Pas de Hellfest pour la rédaction? Pas de problème, le pigiste qui paie sa place vous raconte son édition 2024.

Nous y voilà, n’ayant loupé aucune édition du Hellfest depuis sa création, c’est déjà la 17e fois que je me pointe sur Clisson quand les beaux jours arrivent. On va donc passer sur la présentation du fest, tout ça, relisez les report précédents au besoin.

On va parler quand même vite fait d’un point : pour moi, c’est une année de transition en ce qui concerne le site. On sent qu’ils ont bien ciblé certains problèmes récurrents et ont essayé d’y apporter une réponse, mais l’expérience n’aura pas été spécialement concluante. Je pense notamment au merch des groupes, notoirement bordélique depuis très longtemps, mais les changements apportés n’étaient pas pour moi la bonne réponse.

Mais je ne doute pas que le fest va continuer d’ajuster le tir, comme toujours.
Maintenant, l’affiche…j’étais très curieux de ce que ce Hellfest allait donner. Parce que, concernant les têtes d’affiche, elles auraient presque pu toutes être là 25 ans plus tôt. Et j’ai déjà vu tous ces groupes plusieurs fois, avec même certains que je ne voulais plus revoir (coucou Offspring avec leur scandale de 2022, bonjour Metallica qui n’a plus rien à proposer à part un lent déclin scénique déjà bien entamé, Avenged Sevenfold je vous méprise toujours autant depuis toutes ces années, Megadeth ne parlons plus de Dave
Cumstaine…bref). Qu’est-ce que ça a donné, alors ? Eh bien voyons tout ça.

Jeudi 27

AsInHell
Le t-shirt Bolt Thrower d’un des gratteux vend la mèche concernant les influences : ce sera du death plutôt mid tempo lourd, typiquement dans la veine de ce que le groupe britannique culte proposait. Et force est de constater que ça marche pas trop mal, même si ça n’a rien de transcendant. Une petite ouverture de fest sympa, mais je ne leur en demanderais pas plus.

Morne
Je regarde vite fait en attendant de me caler devant la mainstage, voir juste au-dessus → “c’est bon, mais pas suffisant”

Slaughter To Prevail
Allez, là on attaque quelque chose que j’attendais avec
impatience ! Et je voulais qu’ils aillent à fond dans leur trip décérébré jusqu’au-boutiste, l’originalité musicale et tout ça c’est pour les faibles, plus ça allait être bas de plafond plus j’allais accrocher.
Eeeet…ça a été une demi-déception. Alors oui c’est ultra bas du front et complètement assumé dans l’attitude, mais pas du tout dans la musique. Par là, je veux dire qu’il y a des samples et des pistes balancées très très souvent, ce qui tue beaucoup de la spontanéité de la prestation “live”. Beaucoup plus gênant, pour la grosse majorité des cris les plus gutturaux, je veux bien me couper la couille qu’il me reste si c’était bien le chanteur qui les poussait et pas un sample lancé dans les enceintes.
Puis le trip décérébré…OK, il a fait un wall of death le plus gros possible, sur le papier ça remplit complètement la case des trucs teubés que je voulais voir. Sauf qu’il a mis HUIT MINUTES (vérifié sur YouTube, zéro exagération) à demander son wall of death, autant dire qu’à un moment ça a arrêté de me faire rire pour me saoûler, puis j’ai fini par me casser sans attendre la fin. “Je ne m’attendais à rien, et je suis quand même déçu”.

(Dolch)
Le genre de groupe que je ne serais jamais allé voir il y a quelques années, mais j’avais envie de découvrir. Et force est de constater que leur musique très sombre (sur laquelle j’aurais du mal à poser un genre vu que c’est complètement hors de ma zone de confort…dark rock influencé metal, ça vous va ?) est pas mal plaisante, même si pour moi la découverte aurait été plus sympa dans une petite salle ou en pleine nuit, plutôt qu’à cette heure sur la Temple. Je vais probablement essayer de m’écouter ça au calme après le fest, y a moyen que j’accroche.

