C’est au Mans que l’édition 2004 du Fury Fest se déroule. Exit le hangar de Rezé, c’est le parc des expositions près du célèbre circuit des 24heures qui sera cette année pris d’assaut par une horde de chevelus en tout genre.
Résolument plus métal que l’an dernier, le cru 2004 du Fury Fest va laisser des traces… et pas que sur les corps. Plus grand (2 scènes), plus long (3 jours), plus ambitieux (70 groupes!) et surtout plus méchant (qui a dit que Dying Fetus ou bien Hatebreed faisaient de la musique de chambre ?). En bref, un festival des musiques extrêmes comme il manquait un dans notre beau pays.
Cette année le site compte 2 scènes ( la Velvet et la Mainstage). La première est une petite salle d’environ 1500 places qui a plus tenu de sauna géant (faisait au moins 45° là-dedans) que de la salle de spectacles climatisée. La seconde, beaucoup plus grande, fut le repaire des grosses pointures et des circle pit les plus méchants… et accessoirement l’endroit ou le volume sonore fut le plus élevé. Gros son de rigueur mais gros son de qualité.
Vendredi 25, début des hostilités.
Comity – Velvet
Le hardcore parisien se porte bien et la meilleure preuve qui soit est le set de Comity. Le hardcore chaotique n’étant pas une spécialité maison, j’ai sûrement du rater quelques subtilités à la chose, néanmoins, il faut reconnaître que c’est assez énorme tant visuellement que musicalement.
Grosse impression donc pour ce premier set.
Blood For Blood – Mainstage
On enchaîne ensuite avec Blood For Blood. Toujours hxc mais dans un registre un peu différent, là on fait dans la moshpart pure et dure. Set monstrueux d’efficacité et de hargne, le groupe tient son public et le fait remuer sur des chansons qui sont toutes plus ou moins reprises en choeur par ceux qui survivent au carnage du pit.
Bonne claque, au propre comme au figuré. La suite s’annonce bien 😉
Ignite – Mainstage
Voilà qu’entre en scène les « papys » du fest avec un set anthologique. Avec son style bien old school, Ignite se met dans la poche le public et le côté punkisant ultra mélodique régal les amateurs de bonne musique. Une sublime reprise de Sunday Bloody Sunday de U2 ponctuera le set de fort belle manière. Elle sera suivie par la non moins sublime Veteran qui acheva de ravir les fans.
Très grosse impression laisser par Ignite.
Born From Pain – Velvet
Le hardcore/métal des hollandais est toujours aussi efficace, la présence du groupe sur scène est toujours aussi impressionnante, et le chanteur fait toujours du camping à plat ventre sur les 2 premiers rangs de la fosse tandis que le coreux amateur de black métal se trouvant à la guitare tape des poses d’anthologie.
Un concert monumental qui restera comme l’un de plus marquants de ce premier jour.
The Haunted – Mainstage
HO MY FUCKING GOD !
Que ce fut court… mais que ce fut bon! Tuerie sans nom à tous les niveaux, la setlist était grandiose (manquait juste Shithead). Tout y est passé, DOA et même 99 qui s’avère être un carnage sans nom en live. Ajouter à celà un Peter Dolving très joueur auteur de la phrase culte du jour « looking at all those fine gentlemen, I wish I was a faget », tout ça sur un air détaché avant d’envoyé Bury Your Dead. A revoir de toute urgence.
Hatebreed – Mainstage
Ils n’étaient pas là l’an dernier, qu’à cela ne tienne, cette année ils sont bel et bien là et ils vont le faire savoir. Hatebreed est dans la place en mettant LA CLAQUE du jour. Moment d’anthologie musicale avec son énorme et puissance de feu incomparable. Tout y passera, de This Is Now à I Will Be Heard pour achever les survivants d’un pit qui restera dans les mémoires comme étant le plus destructeurs des 3 jours.
Un pur régal.
Testament – Mainstage
Attendu au virage, le set de Testament devait nous en foutre plein les mirettes. Pour le coup on en a eu plein les oreilles à cause d’un son approximatif et d’un Steve Smyth bourré comme un canard. Reste néanmoins Bostaph qui frappe comme un sourd, Chuck Billy pour occuper le terrain, « Metal Mike » pour les solos à faire pleurer un Eric Petersen dans le plâtre et Maître DiGiorggio pour la leçon de basse qui fut une fois de plus un des moments forts du concert avec une monstrueuse basse à 2 manches (ça vous fait rêver messieurs je me trompe ?).
Ce bon set, malheureusement raccourci pour de mystérieuses raisons, enverra à la trappe Into The Pit à mon plus grand regret. On est loin de la performance du Wacken 2003, mais dire que le concert fut mauvais serait mentir. Une petite faiblesse dirons nous.
Soulfly – Mainstage
Le concert de l’Olympia m’ayant plus ou moins réconcilié avec le groupe, j’appréhendais déjà moins les retrouvailles avec Cavalera et sa bande. C’est donc presque avec plaisir que je retrouve un Soulfly plus en forme que jamais qui déroule son excellent set devant un public conquis.
