avons répété, il a fait ses petites modifs, il nous a dit ce qu’il sentait ou pas dans la musique… ça c’est fait naturellement. Sa façon d’écrire est très différente de la mienne mais ça se marie plutôt pas mal donc je suis content. C’est bon pour la variété du groupe.
Ta question m’embête en fait parce que je ne sais pas te dire à quel point ça a changé des choses pour nous. Je suis juste heureux qu’il soit revenu. Son retour nous a apporté une atmosphère différente.
NicKo: vous avez beaucoup tourné pour Doosmday machine…
Michael: trop ! (rires) 18 mois !
NicKo: durant ces 18 mois, de quel endroit gardes-tu le meilleur souvenir ?
Michael: je me souviens du concert au Bataclan. C’était notre premier concert avec Fredrik, le remplaçant de Chris. Ce fut un très bon concert, l’accueil à Paris est toujours excellent mais je crois que l’endroit où ça a été le plus extra c’est au Japon. Nous y sommes allés plusieurs fois mais chaque fois c’est de la folie. Rien que pour de la promo j’ai du y aller 24 ou 25 fois ! Et chaque fois que je vais là-bas c’est comme si c’était la première fois que je venais à Paris. C’est toujours une découverte. J’aime les découvertes en tournée, jouer ans de nouveaux endroits… comme l’Australie par exemple, nous y sommes allés 2 fois rien pour cet album. C’est tout un nouveau continent qui s’ouvre à toi. Plus de 2000 personnes à Sydney ! On ne pensait même pas en avoir autant dans tout le pays ! C’est à l’autre bout du monde… c’est dingue. La tournée en Amérique du sud a été aussi extra !
NicKo: donc ça t’impressionne plus que de faire un gros festival type Wacken.
Michael: Bah on en a fait tellement ! (rires) Oui je sais j’ai l’air blasé (rires) C’est fun mais ce n’est pas pareil ! Tu arrives, tu branches ton matos, tu joues devant beaucoup de monde et tu remballes ! Tu n’as pas trop le temps de profiter de ce que tu fais que c’est déjà fini. Ca nous est déjà arrivé de jouer sans retour… c’était au Download je crois. Un monde fou mais un son de merde ! On n’entendait pas ce qu’on faisait ! Ca fait bien de mettre ça dans la bio du groupe mais personnellement je préfère largement jouer devant 200 personnes et avoir un bon son, m’éclater avec le public, les avoir proche.
NicKo: je vous ai vu 2 fois l’an dernier, au Hellfest et à Wacken. C’était sans commune mesure.
Michael: le Hellfest fait parti de nos meilleurs sets de 2006 ! Je n’attendais rien de ce festival. On jouait hyper tard après Saxon, il y a eu des galères d’organisation (silence suivi d’un rire général) Pour moi ça n’a pas été un problème, mais je me souviens m’être promener pour voir d’autres groupes et j’ai trouvé que l’esprit y était, il y avait une bonne vibe. Je ne saurais pas te dire pourquoi mais ce soir là tout y était pour que ça cartonne. Dès la première chanson tu sais si ça va le faire ou pas, surtout en festival. Et là… c’était super.
NicKo: tu joues sur le dernier album d’Annihilator, comment t’es-tu retrouver embarqué là-dedans ?
Michael: Jeff m’a écrit et m’a dit qu’il avait beaucoup aimé le dernier album et nous avons commencé à discuter. Un soir il m’a appelé et m’a proposé de jouer sur on disque. J’ai dit ok mais envoie moi d’abord un morceau. Je n’aime pas dire oui sans savoir dans quoi je m’embarque ou bien si je n’aime pas le morceau. Je ne suis pas très à l’aise à jouer la musique des autres, je préfère jouer ma musique. C’est compliqué pour moi de débarquer sur le morceau de quelqu’un et de m’entendre dire « vas y joues là à la Michael Amott ». Si la musique n’est pas mon style, mon solo ne sera pas moi. Je tâche d’être prudent quand je me lance dans ce genre de projet.
La première chanson qu’il m’a envoyée ne m’a pas plu et comme Jeff fait parti de ce gens qui ne prennent pas ‘non’ pour une réponse, il m’en a renvoyé une autre que j’ai un peu retravaillée. J’ai joué aussi sur le dernier The Haunted et sur le dernier Kreator. J’essaie d’être un peu sélectif et de ne pas jouer sur n’importe quoi. Je le fais pour des amis, jamais pour de l’argent. J’ai déjà refusé de jouer sur albums contre d’importantes sommes. Des groupes t’invitent juste pour pouvoir mettre ton nom sur l’autocollant du disque, moi je le fais pour le fun.
NicKo: vous allez tourner avec Machine Head, tu n’as pas peur du déroulement de cette tournée ? Il y a quelques années Rob n’a pas été très cool avec Angela.
Michael: Ha mais je rois qu’elle n’a pas été très cool avec lui non plus (rires) En plus ils font la même taille ils pourront régler ça entre 4 yeux (rire général)
Blague à part, ils se sont rencontrés depuis et pour nous c’est de l’histoire ancienne.
C’est moche pour les médias ils ne vont plus rien avoir à dire… mais on va voir si on ne peut pas remettre ça (rires)
Merci à Michael, Valérie et Olivier de Crypt’O