Kerry King
J’en avais rien à foutre et je comptais pas passer une minute devant le
médicament générique du thrash metal, reste qu’en revenant du bar j’entends que ça reprend Disciple de Voussavezqui. Petit changement de programme le temps d’une chanson, ça a été très plaisant surtout que le timbre de voix de Mark colle pas mal avec celui de Tom. C’était sympa, merci, allez au suivant.

Brujeria
Aïe, j’arrive un peu tard pour bien me placer et le son n’est pas terrible de là où je suis, je ne perds pas trop de temps devant eux et je pars me placer tout de suite pour le concert suivant, que j’attendais bien plus. Et sans surprise, Brujeria fait bien le boulot, c’est relativement sympa. Point bonus pour leur reprise de la Macarena, qui devient (évidemment) Marijuana.

Sylvaine
Une de mes rares découvertes de ces derniers mois, j’aime beaucoup leur
dernier album Nova, et j’attendais ça avec impatience sur scène. Et je n’aurais pas été déçu, leur concert aura été excellent, à peine gâché par un son de guitare trop faible (mais qui a permis du coup de bien entendre la basse, qui sonnait super bien). La chanteuse/guitariste tient super bien ses chants clair et hurlé, et s’il y a aussi des samples de lignes de chant, c’est en complément de ce qu’elle chante vraiment sur scène et pas pour lui faire son playback non assumé – suivez mon regard.
Ce groupe dégage vraiment quelque chose de prenant sur scène, il faut vraiment que je rattrape mon retard dans leur disco. Premier vrai très bon concert du fest !
Du coup j’aurais loupé BabyMetal qui jouait en même temps, mais je tiens à vous rassurer, j’ai pu m’en relever. Pour être honnête j’aurais été tenté de jeter un oeil, mais avec un vrai groupe qui jouait en même temps, y avait match dans aucun plan de l’existence.

Dark Tranquillity
j’ai été tenté pour cette review de copier/coller n’importe laquelle
de mes autres reviews de concerts de ce groupe. Parce que concert après concert, c’est toujours la même chanson : Dark Tranquillity est immense, Mikael Stanne a une présence scénique unique, et le groupe défonce les cerveaux avec leur maîtrise absolument parfaite du death suédois sauce Göteborg. Et ne croyez pas que ça veuille dire qu’il y aurait presque une forme de lassitude/habitude, c’est tout le contraire, j’ai déjà mes billets pour
les revoir en tête d’affiche en novembre (avec Moonspell et Wolfheart en ouverture, excusez du peu !).
Je vais aussi ajouter qu’ils ont joué des extraits de leur prochain album Unforgivable, et que ça s’annonce comme une excellente cuvée. Encore une fois et sans vraiment de surprise, jusque-là personne n’a été (et ne sera, désolé du spoil) à leur hauteur cette année. Vivement novembre !

Sodom
Après un petit repas pour se remettre de ses émotions, il est temps de se faire Sodom pour bien finir la nuit. Je les avais découverts sur le tard en concert (au début de cette année) alors que j’avais eu nombre d’occasions de les voir avant, et je regrette le temps perdu à passer à côté. Parce que putain, qu’est-ce que ça joue encore ! Et leur thrash sauvage est toujours aussi efficace, on y devine d’ailleurs très facilement les racines de ce qui deviendra le black metal dans certains de leurs vieux morceaux. On n’est pas au niveau d’un Dark Tranquillity, mais ça reste une très belle baffe dans la gueule.

Cradle Of Filth
Regardés plus ou moins par défaut, ça fait un moment que je suis
indifférent à ce que fait le groupe. Reste que depuis quelques années ils assurent des prestations scéniques efficaces et carrées, loin de leurs anciens standards où ça tournait souvent au désastreux. Et puis, Cruelty Brought Thee Orchids et Dusk…And Her Embrace font toujours autant de bien par où ça passe. Après, j’aime pas tellement la voix de la chanteuse actuelle, trop éloignée de celle de la chanteuse originelle. Bref, c’était sympa quand même, mais maintenant il est temps d’aller se pieuter.