Ce que le concert de l’Olympia avait plus ou moins indiqué se confirme ici. Soulfly redevient une bête de scène et le line up est excellent. Rizzo et Burns sont vraiment à leurs places dans ce groupe et Maxou semble revivre. Il dirigea son concert de main de maître, bien secondé en cela par ses 3 acolytes qui ne regardèrent pas à la dépense. Soulfly a mis le feu qu’on se le dise.
Très grosse prestation de groupe. R.A.S. du côté de la setlist qui est une version raccourcie de celle de l’Olympia.
Samedi 26, round 2
Korum – Mainstage
Les groupes français et moi ça fait toujours deux. Le death de Korum me laisse de marbre, son côté hyper technique, voir même un peu déstructuré par moment est relativement déroutant. Il n’en demeure pas moins que le groupe est musicalement très impressionnant.
Bien mais pas transcendant.
Caliban – Mainstage
Le métalcore est un genre de très à la mode en ce moment et Caliban en est un des meilleurs représentants. Bien que le concert fut franchement bon. Je ne peux m’empêcher de leur trouver les mêmes faiblesses que sur album. Ca part très fort et ça redescend presque aussi vite que c’est monté, ensuite on a l’impression que ça tourne en rond. Bien qu’en relativement bonne forme compte tenu de leur planning de tournée, le groupe a semblé avoir du mal à tenir son public sur la fin du set. Dommage.
Dying Fetus – Mainstage
LA séance de tartinnage de tympans du fest. Ici on vous rabâche sans arrêt que Gene Hoglan est le plus grand batteur du monde et que celui de The Crown est un dieu vivant, ben maintenant on va ajouter celui de Dying Fetus qui dans la catégorie des « poètes » de la batterie en tiennent une sacrée couche.
Concert absolument monstrueux, ultra carré, hyper efficace et épuisant. Le death/grind poussé à cette intensité c’est, pour moi, du jamais vu et ça envoie de bûches mais attention…
Monstrueusement au point techniquement, « monstrueusement » présent scéniquement (quelle idée d’avoir un ours comme chanteur), Dying Fetus était le groupe à voir en cette belle après midi.
Funeral For A Friend – Mainstage
Chercher l’intrus… regardez qui joue avant et qui joue après, y’a rien qui vous choque ? En dehors de ce que je trouve être une erreur de placement dans l’ordre des groupes, Funeral nous a envoyé son emocore et ce fut un vrai bonheur. Groupe dynamique et chaleureux, il n’a malheureusement pas pu profiter à fond du temps qui lui était imparti car le public n’a pas totalement répondu présent, la faute justement à ce placement hasardeux dans le « running order » des groupes.
Quoiqu’il en soit je me suis régalé. A revoir (peut-être dans une salle plus petite).
The Dillinger Escape Plan – Mainstage
2 titres, c’est le temps qu’il m’a fallu pour être soûler. Totalement incompréhensible, la musique du groupe demande une très grande attention et quand on n’a pas la tête à voir des gusses se contorsionner et hurlant comme des putois, forcément…
Il n’en demeure pas moins qu’au niveau de la technique, c’est du lourd.
Définitivement pas ma tasse de thé
Throwdown – Velvet
Throwdown fait dans le hxc à mosh parts qui déboîtent. Du gros tough avec des gars qui gesticulent et sautent partout et un chanteur constamment affalé sur le premier rang du public. Son énorme, grosse présence scénique, grosse claque pour le public.
Excellent set, ça donne envie de les revoir dans d’autres conditions.
Killswitch Engage – Mainstage
N: Le spectacle comique du jour. Impossible de rester de marbre devant les pitreries d’Adam (qui par ailleurs se ballade en tongs avec un short de plagiste dans les coulisses). A côté de ça, le groupe donne tout ce qu’il a et… c’est la claque. Super efficace, KSE met tout le monde d’accord avec un set quasi parfait et des titres judicieusement choisis. Tout le monde s’en donne à cœur joie, sur scène comme dans le public. Un vrai régal.
Chimaira – Mainstage
Dieu nous est apparu.
100% carnage
100% efficace
100% hargneux
100% dynamique
100% métal
LE concert du fest.
Meshuggah – Mainstage
Dense, technique, complexe, peut-être même trop quand on est novice en matière de Meshuggah. Impossible de rester de marbre devant un tel déballage technique mais la compacité du tout rend la musique peu abordable pour ceux qui ne la connaisse pas. Difficile donc pour moi de juger de la prestation de Meshuggah. En tout cas les amateurs semblaient ravis bien qu’un peu critique quant au choix des titres joués ce soir.
Fear Factory – Mainstage
Dire que je les attendais est un doux euphémisme. 3 ans d’abstinence et d’attente dans l’espoir de les revoir en concert. Ben pour le coup, je me suis pris un bon taquet.
