En ce beau dimanche 2 décembre, les patrons du math-Metal étaient de passage à Paris avec dans leurs valises CB Murdoc (des compatriotes suédois) ainsi que les polonais de Decapitated pour un concert qui promettait d’envoyer des parpaings.
18h45, le noir se fait et CB Murdoc arrive sur scène devant une salle rempli au tier et un public pris au dépourvu car tout le monde s’attendait à patienter un bon moment avant que ça ne commence.
Bref, CB Murdoc c’est du Metal moderne, lorgnant méchamment vers Meshuggah pour les plans déstructurés les riffs syncopés et les guitares accordées trop bas. Enfin je parle des guitares… disons que c’est symbolique car à défaut de les avoir entendu on les a vu car le son du groupe était immonde. Basse, caisse claire et chant: voila tout ce qu’on entendait. Ha oui et de temps à autres le clavier faisait une apparition mais c’était plus pour signaler sa présence qu’autre chose. Quant à la prestation, elle fut honnête sans plus alors que pourtant, certains dans le groupe ont de la bouteille puisqu’ils ont officié dans le même groupe de Black. Bref pas convaincu.
Le premier morceau de bravoure de la soirée était Decapitated, le groupe de Death polonais le plus poisseux de l’histoire (entre les accidents et les décès ils ont pris cher) n’était pas venu pour faire de la figuration. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ont tenu leur rang parce que dans la catégorie des lanceurs de briques, ils se posent là.
Leur batteur est une machine, un foutu métronome qui envoie les blasts avec une vitesse peu commune et les copains ont le niveau. Donnant dans un death techos et brutal, Decapitated est bien plus efficace et prenant quand ils oublient un peu l’aspect technique pour se concentrer sur le groove. A noter que le son des polonais était sans commune mesure avec celui de CB Murdoc: d’une clarté et d’une netteté assez ahurissante.
Ne connaissant pas le groupe plus que ça, je ne m’étendrais pas sur la setlist, je dirais simplement que j’ai été agréablement surpris et ça m’a donné envie d’aller voir ce que ça valait sur album et que certainement à l’occaz, si je les croise en fest, j’irais y jeter un oeil.
Ce fut ensuite le tour de Meshuggah. A la base je ne suis pas fan plus que ça mais la curiosité prenant le dessus et surtout un vague souvenir de les avoir vu une fois au Fury Fest 2005 m’a poussé à venir prendre une bonne mandale en live. Parce que oui Meshuggah sur scène c’est éprouvant.
D’une parce que c’est sans artifice, les mecs arrivent et BOUM: ça attaque avec un mur sonore aussi massif et que précis. L’ingé son est aussi précis que les musiciens sur scène: c’était parfait. De deux parce que si le son est énorme, les lights le sont encore plus! L’ingé lumière est aussi cintré que les types qu’il accompagne sur scène, tout est calé au quart de poils et suivant les titres c’est synchro avec les guitares ou la batterie. Autant dire qu’un épileptique décède des le premier morceau. A noter aussi que tout l’éclairage se fait à contre jour des musiciens, on ne voit donc que leurs ombres et il nous faudra patienter une heure et profiter de la première pause du groupe pour voir leurs visages et entendre un mot autre que « merci ».
Comme je l’évoquais plus haut, le groupe arrive et attaque la falaise directement, sans chichi. Et il en va de même entre les morceaux! Pas de temps mort, le premier morceau fini on attaque le suivant dans la foulée. C’est donc un flot quasi ininterrompu de décibels qui nous assaillent pendant près d’une heure. Vu la densité de la musique et le niveau requis pour la jouer, tous les soirs, pendant une heure et demi je suis simplement sur le cul: ces mecs sont des mutants. D’un autre côté, ils sont assez statiques et font peu d’artifice, seul Jens Kidman fait l’albatros comme si il était habité par sa musique.
Etre habité par la musique, en fait c’est ça la solution. Au bout de quelques titres, je me suis rendu compte que rester concentrer tout du long allait être aussi physique que d’encaisser le mur de son constant qui nous percutait. La solution? Fermer les yeux et simplement profiter, se laisser pénétrer par le mur au lieu de lui résister ça là ça devient carrément mystique tellement on se laisse embarquer non seulement par la musique (aussi violente soit-elle) mais aussi par les jeux de lumières, qui dans ce cas, prennent alors tout leur sens.
Côté setlist, aucune variation par rapport au reste de la tournée. Enormément de titres de Koloss (Demiurge, The Hurt That Finds You First, I Am Colossus) et Obzen (Pravus, Combustion, Lethargica, Bleed) plus les grands classiques Rational Gaze, Futur Breed Machine etc.
1h30 et un rappel plus tard, c’est fini. D’un certain point de vue, je me suis dit « enfin » car je n’en pouvais plus mais d’un autre côté, je me dis que si j’avais eu une meilleure connaissance de leur disco, j’en aurais sans doute bien plus profiter. Quoiqu’il en soit Meshuggah sur scène c’est une expérience, une expérience pour connaisseurs néanmoins car le novice peut s’y emmerder. Mais quelle baffe!