Vendredi 28

Les difficultés commencent. Entre la fatigue (un Montpellier/Clisson en caisse, ça tape dans les réserves mine de rien) et les creux gigantesques dans l’emploi du temps, je me dis que ça va être dur de maintenir la forme pour les prochains jours. Et si jeudi aura été au final une très bonne journée, la prog pour les jours suivants s’annonce beaucoup moins intéressante pour moi (des amis y ont trouvé bien plus leur compte, tant mieux pour eux !).
J’arrive donc bien en retard sur le site, et je fais quelques bouts de concert qui sont complètement inintéressants pour moi, ne perdons pas de temps avec ça et allons à l’essentiel.

Fear Factory
J’étais curieux de voir ce que cette incarnation de Dino Cazares &
Friends avait à proposer. Eh bien si le remplaçant de Burton au chant est
incontestablement un meilleur chanteur, surtout au chant clair qui a toujours été désastreux sur scène avec Burton, il a par contre une absence de charisme qui est abyssale. Et du coup, ça tourne au désastre à chaque gros plan sur sa gueule de victime au lycée, surtout que musicalement…Fear Factory avait 10 ans d’avance sur tout le monde avec Demanufacture, mais c’était il y a 30 ans. Alors c’est toujours sympa sur scène, mais c’est au final complètement oubliable.

Kanonenfieber
Allez, on passe à la énième itération de black metal “costumé/cagoulé” à la mode. Musicalement c’est pas mal, leur mise en scène avec canons/sacs de sable est très sympa, le groupe se donne du mal sur scène mais ça joue (comme presque tous ces groupes) dans un style de black metal qui me laisse froid. Je dois faire partie d’une minorité bien réduite, mais j’y vois plus un gimmick qu’autre chose, d’ailleurs je ne finis pas le concert et vais voir ailleurs si j’y suis.

Ne Obliviscaris
Virez votre violoneux Michel et je pense que je pourrais devenir fan de votre musique. Parce que les compos sont intéressantes, que musicalement c’est vraiment bon, que techniquement c’est de la haute volée avec mention à la section rythmique, mais à chaque fois que le crin-crin revient ça me casse tout. Et c’est vraiment, vraiment dommage parce que la qualité est vraiment là.

Satyricon
Je n’ai jamais été vraiment fan du groupe, que ce soit leur période black metal des débuts, ou depuis qu’ils ont injecté de plus en plus de rock à leur musique. Je suis plus là en curieux qu’autre chose, et après une demi-heure fort sympathique, ma curiosité est rassasiée et je peux passer à la suite. Le groupe est carré, c’est bien en place, c’est efficace, les amateurs ont amateuré, moi j’avais soif à un moment.

Tom Morello
Je vais reprendre la définition d’un pote, ce concert était en fait un immense karaoke participatif sur le thème de Rage Against The Machine. Alors il y a bien pire, et Morello est un guitariste avec une créativité hors-norme, mais pour moi qui ai eu la grande chance de voir RATM en concert, l’intérêt est un peu limité. Alors attention, ça reste un moment sympa, mais au final assez dispensable.

Shaka Ponk
Mais qu’est-ce que je suis allé foutre devant ce groupe ? Eh bien c’est simple, j’étais pas devant mais à côté, occupé à bien me placer pour Machine Head ! J’ai donc fatalement “profité” de leur concert en attendant que Robb et sa bande débarquent. Et j’ai été surpris parce que je m’attendais à détester, mais tout ne s’est pas passé comme prévu : quand le tocard au micro la ferme et laisse le devant de la scène à la chanteuse, eh bien en fait j’ai beaucoup aimé, mais vraiment. Elle a une voix extraordinaire et une
énergie dingue, je suis tombé sous le charme. Par contre, à chaque fois que l’autre ouvrait sa gueule, c’était insupportable au dernier degré et ça cassait tout. Mais dans l’ensemble, j’ai quand même été agréablement surpris, notamment par la reprise fabuleuse de Smells Like Teen Spirit qui m’aura scié.

