Neuf ans après leur dernier passage en France, les légendes australiennes sont de retour pour ce qui sera sans doute un de leur dernier tour de piste si ce n’est le dernier.

Parlant de tour de piste, ça tombe bien puisque cet unique concert français se déroule à l’hippodrome de Longchamp. Lieu qui fait office de plan B face à la réquisition du Stade de France pour les jeux olympiques.

ACDC - PWR UP Tour 2024 Paris

Transition toute trouvée pour parler de l’organisation. Si la planète entière a loué celle des J.O., il semble qu’en 48h tout le monde ait oublié comment organiser un événement drainant 80000 personnes. Chiffre officiel dont se gargarise Gérard Drouot Production.
Sans parler du prix des places. Quand je repense à la vue que nous avions en pelouse Or, je n’ose imaginer ce que devait voir (ou ne pas voir) ceux qui était dans les tréfonds de la pelouse Bronze.

Une organisation « à la française »

Si du point de vue des bars (aux tarifs indescents) et des sanitaires, il n’y avait rien à redire, du point de vue sécuritaire et de la gestion des flux de personnes ce fut cataclysmique.
Qui a pensé que c’était une bonne idée de faire rentrer et sortir tout le monde par le même endroit? Pour aller en pelouse Or, il fallait passer par Bronze et Argent. Et rebelote dans le sens inverse pour la sortie. Du coup, à la fin du concert ce fut un gigantesque foutoir avec des gens lassés de faire du sur place qui ont fini par littéralement démonter les barrières et envahir les pistes de l’hippodrome. Tout ça devant les quelques agents de sécurité présents et visiblement dépassés par les événements.
Résultat: près d’une heure quinze pour sortir des lieux.

Heureusement, aucun mouvement de foule / panique sinon ça aurait pu être un carnage étant donné la densité de personnes dans ce cadre, certes sympathique, mais pas adapter à ce type d’événement. Ou alors dans une configuration mieux pensée. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont brillé par leur absence. Ne serait-ce que pour canaliser la foule dans les rues de Boulogne. Ce n’est pas comme si il y avait un hôpital à 500 mètres de l’hippodrome.
Bref un bien beau merdier à la française.

The Pretty Reckless

Le groupe débute ses 60 minutes de set alors que nous arrivons. J’étais plutôt curieux de voir ce que ça donnait étant donné les retours plutôt élogieux que j’avais lu sur le groupe.
Clairement, c’était surdimensionné pour eux. Il a fallu attendre le dernier morceau pour qu’un musicien autre que Taylor Momsen (que vous avez vu faire l’actrice dans The Grinch face à Jim Carrey) se déplace sur scène. Quant à la musique, certains morceaux (les plus rythmés) m’ont plutôt fait bonne impression.
Pas convaincu.

AC/DC

20h20. Dix minutes en avance sur l’horaire prévu, AC/DC – où ce qu’il en reste – démarre sur If You Want Blood. Ce qui frappe d’entrée c’est le son et sa singulière absence de patate. C’est fort et pas toujours lisible, surtout pour ce qui est de la voix de Brian Johnson qui fut, bien malgré lui, le maillon faible de la soirée. Ensuite ça déroule (Back In Black, Demon fire, Hell An’t A Bad Place To Be), quand soudain, c’est le drame. Thunderstruck qui démarre sans sa traditionnelle intro au charlet’, Angus qui est très très borderline sur son mythique riff et ce tempo d’une lenteur à pleurer… Ouch. AC/DC viennent de nous rappeler qu’ils fêtent leur 50 ans de carrière mais surtout qu’ils n’ont plus 20 ans. Cela dit, le public, trop heureux de les revoir, ne leur en n’a tenu pas rigueur.

La suite n’est qu’un enchaînement de classiques du Rock ponctué ici ou là de quelques surprises venant des tréfonds du monumental catalogue du groupe: Have a Drink on Me, Hells Bells, Shot in the Dark, Stiff Upper Lip, Shoot to Thrill, Sin City, Rock ‘n’ Roll Train, Dirty Deeds Done Dirt Cheap, High Voltage, Riff Raff, You Shook Me All Night Long, Highway to Hell et Whole Lotta Rosie. S’en est suivi Let There Be Rock avec un interminable solo de 20 minutes qui n’a fait que souligner ce que tout le monde avait remarqué: c’était plus l’Angus Young show qu’un concert d’AC/DC. Tout tournait autour de lui. Avec le petit saut obligatoire pour signifier la fin de chaque morceau. Brian Jonhson et Stevie Young donnant la triste impression de faire de la présence tandis que Matt Laug et Chris Chaney – qui remplacent respectivement Phil Rudd et Cliff Williams qui ne veulent plus tourner – ont parfaitement rempli leur rôle de figurants de luxe.
Le concert s’est terminé sur T.N.T. et For Those About To Rock avec ses coups de canons rachitiques.

En 2024, voir un groupe comme AC/DC se produire avec juste trois écrans géants pour accompagner son concert de quelques effets vidéos est un peu décevant. On pourra me dire tant qu’on veut que c’est pour mieux mettre avant la musique, les artifices scéniques comme la Rosie gonflable ou la loco en carton de Rock N’ Roll Train avaient une autre allure. Et tant qu’ à mettre des pétards pour les coups de canon de For Those About To Rock, mettez des trucs qui font BOUM pour de vrai.

Vous l’aurez compris, je suis plutôt mitigé après ce concert d’AC/DC. Autant je suis ravi d’avoir eu l’immense privilège de les voir une troisième fois et de réentendre tous ces titres de légendes. Autant la prestation en elle même me laisse sur ma faim avec en plus l’arrière goût amer de l’orga à la zob et de l’ambiance « beaufs de France » dans le public (c’était la balle perdue 100% gratuite pour ceux qui nous entouraient).

Brian, Angus, avec tout le respect et l’amour que j’ai pour vous, arrêtez-vous tant que la légende n’est pas écornée par des prestations indignes de votre standing. Personne ne vous en voudra si vous vous arrêtez. 50 ans de carrière, qui peut se vanter de faire mieux? Pas grand monde.