Sur la setlist, rien à dire, c’est du très très haut de gamme avec le retour de titres qui n’avaient plus connus les joies de la scène depuis 2001. Ce fut donc avec délectation que j’ai apprécié Dog Day Sunrise ou bien Zero Signal. Les grands classiques étaient bien entendu de la partie. Que serait un concert de Fear Factory sans Shock, Edgecrusher ou bien Demanufacture ? Cependant le bémol vient en fait de la prestation en elle même. Raymond ne semblait pas dans un grand jour vu le nombre de pains sur les 2 premiers titres. Burton fut quasi statique. Quant à la guitare, elle était presque absente, non pas que Christian faisait de la figuration mais la faute à un son pas bien régler du tout. Non en fait il manquait un petit je ne sais quoi qui nous aurait fait rentrer dedans à 100%. Un Dino Cazares peut-être ?
Dimanche 27, le bouquet final
Scarve – Mainstage
Alors là, payes ta claque ! Pfiouuu ça envoie du bois et pas qu’un peu. Les 2 chanteurs se complètent parfaitement, c’est ultra dynamique et la musique pourtant très dense sur disque paraît ici beaucoup plus simple sans perdre sa technicité. Une prestation excellente.
Dew Scented – Mainstage
Après le très linéaire concert du Wacken 2003, j’avoue avoir eu des appréhensions quant au set de Dew Scented. Bonne surprise ici puisque le tout c’est avéré être un peu moins linéaire que prévu, le groupe ayant gagné en efficacité live bien que sur la durée, certains défauts refassent leur apparition.
Nasum – Mainstage
Grind your mind, tel est le credo du groupe et on peut dire sans prendre trop de risque qu’il s’y tient plutôt bien. Mieszko a tenu son set de bout en bout et n‘a laissé aucun moment de répit au public. Enorme mais fatiguant à la longue.
Loudblast – Mainstage
Je vais certainement paraître méchant mais c’est à se demander comment ce groupe a pu devenir culte à ce point dans la scène française avec des prestations live aussi moyennes. C’est certes carré et efficace mais c’est statique – comme bon nombre de groupes de death d’ailleurs. Néanmoins les titres de Cross The Thresold (mon disque de Loudblast préféré) firent leur effet ce qui ne fut malheureusement pas le cas du reste de la setlist.
Bien mais pas transcendant.
Discharge – Mainstage
Heu… en dehors de The Possibility Of Life’s Destruction j’ai rien vu.
Agnostic Front – Mainstage
J’avoue n’avoir mis le nez dans la salle que pour Friend Or Foe (non même pas honte). En plus je suis pas fan.
Morbid Angel – Mainstage
Seconde séance de tartinnage intensif. Pas du tout mon genre mais quelle tarte ! Techniquement c’est bluffant (Sandoval is da man), visuellement c’est un truc de malades. Ce mythe du death métal m’a laissé sur le cul
Slipknot – Mainstage
Le scandale… oui vous avez bien lu : le scandale. Slipknot était là… avec un son PARFAIT (c’est suffisamment rare pour être signaler) et ces cons ont tout gâché. Les cons en question n’étant pas Slipknot mais le public du Fury.
Faisant preuve d’une intolérance assez incroyable, une bonne partie du public a perturbé le concert au lieu de simplement faire comme d’hab quand la musique ne plaît pas : partir. Pendant 2 jours ils l’ont fait, la ils restent juste pour foutre le souk et saboter ce que certains (dont moi) attendaient depuis 3 jours. Ce geste purement gratuit aurait pu être lourd de conséquences sur la suite des événements vu comment les choses se sont présentées au départ. Pour tout dire, le groupe est arrivé sur scène sous les hués du public (au cri de « slipknot enculés »), sans compter les projectiles divers et variés qui partaient direction de la scène. Il était bien entendu hors de question pour le groupe de tenir un set entier de cette manière. La setlist a donc été remanié en conséquence et raccourci au minimum syndical. Le groupe n’a cependant pas baissé les bras, Corey essayant de se mettre dans la poche la frange du public venu pour les voir. Peine perdue. De leur côté les autres membres du groupe se sont contentés pour leur part d’esquiver les projectiles et de répondre aux provocations avec moult gestes obscènes. Le clown frisant le pêtage de plombs au point de descendre de la scène pour aller chercher un mec qui l’avait visé.
Slipknot n’a donc joué qu’une petite heure au lieu des 90 minutes prévues et a assuré avec un minimum de classe un concert à risques qui pouvait dégénérer à tout instant.
Bravo messieurs.
Si ce n’est l’épisode désastreux du dernier soir, l’édition 2004 du Fury Fest a tenu toutes ses promesses. L’alléchante affiche regroupant à peu près tous les styles de musiques extrêmes a permis une rencontre pas forcément gagner d’avance entre tous.
Big Up à :
Anne Claire – « trop reloud ce planning »
Sarah – « j’ai perdu des journalistes »
KarineS – « encore toi ? »
Laurent – « HAAAAA Dying Fetus, enfin un vrai groupe! »
TD – « ‘tain je vois rien sont trop grands »
Ben – « quand je mets mes lunettes on dirait chester »
Eric – « non mais ils se sont trompés de couleurs sur les tshirts »
Martin – « ha si je suis un peu blasé… mais pas autant que lui »
Et à l’année prochaine !