Machine FUCKIN’ Head
La dernière fois que je les avais vus, c’était avant le confinement pour le concert des 25 ans de Burn My Eyes avec Kontos de retour à la batterie, et ça m’avait laissé un souvenir extraordinaire. Là je savais que la setlist n’allait pas être la même, mais j’attendais tout de même pas mal de ce concert. Et putain, ce début…Imperium/Ten Ton Hammer pour commencer, comme ça, voilà. BONJOUR ON VA CASSER DES CULS. Avec en plus un son excellent, bien équilibré, et les grattes de Machine Head ont remporté la palme du meilleur son de guitare du fest.
Mais attention, parlons du point qui fâche : la playlist. C’est pas difficile, à part Through The Ashes qui aura eu droit à deux chansons (Imperium et Descend The Shades Of Night), il y aura eu une chanson de chaque album qui sera jouée. Et si je supporte à 100% la démarche de ne pas se contenter de ressasser le passé avec une setlist best-of pour le fest, et de proposer du nouveau parce qu’on ne se considère pas comme morts artistiquement…ben en fait, si les gars vos plus belles heures sont loin derrière vous. Et avec un Machine Head dans cette forme, s’ils avaient sorti une meilleure setlist sans piocher dans leurs albms dispensables, on aurait eu le meilleur concert du fest – tout simplement. Parce que même avec les chansons “autres” ça marchait quand même (bon OK, Is There Anybody Out There ça boîtait quand même très bas), et dès que ça montait un peu en gamme ça défonçait tout. Puis encore une fois, je ne sais pas combien de temps le père Flynn va pouvoir continuer à assurer comme ça sur scène niveau chant et énergie, mais il a encore donné la leçon à énormément de monde. La bonne claquasse. Et puis tout de même, bonus charisme pour Robb qui avait une gratte à l’effigie de Darth Vader.

Puis, arrive le crime habituel du vendredi. Je ne sais pas comment l’orga se démerde, mais TOUS LES ANS, y a un putain de dilemme avec 2 groupes que je veux absolument voir qui jouent en même temps. Et à chaque fois, ça tombe sur le vendredi.
Là ils ont monté d’un cran vu qu’on a The Prodigy, Body Count et Anaal Nathrakh en même temps. J’ai dû procéder par élimination : Body Count depuis la bifle gigantesque de 2015 ici (un des meilleurs concerts de ma vie, tout simplement) c’était à chaque fois moins bien que la précédente quand je les revoyais, puis Ice-T commence à faire son âge sur scène.
Pour The Prodigy, y avait moyen que l’ambiance soit complètement folle…20 ans en arrière, sinon plus. Puis un des deux chanteurs originels est mort, je ne connais pas leur catalogue hors gros hits.
Anaal Nathrakh sont super rares sur scène, je crois que j’avais vu de très loin lors d’un précédent Hellfest il y a 12-13 ans de ça, mais à une époque où j’avais pas vraiment accroché à leur musique – et ça a changé depuis. Allez hop, ils ont gagné.

Anaal Nathraakh
Fin de journée dans la Temple sous le signe de l’ultra-violence. Et quelle fin de journée, la claque aura été présente du début à la fin. Sur album j’avais mis longtemps à accrocher à leur musique, mais maintenant que ça a pris j’attendais ça impatiemment, et j’ai été servi. Leur muique bestiale ravage tout, et la prestation de V.I.T.R.I.O.L. au chant est folle, passant de hurlements possédés à un chant clair avec une facilité déconcertante. Et musicalement ça joue méchamment derrière lui, avec un batteur mis sévèrement à contribution et les riffs de guitare d’Irrumator (ce pseudo, putain) qui prennent encore un bonus d’agression sur scène.
Je ressors lessivé de la tente et il est vraiment temps d’aller me coucher, mais bordel je ne regrette pas mon choix. Surtout que des échos que j’ai eus, The Prodigy c’était vraiment pas ouf.

