OUAAAAAAAAAAAH *baille bruyamment en s’étirant* Bah oui quoi ! Il est tard, on n’a pas idée de mettre un concert à 22h ! J’ai mes petites habitudes moi…
22h – donc, et la queue est longue devant la Loco. L’heure tardive du show ne décourage pas les fans de Mr Empire. 22h et on entre dans la Loco. J’avoue que je ne connaissais pas du tout la salle et je dois dire que j’ai été agréablement surpris par la configuration des lieux. Tout en longueur, elle fait carrément boîte de nuit – les soirées goths et autres concerts de métal extrême là-bas sont devenus légendaire. Les goths tiens parlons-en, ils constituent une bonne partie du public, tous fringués en vinyle noir avec des piercings partout et un maquillage à faire peur. J’avais comme qui dirait, l’impression d’entrer dans un autre monde. La suite de la soirée allait me donner raison.
22h – c’est l’heure à laquelle était censé commencer le concert, mais au bout de 40 minutes, je me suis rendu compte qu’il y allait avoir « un peu » de retard (perspicace le bougre). Retard accompagné par des morceaux d’électro qui vont évoluer pour devenir de la grosse techno qui bastonne, ajouté à cela des éclairages de boîtes de nuit avec moultes stroboscopes et vous avez une idée de l’ambiance. Sympa mais usant à la longue. Ambiance propice pour les goths à la poursuite de rites assez spéciaux. Sur la piste, 2 nanas s’observent en tournant en rond tout en gesticulant en rythme sur la musique pour finir, 4 morceaux plus tard, par se sauter dessus et se rouler une bonne grosse galoche bien baveuse.
23h – toujours rien.
23h10 – je fini par apprendre qu’on n’attend pas Alec sur scène avant 23h30 ! J’ai à ce moment là une pensée émue pour le dernier métro que je n’aurais certainement pas si je reste jusqu’à la fin du concert.
23h30 – toujours rien.
23h45 – le taux d’emmerdement monte en flèche. Des gens un peu bizarre m’aborde pour me demander si « par hasard » j’aurais pas des ecxtas ou du LSD… la routine quoi (genre y’a écrit Pablo Escobar sur mon front non mais…).
00h – les lumières s’éteignent, après 2h d’attente à me faire bourrer le crâne par des beats bourrins et à me faire brancher par les junkies du coin, on rentre enfin dans le vive du sujet. Je me trouve une petite place au pied de la scène et j’admire.
Attention les yeux.
A vrai dire, je ne sais pas trop comment ça a commencé. Est-ce que c’est le sample ou le riff de guitare qui est arrivé le premier ? Mystère toujours est-il que ça démarre sur les chapeaux de roue avec un morceau limite techno hardcore où on ne capte strictement rien à ce qui se passe autant sur scène quand dans la fosse. Sur scène on ne voit rien parce que les lights flashouillent dans tous les sens, et dans la fosse on ne voit rien non plus à part un amas de corps qui volent dans tous les sens. Je ne parle pas du son exécrable sur ce premier titre. Le temps pour moi d’éviter un slammer tombant de la scène (la moyenne tout à fait honorable d’un stage diving toutes les 30 secondes ayant tenu toute la soirée) et je repose les yeux sur la scène pour voir… une paire de pompes coquées. Je lève le nez et je vois Empire au dessus de moi en train de brailler dans son micro – c’est vous dire à quel point j’étais près de la scène 😉
Voilà donc le ton de la soirée, extrême du début à la fin. Alec saute partout, fracasse son micro, le tout accompagné par une furie musicale qui a mis en transe la faune venu assister au concert. Je dis « la faune » car l’ambiance ce soir-là était tout à fait particulière. Imaginez une boîte de nuit comme on voit dans les films, un endroit où tout est extrême, un lieu où tout ce qui se passe est à la fois explicite et obscur, une ambiance presque glauque et malsaine… où tout est décadent et où l’arrivée de Wesley Snipes déguisé en Blade n’aurait surpris personne.
Empire descend une première fois de la scène… enfin disons plutôt qu’il saute dans le tas avec son micro. Il continue de chanter au milieu de la fosse tout en tapant sur tout ce qui bouge. Une fois rapatrié sur scène, il se remet à sauter et à prendre des pauses très cabotines qu’il affectionne particulièrement. La seconde visite dans la fosse se fera « plus normalement ». Il empruntera l’escalier, prenant appui sur les gens qui l’entourent (il est lourd le bestiau) pour aller beugler dans la fosse et haranguer la foule comme il aime le faire.
Les morceaux s’enchaînent sans temps mort et personne, pas même les musiciens, n’a le temps de souffler. C’est après environ une heure et quart de concert, que l’intensité baisse un peu. Ca sent la fin se dit-on quand on voit Alec enlever son micro HF. L’air ailleurs, ne marchant pas droit, comme si il était soudainement sous l’effet d’un drogue, il commence à se déshabiller. Il enlève ses gants, son bracelet puis sont tshirt avant de se saisir d’un morceau de verre et de commencer à se taillader les bras. C’est à ce moment là que ça à commencer à devenir vraiment glauque et je dois dire que du pied de la scène j’ai rien vu venir. 5 minutes durant, il se promènera le morceau de verre sur les avant-bras. Une fille surgissant du public tentera de l’arrêter… il l’éjectera d’un revers du bras. Pendant ce temps-là, les zickos improvisent plus ou moins un accompagnement sonore complètement barré tout à fait de circonstance. Le guitariste escaladera un côté de la scène pour aller frotter les cordes de sa guitare sur des surfaces diverses et variées. Entre temps, Empire s’est quant à lui littéralement laissé tomber dans le public, faisant le tour de la salle porter à bout de bras par la foule. Seulement arrive le moment où il n’y a plus personne pour le porte. Qu’importe il se laisse tomber par terre. Il restera là, allongé torse nu dans les mégots de cigarettes et les canettes de bière pendant 5 bonnes minutes avant de se relever pour ressauter dans la foule qui le ramènera sur scène. Là il se relèvera péniblement avant de quitter en titubant une scène désertée par les musiciens depuis un bon moment déjà.
Parlons un peu de la musique maintenant. Comment décrire le style d’Alec Empire ? C’est plus de la techno que du métal. La guitare a un son totalement déformée, la basse est remplacée par un PC et la batterie assure des parties rythmiques en complément des beats provenant du PC. Un joyeux mélange hyper agressif mais franchement jouissif à écouter et qui prend toute sa dimension dans une ambiance comme celle-là. Faut que je pense à voir ce que ça donne en studio.
Grandeur et décadence, c’est un peu ce qui me reste de cette soirée.
Grandeur parce que le show a été musicalement énorme malgré un son parfois brouillon.
Décadence parce que l’ambiance de fin du monde qui régnait dans la salle n’était pas spécialement faite pour me mettre à l’aise. De plus voir Empire se rouler par terre au milieu du public après s’être tailladé les bras c’est quelque chose d’assez spécial à voir et à vivre. Lorsque je l’avais vu à Reading, je soupçonnais le bonhomme de ne pas avoir été au bout de son trip et d’avoir été bridé par l’organisation. Je ne m’étais pas trompé.
Alec Empire, c’est à voir au moins une fois pour comprendre ce que c’est et c’est à revoir pour la musique parce… PUTAIN C’EST BOOOOOOOOOON.
1h30 – on sort de là un peu secoué par ce qu’on vient de vivre et… putain faut que je rentre moi. Hep taxi !