Samedi 29

La fatigue me fait arriver sur le site bien plus tard que je ne l’aurais voulu, je rate quelques petits trucs que j’aurais bien aimé découvrir. C’est moche de vieillir.

Kronos
J’ai eu exactement ce à quoi je m’attendais : du death bien brutal qui me fait
pas mal remuer des cervicales durant 20-25 minutes, avant que le manque d’un petit quelque chose en plus pour vraiment se démarquer ne se fasse ressentir trop fort et que je décolle de la tente.

Anvil
C’est pas forcément mauvais musicalement parce que je veux être gentil, mais pour moi c’est hors de propos au Hellfest. Et puis le solo avec un vibromasseur c’est marrant, mais c’est pas ça qui va me faire changer d’avis sur le reste. C’est sympa d’être passé merci, mais c’est pas la peine de revenir.

Black Stone Cherry
J’entends de loin et ça m’a tout l’air d’être une bien bonne
prestation, mais j’ai dépassé mon quota de rock pour l’année et je n’ai pas la force de m’approcher plus que ça.

Et à cause d’un coup de barre monumental, je rate Legion Of The Damned que je voulais vraiment voir, et en plus ils ont apparemment bien déboîté. Fait chier.

The Haunted
Je serais bien allé voir la Fucking Fury Unleashed histoire de rire, mais voilà y avait autrement plus intéressant à voir en provenance de Suède. Et je ne m’y suis pas trompé avec tout le reste de l’Altar, cette itération du groupe avec Marco au micro pète des culs à la chaîne. Et contrairement à la dernière fois où Marco ne semblait pas à son aise sur scène, là il est au taquet et tient son public d’une main de maître, pendant que derrière ça joue très fort avec des bombes comme 99 Lives, Hollow Ground, DOA…seul bémol mais c’est une habitude, le pauvre Erlandsson derrière ses fûts donne l’impression d’être au bout de sa vie dès que le tempo s’accélère. Mais ça ne gâche aucunement le plaisir d’assister à ce bottage de culs dans les règles de l’art.

La pluie qui avait déjà un peu commencé s’intensifie, pendant qu’Extreme joue sur la grande scène (là aussi, la pertinence de les faire venir au Hellfest est très discutable) je décarre au parking pour aller récupérer mon coupe-vent imperméable. Puis une fois à ma voiture après 20 bonnes minutes de marche, je regarde le planning…Kataklysm je conchie ce groupe (musicalement et pour leur attitude, quand on a connu quelques coulisses de festivals…), Mass Hysteria c’est pas beaucoup mieux ça fait 30 ans que je les trouve surestimés, Nile je les ai vus à leur sommet en 2003 et chaque fois après était moins passionnante que la précédente.
On va abréger, je ne vais pas y passer la nuit : à la limite y a Bruce Dickinson qui pourrait m’intéresser, est-ce que ça justifie que je m’emmerde sous la pluie ? Nope, et pour la première fois en 17 éditions je me retrouve à me casser bien avant l’heure, faute de groupes intéressants sur plus de 6 heures.
Juste un mot pour Metallica : en 2022, j’en disais déjà que c’était beaucoup trop tard pour voir un grand concert de Metallica, et que c’était tout juste d’un niveau digne de ce qu’ils pouvaient proposer. Cette année je n’ai pas voulu assister à leur lente agonie scénique, et vu les quelques retours que j’en ai eus je n’ai vraiment rien loupé. Zéro regrets donc, et puis passer une nuit un minimum correct m’aura fait le plus grand bien.

DIMANCHE 30

Thron
Je me suis dit que l’édition de cette année n’était pas super riche en black/death, je suis donc allé me prendre ma dose avec eux. Et oh, la bonne idée que voilà ! J’ai fini par y passer tout le set, on ressentait pas mal l’influence Dissection par passages mais sans non plus ressortir la même chose entendue et réentendue depuis des années, ils ont leur propre touche et la prestation scénique est en plus relativement bonne. Ceux-là, je vais définitivement approfondir leur cas en rentrant chez moi. Du tout bon !

Simple Plan
Je n’ai pas grand-chose à dire de leur concert vu que c’est pas ma came,
je me repose encore une fois la question de la pertinence de leur présence sur l’affiche.
Reste que c’était une bande-son sympa pendant qu’on mangeait, voilà. Mais le point fort de ce concert, ça a été leur montée sur scène, parce que la musique d’intro n’était rien d’autre que le thème de Star Wars. Et rien que pour avoir permis d’entendre ça balancé à fond les ballons sur une mainstage du Hellfest, merci les gars !

The Black Dahlia Murder
Après une poignée de concerts anecdotiques (sachez juste que Shadow of Intent et Show Me The Body existent, et que c’est là leur principale qualité), on repart sur du plus sérieux. Et TBDM nous la fait à l’américaine, avec un show qui distribue des claques à qui en demande, et on est visiblement nombreux. Mais non content de juste se poser sur les rails de l’ultra-efficacité, le groupe propose aussi ce petit supplément d’âme qui fait qu’on est emporté et pas simplement spectateur distant. Je ne pense toujours pas m’écouter leurs albums en boucle, mais ce fut un vrai bon petit concert bien agréable, fait avec le métier et la manière.

Corey Taylor
Qu’on aime ou qu’on déteste Corey Taylor (ou qu’on s’en branle un peu, comme moi), impossible de nier que le mec est une bête de scène. Et il va une fois de plus le prouver : ce qu’il propose n’est musicalement pas du tout mon truc, ça reste un bruit de fond qui passe tout seul, mais il assure le show en permanence aussi bien au chant qu’à la guitare et toute la mainstage lui mange dans la main. Des frontmen de ce niveau, on n’en a pas tous les jours.

Batushka
…faut que je me fasse une raison et que j’arrête avec eux, je connais plein de gens au bon goût confirmé qui approuvent ce groupe, mais ça me laisse toujours de marbre. Encore une fois c’est pas mauvais, mais ça ne me parle absolument pas, et ça ne me parlera jamais.

††† (Crosses)
J’avais quitté Chino sur le premier vrai mauvais concert de Deftones ici même en 2022, mais je veux bien lui donner une nouvelle chance avec son projet électro.
Et j’ai eu bien raison : passé le choc de voir un Chino qui a perdu facile 15-20 kilos, lui aussi montre qu’il est monstrueux sur scène et qu’il pourrait être seul avec juste une bande-son que ce serait aussi intense. Et la musique électro avec très grosse guitare (qui sonnait ultra aggressive) marche à fond sur scène, je me régale.
Sauf que, vers la fin de la 4e chanson, le son en façade déconne, bourdonne, puis se coupe complètement – reste uniquement le son des retours de la scène. Dès la fin de la chanson un ingé va sur scène et prévient le groupe, qui part en coulisses. Je vous la fait courte : je suis parti après un quart d’heure et le son n’était toujours pas reparti…Et voilà, seul incident technique majeur don’t j’ai entendu parler de tout le fest, et il a fallu que ce soit sur un putain de bon concert découverte. BORDEL DE MERDE.

The Offspring
Eux aussi je les avais quittés en 2022, mais pas sur un mauvais concert : sur un concert honteux en tous points, et je m’étais bien noté de ne plus jamais m’approcher de cette merde. Mais voilà, Foo Fighters jouait juste après eux, donc fallait bien se placer très en avance…
Là aussi surprise quand le groupe se pointe, Chino n’est plus sponsorisé par Taco Bell et ça a visiblement inspiré Dexter qui lui a résilié son abonnement chez Dunkin’ Donuts. Et il faut reconnaitre que le concert, s’il était toujours indigne d’un groupe aussi haut sur l’affiche (et qui pour moi n’a toujours rien à foutre au Hellfest, mais passons), était au moins correct maintenant qu’ils avaient retiré la charrette que le groupe se traînait au cul.
Après, Dexter n’a toujours ni voix ni énergie, Noodles fait pas beaucoup mieux en plus d’avoir ses blagues nazes qui tombent à plat, seul le batteur se donne à la hauteur de l’évènement. Bref, je me suis bien fait chier en attendant le clou du spectacle.

Foo Fighters
Là aussi, je pourrais placer un “ce groupe n’a pas sa place au Hellfest”
sans être de trop mauvaise foi. Mais quand un groupe de cette rareté et de cette qualité passe enfin en France, on ferme bien sa gueule et on en profite. D’accord ? D’accord.
Et bordel, on en aura bien profité. Tout comme Robb et Chino plus tôt, niveau énergie la légende Dave Grohl aura mis la pétée à la quasi-totalité du fest, c’est un peu LA Rockstar ultime sur scène. Il y a des types qui sont nés pour être des extraterrestres dans leur domaine et qui donnent tout à chaque seconde, comme Michael Jordan ou Kobe Bryant pour le basket, ben pour le père Dave c’est la musique. Il chante il joue, il hurle, ça se donne à fond devant une foule même pas conquise mais amoureuse à ce stade, et je fais
partie du lot. Et si le reste du groupe est relativement transparent, on peut aussi noter la performance bluffante et tout autant en énergie du monstre Josh Freese à la batterie. Les hits s’enchaînent à une vitesse folle (Learn to Fly, Monkey Wrench, Breakout, My Hero, etc.) et personne ne voit le temps passer, d’autant que Dave aura vraiment aimé son concert ici (“Hellfest doesn’t look like hell to me, it looks more like heaven!”).
La fin arrive bien trop vite, et je coche une des dernières cases importantes qu’il me manquait jusque-là : voir Foo Fighters terminer un concert avec Everlong. Unique moment de magie sur ce fest, mais putain qu’il valait le coup.

Et maintenant qu’on est redescendus sur terre, on a un bilan à faire, parce qu’il y a des choses à dire.

La première, c’est la faiblesse relative de cette édition sur papier s’est plus que confirmée dans les faits. C’est pas difficile, c’est pour moi la plus mauvaise cuvée du Hellfest, ou alors au coude à coude avec 2013. Et, plus inquiétant, il n’y aura eu aucun scandale majeur sur scène (comme en 2022 surtout, mais pas que) donc ce n’est pas de la faute des groupes eux-mêmes, mais bien de la programmation.
La deuxième, c’est que la direction prise ces dernières années à faire venir des vieux sur scène qui n’ont plus rien à proposer (soit plus rien de nouveau, soit plus rien tout court) ou rien de metal montre de plus en plus ses limites. Les dernières années étaient fluctuantes, mais la tendance globale était quand même à une légère baisse de mon intérêt pour le Hellfest, en 2024 elle s’est accélérée un bon coup.
D’où la troisième chose à dire : si je vais essayer de toper mon pass pour le Hellfest 2025, je ne suis pour la première fois pas certain d’y aller au final, quitte à revendre mon pass au cas où. Et je vais plutôt me diriger vers le Brutal Assault, qui me fait de l’oeil depuis des années.

Maintenant, le Hellfest a toujours su jusque-là me donner envie de revenir, et dénicher quelques pépites qu’ils étaient seuls à proposer en France. Donc au final, la possibilité que je retourne en terre clissonaise pour l’été prochain est malgré tout bien réelle…on prend les paris ?
Indice : si Ulcerate y est convié, je le serai aussi.